Si le spectacle des images nocturnes de Thomas Pesquet nous a subjugués, il met en lumière une réalité plus sombre : la France est trop éclairée la nuit. Bien que des progrès aient été faits depuis l’arrêté restrictif de 2013, L'APCEN range toujours Bordeaux à la plus mauvaise position...
Alors oui, éclairer les façades de nos vieux monuments la nuit, c'est joli. Mais en plus de ne pas être écolo, cela ne sert à rien ! Quatre ans après la première mesure de limitation des éclairages inutiles en milieu de nuit, l'APCEN, en charge nationale de la protection du ciel et de l’environnement nocturne, continue à traquer les mauvais élèves.
Pour ce faire, l'association a passé au crible les 13 grandes villes de France, avec des résultats plutôt hétérogènes, tant entre les villes qu'au sein des villes. Mais parmi toutes les agglomérations suivies par l'asso, c'est Bordeaux qui fait office de cancre, avec 70% de sites non conformes et 13% de sites partiellement conformes. Elle occupe donc la plus mauvaise place, suivie de Grenoble et Lille. Paris, pourtant flamboyante capitale, ne se range qu'à la 10e place.
Pour arriver à ces résultats, les vitrines, façades ou bureaux inoccupés ont été observés avant 1h du matin, et après. Les sites éteints sont donc conformes, les sites légèrement éclairés portent la mention partiellement conforme, et les bâtisses totalement éclairées sont donc taxées de non conforme. Et c'est sur ces dernières que notre cité se fait épingler.
Et pour cause, l’arrêté « relatif à l'éclairage nocturne des bâtiments non résidentiels » du 25 janvier 2013 est formel : les éclairages de façades des bâtiments, vitrines de magasins de commerce ou d’exposition et les éclairages intérieurs de locaux à usage professionnel doivent être éteints au plus tard à 1h, ou une heure après la fin de leur occupation.
Des risques !
Loin de vouloir remettre en cause la nécessite d'éclairer les lieux publics, les gendarmes de L'APCE entendent alerter sur les impacts négatifs de l'éclairage artificiel nocturne. « En une cinquantaine d'années, l’homme a bouleversé l'alternance du jour et de la nuit en développant de manière archaïque et disproportionnée l'éclairage artificiel : 11 millions de point lumineux pour le seul éclairage public en 2012, soit une augmentation de 94% de la lumière émise en 25 ans », souligne le communiqué.
Les conséquences sont considérables, autant sur le gaspillage énergétique et financier des communes (l'éclairage publique représente 42% de la consommation d'électricité, et se place en 2e position d'investissement), qu'en matière de respect de la vie. Si les 30 % des vertébrés et 60 % des invertébrés nocturnes sont pérturbés par ces excès de lumière artificielle, le corps humain et son horloge biologique le sont tout autant... Le rythme circadien ancestral s'en voit contrarié, et l'hypothèse d'une corrélation avec certaines formes de cancer aurait même été formulée...