Et de huit ! La cité Frugès Le Corbusier de Pessac est désormais classée au patrimoine mondial de l'UNESCO. Cette classification porte à huit le nombre de monuments classés en Gironde, en s'ajoutant à Saint-Emilion, au centre historique de Bordeaux, à la citadelle de Blaye, au circuit d'églises jalonnant le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, au Phare de Cordouan, et côté patrimoine naturel au Bassin de la Dordogne et à la Dune du Pilat.
Après plusieurs tentatives françaises malheureuses de faire classer au patrimoine mondial de l'UNESCO les réalisations hexagonales de Charles-Edouard Jeanneret, alias Le Corbusier, créateur mondialement reconnu qui a révolutionné l'architecture au tournant du XXe siècle, c'est chose faite ! Sur la Métropole, on se félicite de la présence dans le corpus de 17 batiments qui viennent d'être labellisés, dont 10 sur le territoire français, de la Cité Frugès de Pessac. Il s'agit d'une cité ouvrière pas comme les autres. Bâti entre 1924 et 1926 pour loger les populations besogneuses locales, ce lotissement met en œuvre les principes révolutionnaires qui ont fait la renommée du travail du Corbusier. Visionnaire, il pose les bases d'une architecture en avance sur son temps : fonctionnalité, dépouillement géométrique, circulation de la lumière dans des espaces plus ouverts.
Avec ce projet, aux implications techniques mais aussi sociales, Le Corbusier souhaite sortir le logement ouvrier de son image souvent misérabiliste. En collaboration avec Henry Frugès, industriel sucrier qui lui commande pour ses employés cette "cité-jardin" de 51 pavillons, ce sont six types de logements qui cohabiteront dans cet espace : des maisons "zig-zag", "quinconce", "jumelle", "gratte-ciel", "arcade" et "isolée". Elles ont en commun la particularité de faire une place importante à la lumière : les ouvertures y sont larges, les espaces de vie moins cloisonnés et les pièces plus vastes qu'à l'habitude pour laisser circuler librement les rayons du soleil. Elles ont aussi la particularité d'être munies de toits-terrasses, une constante dans l'œuvre corbuséenne, qui font du toit un véritable espace de vie supplémentaire en plein air. Des rudiments de chauffage central, les commodités d'une salle de bains avec eau courante, toutes ses nouveautés font de cette première réalisation d'envergure du créateur suisse le terrain d'une remarquable expérimentation.
L'ensemble de la cité est d'ailleurs inscrit depuis 40 ans à l'inventaire des sites pittoresques de Gironde, et la maison du 3, rue des Arcades, restaurée à l'identique, a été classée monument historique en 1980. Afin de sauvegarder davantage ce patrimoine, la municipalité pessacaise a acquis en 1983 l'une des maisons gratte-ciel et l'a ouverte à la visite. Elle accueille régulièrement des expositions temporaires, en lien avec les thématiques du design, de l'urbanisme ou des arts. Cette année, l'exposition Architecture et Espace Public y est présentée jusqu'au 30 août, dans le cadre de la Saison Le Corbusier. La nouvelle du classement de la Cité, longtemps espéré par les Pessacais, tombe donc à pic dans un calendrier d'événements qui célèbrent les 40 ans du classement aux sites pittoresques, validé en 1976, les 90 ans de la Cité, achevée en 1926 et la clotûre de l'année de commémoration des 50 ans de la mort de Le Corbusier, qui s'est éteint le 27 août 1965. Une belle façon d'honorer un patrimoine métropolitain remarquable et la mémoire d'un amoureux de notre région, qui réalisa aussi un lotissement à Lège-Cap Ferret, au cœur d'un Bassin d'Arcachon où il passa ses vacances pendant presque 20 ans (entre 1918 et 1936) et auquel il était très attaché.
Cité Frugès Le Corbusier - rues Henry Frugès, Xavier-Arnozan, Le Corbusier et des Arcades – Pessac
Maison municipale Frugès-Le Corbusier - 4, rue Le Corbusier - Pessac
Tél. : 05 56 36 56 46
Ouverte du mercredi au samedi de 10h à 13h et de 14h à 19h, le dimanche de 14h à 19h
Entrée libre, visite guidée toutes les heures