Notre système alimentaire actuel pousse la Terre au-delà de ses limites. Il est d’ailleurs responsable de 20 à 30 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales. Face aux changements climatiques, de nombreux Français optent donc pour une consommation plus locale. Mais selon une étude relayée par nos confrères de Mr Mondialisation, un jour sans viande serait plus efficace dans la lutte contre le réchauffement climatique que de consommer entièrement local. Explications.
La viande : aliment le plus polluant
Après avoir comparé les émissions de gaz à effet de serre de plusieurs productions alimentaires – de la ferme à l’assiette –, les deux chercheurs Joseph Poore et Thomas Nemecek expliquent qu’il vaut mieux bien choisir ses aliments plutôt que de se concentrer sur leur provenance. On pourrait penser que consommer local épargne la terre de plusieurs tonnes d’émissions carbone dues aux transports, pourtant, une très petite minorité d’aliments est expédiée par voie aérienne. Et ce n’est rien comparé à la chaîne de production alimentaire qui précède le convoi. Les aliments les plus polluants, qu’ils soient locaux ou non, sont sans aucun doute les produits animaliers, avec en tête de liste : l’élevage bovin.
Dans cette étude, les chercheurs ont examiné les données de plus de 38 000 exploitations commerciales dans 119 pays. Il s’agit d’ailleurs des données de la plus grande méta-analyse des systèmes alimentaires mondiaux à ce jour ! Nous pouvons y observer les émissions de GES de 29 produits alimentaire différents (du bœuf en haut aux noix en bas), mais également les étapes de la chaîne d’approvisionnement qui produisent le plus d'émissions. On peut donc remarquer que fournir un kilo de bœuf émet 60 kg de carbone contre 1 kg pour la même quantité en petit pois, soit 60 fois moins. La volaille et le porc ont une empreinte plus faible mais sont toujours plus élevés que la plupart des aliments d’origine végétale. Grosso modo, qu'elle soit locale ou non la viande est l’aliment le plus polluant. Un seul jour sans viande devient donc plus efficace dans la lutte contre le changement climatique que de manger entièrement local.
La consommation de viande en hausse
Depuis plusieurs années, de nombreuses études recommandent de réduire significativement notre consommation de viande. Et pour cause, cette dernière est passée de 23 kg par personne et par an en 1961 à 43 kg en 2012, soit presque le double. Sans oublier qu’il faut entre 3 et 8 kg de céréales pour produire 1 kg de viande, si bien qu’en Europe et aux États-Unis, 85 % des céréales cultivées servent à l’alimentation animale. Un chiffre qui fait froid dans le dos quand on sait que sur cette même surface, on peut produire 4 fois plus de nourriture végétale que de viande. Diminuer sa consommation de produits animaliers permet donc de couper toute la chaîne de pollution (sans parler de la souffrance animale causée par la surproduction).
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Consommer local reste primordial pour soutenir les petits producteurs consciencieux mais aussi l’écologie dans son ensemble. Une façon de consommer aussi louable soit-elle mais qui doit être remise en question par la composition de notre assiette. Il faut donc faire attention à la saison des aliments que nous consommons mais aussi au type de produits que l’on achète. Le végétarisme et le véganisme ne devraient plus être perçus comme une menace aux habitudes et aux traditions mais comme l’occasion de remettre en question nos modèles alimentaires et moderniser ces derniers. Parce que oui, préserver l’environnement et nourrir l’humanité, c’est possible. Mais pour y parvenir, il va falloir renoncer à certaines habitudes… À commencer par la surconsommation de viande.