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Selon cette étude, les Français·es font moins, mais mieux, l’amour

Publié le 20 novembre 2024 à 14h00

Modifié le 20 novembre 2024 à 14h23

par Flora Gendrault

À quoi ressemble la sexualité des Français·es ? A-t-elle évolué de manière notoire depuis vingt ans ? C’est ce à quoi ont tenté de répondre un large panel de scientifiques issu·es de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) dans une enquête intitulée Contexte des sexualités en France, présentée ce mercredi 13 novembre au grand public après cinq années de travail.

Celle-ci dresse un état des lieux des pratiques, relations et représentations sexuelles des Français·es. Elle s’appuie sur des interrogatoires menés par téléphone et sur Internet auprès de 31 518 personnes âgées de 15 à 89 ans, résidant en France hexagonale (pour 21 259 d’entre elleux) et dans quatre territoires ultramarins : la Martinique, la Guadeloupe, la Réunion et la Guyane (10 259 personnes au total).   


Attendre pour coucher, et prendre son pied 

Premier constat de cette recherche : les Français·es semblent s'adonner moins fréquemment au sexe. Même si la très grande majorité de la population a eu une activité sexuelle dans l’année, y compris chez les seniors, tous les indicateurs sont en baisse. En 1992, 86,4% des femmes entre 18 et 69 ans avaient eu des rapports sexuels au cours de l’année écoulée, contre 77,2% en 2023, soit presque 10% de moins. Chez les hommes on passe de 92,1% en 1992 à 81,6% en 2023. On note que la baisse est moins marquée chez les personnes vivant en couple.

Autre résultat : les Français·es découvrent les joies de la sexualité plus tard que l’ancienne génération. Entre le début des années 60 et le début des années 2000, l’âge médian au premier rapport avait augmenté de trois ans pour les femmes (20,1 ans contre 17,3 ans) et d’un an et demi pour les hommes (18,8 ans contre 17,3 ans). Cette tendance s’est inversée à partir de la fin des années 2010 : les femmes font désormais leur première fois à 18,2 ans en moyenne, contre 17,7 ans pour les hommes. 

Cette tendance a-t-elle à voir avec la pudeur ? Au contraire, puisque si les Français·es attendent davantage pour consommer l’acte, iels explorent davantage la diversité de pratiques sexuelles qui s’offrent à elleux : c’est ce que les scientifiques appellent le « paradoxe contemporain de la sexualité ». La pratique de la fellation et du cunnilingus augmente, pour les femmes et pour les hommes, tout comme celle de la pénétration anale, en augmentation chez les femmes (38,9% en 2023 contre 23,4% en 1992) comme chez les hommes (57,4% en 2023 contre 26,9% en 1992). La satisfaction sexuelle s’en voit légèrement bonifiée, tant pour les femmes (45,3% en 2023 contre 43,6% en 2006) que chez les hommes (39% en 2023 contre 35,1% en 2006).

L’étude aborde également la question du nombre de partenaires, en hausse chez les deux genres : les femmes passent de 3,4 partenaires au cours de leur vie en moyenne en 1992 à 7,9 en 2023. Les hommes, ces coureurs de jupon, creusent l’écart avec 16,4 partenaires en moyenne, contre 11,9 en 2006. Environ 9% des femmes et des hommes déclarent avoir eu une relation avec un·e partenaire du même genre, un chiffre en nette hausse. 


Une hausse des violences sexuelles 

L'enquête révèle également une augmentation des violences sexuelles, surtout envers les femmes. En 2023, 29,8% des femmes de 18 à 69 ans ont déclaré avoir subi une relation sexuelle forcée ou une tentative, contre 15,9% en 2006. Chez les hommes, ce taux est passé de 4,6% en 2006 à 8,7% en 2023. Selon Nathalie Bajos, sociologue et directrice de recherche à l’Inserm interrogée par le Huffpost, « Le mouvement #MeToo n’a pas provoqué d’explosion dans les déclarations de violence, mais change les cadres normatifs du consentement sexuel, et s’inscrit dans le long terme ».


Un sujet de recherche encore marginal 

Alors que parler sexe, pratiques et protections est de moins en moins tabou dans l’espace public, du côté de la recherche, le traitement de ces thématiques semble encore marginal. Lorsque l’on se porte sur la documentation scientifique, il apparaît que cette recherche n’est que la quatrième du genre. Le rapport précise qu’une première a été menée en 1970 auprès de 2 600 personne, suivie en 1992 de l’enquête Analyse des comportements sexuels en France, dont le nombre d’enquêté·es avait été multiplié par 10 pour atteindre 20 000 personnes. 

Plus frappant encore, le premier volet de l’étude Contexte des sexualités en France a été réalisé en 2006 : il aura fallu attendre 18 ans pour que les résultats soient actualisés, dans le rapport ici décrypté. Le sujet de la sexualité reste donc encore largement sous-traité, alors que la production d’études est essentielle afin de saisir l’impact des transformations de la société – qu’elles soient sociales, économiques, technologiques – sur les rapports charnels des Français·es. 

Toutefois, on peut se réjouir d’une représentativité jamais atteinte jusqu’alors : l’enquête se base sur le témoignage d'environ 31 000 enquêté·es, un record d'échantillon pour ce type de rapport, âgé·es de 15 à 89 ans, contre 18 à 69 ans dans les enquêtes précédentes.

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