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« On est beaucoup plus libre » : la mode du sans alcool gagne du terrain chez les jeunes

Publié le 5 février 2024 à 18h14

Modifié le 6 février 2024 à 13h01

par Lucie Guerra

« Pour n’importe quel micro-événement, on trinque. C’est fou quand on y pense », déplore Matilde, 32 ans, guide conférencière à Paris. Comme 52% des Français·es*, la jeune femme a drastiquement réduit sa consommation d’alcool et prévoit de poursuivre sur cette lancée dans les mois à venir. Une initiative impulsée par la lassitude d’un état physique et psychologique diminué que provoque la consommation de boissons alcoolisées. « Je ne supportais plus du tout les lendemains de soirée, l’état un peu dépressif que ça engendre. Je n’ai jamais été une grande buveuse, mais j’avais ce besoin en fin de semaine de m’enivrer, de tout lâcher », explique-t-elle.

À ses côtés, nombreux sont ceux qui se lancent, chaque mois de janvier, dans le Dry January, un défi d’origine britannique durant lequel on ne boit pas d’alcool pendant les 31 premiers jours de l’année. Mais dans un pays faisant partie des plus grands consommateurs d’alcool au monde, le sans alcool peut-il réellement s’imposer au point de devenir la nouvelle norme ?


Une culture de longue date

Selon les historiens, les premières consommations d’alcool peuvent être retracées en Chine à l’époque néolithique, vers 7000-6600 avant J.-C. Dans l'Hexagone, la consommation de boissons alcoolisées est ancrée dans la culture locale depuis de nombreux siècles, puisqu’« au XVIIIe siècle [déjà], le vin puis l’eau-de-vie sont consommés toute la journée » et considérés comme des boissons « réchauffantes et restaurantes », indique l’Inserm dans l’un de ses rapports.

Justement, évoquer la mode du sans alcool en France peut s’avérer périlleux. « Allez, juste un petit verre », « Tu bois pas ? T’es pas drôle », « Je te jure, on ne sent même pas l’alcool dans ce cocktail »... Ces phrases vues et revues que l’on a déjà tous·tes entendues voire dites, ont tendance à accompagner bon nombre de soirées. L’incitation à l’alcool se fait jeune et s’inscrit comme un marqueur social, un facteur de réussite, un critère de “coolitude”. « Souvent quand on sort, on a la pression de boire de peur d’être jugé·e », déclare Justine, 23 ans, coach sportive. Un sondage mené par OpinionWay pour la Ligue contre le cancer publié en décembre dernier a d’ailleurs montré que 70% des Français·es trouvent acceptable de faire goûter de l’alcool aux mineurs à Noël, tandis que 30% ne voient pas d’inconvénient à initier les jeunes de moins de 15 ans aux boissons alcoolisées.

Une boisson omniprésente dans la vie quotidienne

Plus qu’une boisson, l’alcool dépasse le statut du simple breuvage pour s’élever au rang d’acteur économique et culturel majeur dans l’Hexagone. En moyenne, les ménages français allouent un budget annuel de 20,7 milliards d’euros à l’alcool. En 2013, le secteur de la viticulture représentait à lui seul 15 milliards d’euros de chiffre d’affaires selon Alcool info service, auxquels s’ajoutent les nombreux milliards représentés par le commerce des spiritueux et de la bière.

À l’écran également, l’alcool joue un rôle de taille. Des multiples verres de whisky que descend Tommy Shelby dans la série Peaky Blinders à l’expérience loufoque à laquelle se livre Mads Mikkelsen dans Drunk, les films et séries dépeignent une image romantisée de l’alcool. On imagine alors que, comme Lily van der Woodsen, on sera élégant·e avec notre Martini, et son olive, bien sûr. Qu’un verre de vin rouge est de rigueur qu’importe les circonstances. Qu’entre potes, la bière doit couler à flots. Des œuvres de fiction certes, mais qui servent de modèles. « C’est terrifiant de voir à quel point ça se démocratise dans la culture populaire », déplore Matilde.

Et justement, 53% des Français·es n’ont pas le sentiment de prendre un risque en consommant de l’alcool. Sauf qu’entre 2018 et 2022, Vinci Autoroutes évalue le facteur “alcool, drogues et médicaments” comme la première cause d'accidents de la route mortels. Et chaque année, l’alcool est responsable de 41 000 décès et de 28 000 nouveaux cas de cancer, selon La ligue contre le cancer.

Le sans alcool gagne de l’ampleur

Pourtant, les mentalités évoluent et le sans alcool se fraye un chemin pérenne dans la société. Depuis les années 1960, la consommation des Français·es n’a fait que diminuer : en 1961, il fallait compter 26 litres d’alcool par habitant et par an, tandis qu’en 2017, ce chiffre s’élève à 11,7 litres. D’après le baromètre SoWine, 15% des citoyen·nes déclarent ne pas consommer d’alcool en 2023, dont 23% de 18-25 ans. « Le constat est flagrant : en 2018 encore, le sans alcool était vraiment rare, il y a eu une grosse évolution en 5 ans », remarque Éléna**, étudiante en psychologie.

Pour ce faire, les méthodes sont aussi diverses que les raisons. Si certain·es n’hésitent pas à faire du Dry January une véritable routine annuelle, les plus réticent·es se laissent tenter par le Damp January qui consiste à ne boire qu’aux événements importants et en quantités réduites. « En janvier de l’année dernière, je me suis dit que j’allais arrêter l’alcool le temps du mois de janvier et je n’ai jamais repris. Maintenant, même le goût de l’alcool dans les chocolats m’écœure », affirme Justine. Et les effets ne se font pas attendre : un état émotionnel plus stable, plus d’énergie, moins de fatigue, une peau plus lisse...


©Max Titov/Unsplash

Face à l’engouement grandissant pour le sans alcool, les bars et restaurants adaptent leur offre. Sur les menus, aux cocktails classiques s’ajoutent des alternatives voire des créations totalement innovantes. « On utilise une variété de thés dans nos cocktails sans alcool, ils sont plus doux et avec des arômes moins végétaux que les spiritueux non-alcoolisés », explique Oliver Eardley, chef barman au Ivy Cocktail Bar. Aux quatre coins de l’Hexagone et dans la capitale notamment, des bars 100% sans alcool émergent aussi. On y retrouve des “no/low”, ces vins, bières et même spiritueux au goût similaire que leurs homologues alcoolisés, mais avec un pourcentage d’alcool moindre, voire totalement absent.

D’ailleurs, la France s’inscrit comme l’un des premiers pays producteurs de vin désalcoolisé, aux côtés de l’Allemagne, de la Finlande et des Pays-Bas. Une tendance qui séduit de plus en plus les 18-24 ans qui le privilégient majoritairement à l’apéritif, en soirée ou lors de repas de célébrations, précise un rapport de l’Ifop publié en décembre 2022. « Ça s’inscrit dans une routine bénéfique. Ça prend du temps et ça ne vient pas sans effort mais le résultat est vraiment gratifiant », affirme Matilde. « En ne buvant plus, on ne laisse pas quelque chose d’autre impacter qui on est, on est beaucoup plus libre », complète Justine. Profiter avec plus de liberté, n’est-ce pas là la clé pour passer les meilleures des soirées, finalement ?


Pour aller plus loin :

- « Alcool : la France sans modération ? », un documentaire disponible sur Arte
Sans alcool, un ouvrage de Claire Touzard aux Éditions Flammarion
- Baptiste Mulliez « Pour arrêter durablement l’alcool, j’ai besoin de rituels rassurants dans ma vie », l’épisode 31 du podcast Vie au Carré, disponible sur toutes les plateformes d’écoute

(*) Enquête OPUS menée par CGA auprès de plus de 5000 consommateurs
(**) Le nom a été changé par souci d’anonymat

Alcool Info Service : 0 980 980 930
Drogue alcool tabac info service : 113

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