Formé au Japon, Taku Sékine était passé par les plus grands maîtres de la gastronomie française avant d'ouvrir Dersou et le Cheval d'Or, deux adresses adulées par les fines gueules parisiennes. Un parcours frôlant la perfection jusqu'à l'apparition de lourdes rumeurs d'agressions sexuelles planant sur le jeune chef de 39 ans.
Des accusations d'aggressions sexuelles
" Tu es entré dans ma chambre, pendant que je dormais, tu as essayé de coucher avec moi et tu as commencé à m’agresser sexuellement. J’ai réussi à te faire sortir et tu es revenu après que je me suis endormie. Cette fois, il a fallu que je crie suffisamment fort ‘arrête !’ pour que la personne dans l’autre pièce t’attrape et te fasse sortir. » Tout commence cet été par la dénonciation sur instagram de l'agression sexuelle qu'une internaute aurait subie d'"un père et célèbre restaurateur", dont elle taira le nom.
Dans la foulée, le journal gastronomique en ligne Atabula publiait une grande enquête consacrée aux violences sexuelles en cuisine en s'abstenant de citer Taku Sékine qui n'avait toujours pas fait l'objet de plainte. Quelques semaines plus tard, le magazine web décide finalement de dévoiler l'identité du chef visé par les accusations; le nom de Taku Sékine - qui traînait déjà sur toutes les lèvres de la foodosphère - est lâché.
" Il y a quelques semaines, nous avons publié une longue enquête sur les violences sexuelles en cuisine, et que de nombreux noms ont été cités pendant les multiples entretiens menés. Un seul revenait sans cesse, avec des faits précis et graves. Ce nom lâché ne sortait donc pas de nulle part, il était le fruit d’un travail journalistique, avec des sources croisées. Peut-être aurions-nous dû publier son nom à ce moment-là. Mais tel n’a pas été mon choix, espérant peut-être que d’autres s’en chargeraient et que, surtout, cela pousserait les victimes à déposer plainte, un acte aussi difficile que salutaire." expliquait alors Atabula.
Et une grave dépression
" Les conditions de la mort de Taku SEKINE ne sont ni ordinaires ni accidentelles. Taku SEKINE a mis fin à ses jours, emporté par une grave dépression consécutive à sa mise en cause publique - sur les réseaux sociaux et sur un site spécialisé -, avec une récurrence s'apparentant à un véritable acharnement. Certains acteurs, notamment de la presse, ont sciemment, en quelques semaines et en l'absence totale de plainte, ruiné la réputation de Taku SEKINE.» dénonce le communiqué publié par sa compagne.
«Ces personnes mal intentionnées, bafouant toute déontologie et toute règle de respect de la présomption d'innocence, ont fait courir des ragots mensongers sur les réseaux sociaux et ont organisé une brutale campagne de destruction du réseau de Taku SEKINE, appelant chaque acteur du milieu de la gastronomie pour répandre des calomnies et les mettant en garde de travailler avec lui. Ils n'ont bien sûr jamais osé le contacter directement."
" Privé de son droit d'exercer son talent, Taku SEKINE, qui vivait pour la cuisine, s'est enfermé en l'espace de deux mois dans une violente spirale de dépression. Cette atteinte à son honneur et à son intégrité était profonde. Dans un processus dépressif identifié et connu des médecins, Taku SEKINE a perdu de vue comment il pouvait s'extraire de ce déferlement. Taku SEKINE n'a jamais été poursuivi ni fait l'objet d'aucune plainte. Il n'a pas davantage fui au Japon, contrairement à ce que le même média avait osé ajouter sans même accepter de modifier ce mensonge manifeste. Il est resté en France, auprès des siens, profondément éprouvé dans sa culture japonaise, irriguée de valeurs d'honneur. "
Atabula se défend
Sur son site, le média se défend : "À celles et ceux qui me reprochent d’avoir publié le nom de Taku Sekine, je ne peux que répéter que son nom était connu de toutes et tous. Et lui-même savait que son nom circulait dans ce monde aussi restreint que bavard que celui de la foodosphère, et ce bien en amont de nos articles. N’oublions pas qu’avant même que nous ne sortions son nom, un célèbre festival consacré à la jeune cuisine l’avait déjà déprogrammé et que Médiapart préparait une enquête consacrée au chef d’origine japonaise. Taku Sekine avait connaissance de ces éléments là. Voilà bien la preuve factuel qu’Atabula n’a rien « dévoilé » du tout ; le média n’a fait que son travail d’enquête et publié le nom d’un chef déjà catalogué et évincé par d’autres."
Franck Pinay-Rabaroust ajoute d'ailleurs "(...) qu’il règne toujours, en 2020, une omerta très importante dans le monde des cuisines." et déplore qu'"il n’y aura malheureusement pas de procès Taku Sekine."