Un tiers de la production alimentaire du monde se perd sur le chemin reliant le producteur au consommateur. Un constat alarmant qui encourage les idées anti-gaspillages. Dans la région lyonnaise, Soizic Ozbolt s’attaque aux fruits invendus pour les changer en bonbons. Après un processus de fabrication artisanal, les Fwee régalent nos papilles.
Le gaspillage, cette délicieuse sucrerie ! Non, cette affirmation n’essaie pas volontairement d’attirer votre haine, elle annonce simplement une énième belle initiative. Chaque année, 12% des fruits et légumes produits en France sont perdus car invendus ou non-conformes. D’après une étude du Cabinet Gressard, ça donne 336 000 tonnes de fruits qui partent à la déchetterie. Et encore, ça n’est pas grand chose… Car au niveau européen, 45% des fruits finissent dans les choux. Ca fait pas rire les mouettes et encore moins Soizic Ozbolt.
En juin 2015, la jeune lyonnaise de 31 ans fonde la société Maydine et part à la chasse au gaspillage. Son idée ? Récupérer les surplus et invendus agricoles auprès des exploitants de la région pour les transformer en de succulentes friandises. Leur nom : Fwee ("fruit" en créole). Ces sortes de tagliatelles de pâte de fruits sont le résultat d’un astucieux processus de fabrication réglé comme du papier à musique.
10 kilos de fruits pour 1 kilo de Fwee
Lavés, les fruits sont ensuite épluchés et mixés à la main. La purée obtenue est alors étalée sur plaques et enfournée dans un déshydrateur. Et le tour est joué sans colorant ni sucres ajoutés. "Durant 8 heures, l'eau va ainsi s'évaporer de la purée ce qui va permettre d'aboutir à ce qu'on appelle le cuir de fruits", précise l’entrepreneuse au Figaro. Car le bonbon écolo se mérite : certains fruits, comme la pomme, contiennent plus de 80% d’eau. C’est pourquoi "il faut tout de même 10 kilos de fruits pour fabriquer 1 kilo de Fwee". Mais quand il s’agit de fruits voués à leur perte, on ne compte plus.
Fière de son petit commerce, Soizic Ozbolt réalise la majorité de ses ventes via Internet. Qu’il s’agisse de pommes, de cerises, d’abricots ou encore de kiwis, tous s’écoulent sous forme de petits sachets de 300 grammes facturés 2,50 €. Et le phénomène commence à envahir la capitale des Gaules. Deux boutiques du centre-ville proposent déjà les sucreries : Le Moulin à Salades et TUBA Café.
Comme souvent, l’idée géniale s’est développée dans l’esprit de Soizic Ozbolt au fil de ses voyages. Après des séjours humanitaires en Irak et en Jordanie, la baroudeuse a fait mûrir son projet jusqu’à l’an passé. Depuis, elle s’acharne à valoriser les invendus agricoles. "Il y a énormément de pertes chez les producteurs, entre les fruits qui tombent au pied de l’arbre, ceux qui ne sont pas calibrés donc invendables, et encore trop peu de solutions existent pour les transformer", soupire la maman du projet.
Objectif : transformer 200 tonnes de fruits par an
Pour réduire toutes ces infamies, Soizic ne chôme pas. Pour l’heure, elle collabore avec plusieurs exploitations régionales pratiquant l'agriculture biologique, en cours de conversion vers l'agriculture biologique ou l'agriculture raisonnée. "Dans l'immédiat, les agriculteurs me donnent leurs surplus, explique la trentenaire. Mais je souhaite également, à terme, les rémunérer pour des produits, comme la cerise, pour qu'ils cueillent les fruits les plus mûrs".
Une ambition débordante qui fait plaisir à lire et qui ne s’arrête pas là. "L'objectif est de transformer 200 tonnes de fruits par an", rêve Soizic. Un objectif qui ne sera atteignable qu’avec un déshydrateur professionnel. Et cet ustensile coûte bonbon... Pour cette raison, l’entrepreneuse a surfé sur la vague du crowdfunding en lançant sa campagne. En 25 petits jours, les 13 000 € attendus ont été dépassés. De quoi créer de nouveaux ateliers de transformation à proximité des exploitations. En plein essor, l’activité devrait permettre à Soizic Ozbolt de gagner sa vie d’ici peu. Une ascension fulgurante. Soizic Usain Ozbolt.
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