15 années de vie pour un label de musique indépendant. Plus qu'un record, au XXI e siècle, c'est un exploit. Quoi qu'à y regarder de plus près, celui de Talitres ne doit pas grand-chose au hasard. Un peu de flair et beaucoup de travail, qui, en dépit d'un marché du disque en pleine dépression, ont offert un parcours sans faute à ces petits artisants de la galette. Une longévité qu'ils fêteront comme il se doit, les 11 et 12 novembre prochains à Bordeaux !
Si on vous demande pourquoi vous aimez Bordeaux, vous citerez probablement la somptueuse architecture XVIIIe de ses bâtisses, sa situation géographique entre mer et montagnes et éventuellement, ses atouts gastronomiques. Plus rarement, vous mentionnerez sa richesse créative et artistique. Elle est pourtant là, partout autour de nous. Tellement présente que nous ne la voyons plus. Si d'art visuel il est souvent question du côté de la fabrique POLA, du FIFIB ou même des festivals de rue gratuits - Chahut, notamment -, des acteurs significatifs du monde de la musique furent également bercés par la quiétude de la belle endormie. Talitres est l'un d'eux. Il fête cette année ses 15 ans d’existence, une belle occasion pour nous, de s'attarder sur ce parcours singulier.
Car monter un label en 2001, en province de surcroît, se serait apparenté à une mission-suicide pour beaucoup. Clamer haut et fort qu'on souhaite privilégier les coups de cœur musicaux aux succès commerciaux relevait même de la folie douce, à une époque où l'atonie du marché musical faisait fermer un à un les acteurs indépendants. Et pourtant le résultat est là : 15 années d’existence, de très belles trouvailles à son actif mais surtout une reconnaissance unanime de ses pairs. Cette légitimité bien acquise, Sean Bouchard - qui a monté le label -, ne la doit qu'a son opiniâtreté. Car être un passionné ne suffit pas. Cet agronome de formation, arrivé à Bordeaux pour raison familiale, a conjugué sa capacité de travail à son oreille affûtée pour faire de la musique en général, et de l'indie rock en particulier, son gagne-pain.
Installé depuis plus de 10 ans dans un petit local mansardé qui domine la place de la Victoire, le label manager a opté pour une niche bien bornée ; le rock-folk anglo-saxon. Avec le premier groupe signé (Elk City en 2001) vient le premier succès commercial de Talitres. Libé, les Inrocks, la playlist de France Inter... les bons retours promotionnels s’enchaînent, permettant au petit indé de gagner ses galons. Et ce succès fait boule de neige. Au fil des artistes qui se greffent au catalogue, à l'image de The National (2003), Flotation Toy Warning (2004), François and the Atlas Mountains, le label gagne en crédibilité et étoffe son champ d'activités. A l'origine sous contrat de licence, la structure revêt, au gré des besoins, une casquette de tourneur, promoteur, et signe des contrats de distribution hors les frontières.
Un large spectre d'activités qui repose aujourd'hui sur les épaules de deux postes et demi. Si Talitres a mutualisé le poste administratif avec les deux autres labels qui partagent les locaux, Vicious Circle et Platinium, Sean a eu à cœur de conserver une structure à taille humaine. Un parcours singulier, à la longévité exemplaire... qui méritait bien d'être salué dignement. Et comme les deux gaillards sont plutôt généreux, ils partageront la soirée avec le public bordelais.
Pour ce faire : les artistes phares du label donneront vie, à Bordeaux, à une série d'évènements. François & The Atlas Mountains ouvriront le bal en mode sextet, pour interpréter leur album paru en 2009 chez Talitres Plaine Inondable, au Rocher de Palmer le vendredi 11 novembre, suivis sur scène par Stranded Horse et Will Samson. Le jour suivant, la librairie La Machine à Lire proposera un échange croisé entre Talitres et l’éditeur bordelais Monsieur Toussaint Louverture. Plus tard dans la nuit, le groupe russe Motorama, Emily Jane White et Flotation Toy Warning viendront célébrer la pérénité du label qui les a vu grandir, toujours au Rocher.
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