Pas la peine de faire un dessin. A Bordeaux, quand un mec demande un "pain au chocolat" à la boulangère, il est rapidement identifié comme un étranger. Cette particularité linguistique régionale est loin d’être isolée. C’est sans doute pour cette raison que Mathieu Avanzi, linguistique et chargé de recherche à l’Université Catholique de Louvain en Belgique, a fait un état des lieux de ces « exceptions régionales » en lançant une grande enquête en ligne. Alors, tu dis quoi toi ?
Ce cher monsieur segmente depuis 2015 la France grâce à une question en apparence très simple « comment appelez-vous le bâtonnet de bois contenant une mine, dont on se sert pour écrire sur du papier, et que l’on peut gommer » ? Les 12 000 européens francophones (cela va de soi) ayant répondu sur Internet avaient cinq choix différents : crayon / crayons à papier / crayon de bois / crayon de papier / crayon gris (quoi ??). A partir de ces réponses, Mathieu a donc pris un crayon (ou un stylet d’ailleurs, l’histoire ne donne pas tous les détails) pour dessiner une carte de l’Hexagone.
Et là, quelle surprise ! La majorité des internautes sondés ne répondent pas « crayon de papier » comme j’aurai pu le faire, de manière très personnelle je vous l’accorde, mais « crayon à papier ».
Dans la même veine, Mathieu Avanzi géolocalise les personnes qui utilisent « dîner » pour parler du déjeuner, les variations des mots « poches », « sac » ou « cornets », la façon dont chacun prononce « moins » et « vingt », sans oublier le combat "chocolatine" VS "pain au chocolat".
Les internautes devaient par ailleurs choisir entre « pain au chocolat », « chocolatine« , « pain au chocolat« , « couque au chocolat » (??) , « croissant au chocolat » , « petit pain » et « petit pain au chocolat » (il est mignon celui-là). Les réponses de plus de 10 000 participants ont été analysées, et cartographiées. Sans surprise, c’est l’Ouest de la France et particulièrement de Sud Ouest qui remporte la palme de la « chocolatine ».
Bref, vous l’aurez compris, personne ne parle de la même façon en France et chacun conserve ces spécialités régionales avec ferveur. Tant mieux d’ailleurs, sinon on s’ennuierait pas mal dans la queue à la boulangerie !