« Laissez les 95% de connards crever […] Bonne chasse. » Ainsi se conclut le texte extrêmement violent publié ce lundi 8 juillet sur le site d’extrême droite Réseau Libre. Sont ciblé·es des élu·es de gauche et un avocat, une journée après le second tour des élections législatives et les joyeux résultats du NFP. Moins joyeux pour les fascistes au venin dans la plume.
Bordel c'est quoi ce délire ?
"le site d’extrême droite Réseau libre a publié un texte appelant à tuer quatre figures politiques de gauche (Manuel Bompard, Alexis Corbière, Rachel Keke et Ian Brossat) ainsi que l’avocat engagé contre les violences policières Yassine Bouzrou" pic.twitter.com/kQbqkpUV1s— .✩❀ Melina ❀✩. (@melinahime) July 8, 2024
Cinq personnalités à abattre
Explicite, précis, cet article constitue un appel direct à la haine et au meurtre. Parmi les victimes visées par l'auteur, inscrit sous le pseudonyme « Léon », quatre personnalités politiques de gauche : les députés Alexis Corbière et Manuel Bompard, le sénateur Ian Brossat et la député sortante Rachel Keke. Yassine Bouzrou, connu pour son engagement contre les violences policières, avocat de la famille de Nahel, est lui aussi mentionné. Plus grave encore, à côté des noms, Léon divulgue également les adresses.
Après avoir dressé une liste d'avocats "à éliminer", le site d'ultradroite "Réseau Libre" appelle au meurtre de plusieurs personnalités politiques de gauche en publiant leurs adresses.
— Random OSINT (@osint_random) July 8, 2024
Ce site doit être fermé de toute urgence, ce sont des dégénérés. pic.twitter.com/SQoZdh4k4v
Plus généralement, le billet appelle à attaquer « des cibles qui assument leur statut d’ennemi » : des « avocats, journalistes, associatifs et politicards de second ordre ». Tuer, oui, mais pour « se protéger », défend l’auteur, et pour ce faire, plusieurs méthodes possibles : « Arme à feu, couteau de cuisine, arbalète, voire un manche de pioche. » Celle du terrorisme n’est pas non plus écartée : Léon aurait un « immense plaisir » à voir des djihadistes commettre une attaque similaire à celle du Bataclan pour punir les Français·es favorables à l’immigration.
L’offensive se poursuit
La semaine dernière, Réseau Libre avait déjà scandalisé politiques et opinion publique en publiant une liste 98 avocats à tuer, auxquels l’auteur, cette fois enregistré sous le pseudo « Condor », reprochait d’avoir signé une tribune dans Marianne contre le RN. L’actuel ministre de la justice et ancien avocat pénaliste Éric Dupond-Moretti avait fermement condamné cette publication, écrivant sur X : « Ceux qui veulent la mort de nos libertés commencent toujours par s’en prendre aux avocats. Je ne les laisserai jamais faire. »
Je condamne avec la plus grande fermeté la publication par un site d’extrême-droite d’une liste d’ « avocats à éliminer ».
— Eric Dupond-Moretti (@E_DupondM) July 4, 2024
Ceux qui veulent la mort de nos libertés commencent toujours par s’en prendre aux avocats.
Je ne les laisserai jamais faire. https://t.co/nV2hGPiXXo pic.twitter.com/7lnG7J5kZg
Mais alors, d’où vient Réseau Libre ? Selon le quotidien Libération, c’est un site xénophobe hébergé en Russie et lié à un militant d’extrême droite que la France a échoué à faire extrader. Ce dernier serait impliqué dans des activités de harcèlement en ligne et aurait été mêlé à des planifications d’attentats contre la communauté musulmane.
Plusieurs plaintes déposées
Contactées par le quotidien, trois des cinq personnalités visées indiquent qu’elles saisiront la justice. « J’ai l’honneur d’être sur cette liste. Évidemment, je porte plainte », écrit le sénateur Ian Brosset sur X. Même fermeté pour Yassine Bouzrou, qui a porté plainte auprès du Parquet national antiterroriste. « Je reçois régulièrement des menaces de mort depuis plusieurs années, mais c’est la première fois qu’il y a mon adresse personnelle », a réagi l’avocat auprès du Parisien. Une enquête pouvant mener à la fermeture du site aurait ouverte par le pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH) et confiée au Service interdépartemental de la police judiciaire (SIPJ) des Yvelines.
Après avoir menacé des avocats, l’extrême-droite appelle à tuer des élus de gauche.
— Ian Brossat (@IanBrossat) July 8, 2024
J’ai l’honneur d’être sur cette liste.
Évidemment, je porte plainte. https://t.co/gozrF4P0qz