Le long du quai Saint-Antoine, la scène est presque irréelle. Là où s'étendaient jadis des dizaines d'étals débordant de fruits juteux, de fromages affinés et de volailles dorées, seuls quelques marchands s'affairent, un brin désabusés. En matinées de semaine, le marché, pourtant l’un des plus emblématiques de Lyon, semble avoir perdu de sa superbe.
Un déclin visible à l'œil nu
Il fut un temps où le marché Saint-Antoine était une véritable ruche, attirant restaurateurs, habitants du quartier et clients venus de toute la métropole pour remplir leurs paniers de produits frais. Mais depuis quelques années, la dynamique s’essouffle, notamment en semaine, et les bancs désertés se multiplient. Pascal Borde, primeur installé ici depuis 45 ans, résume la situation d’un ton amer pour France 3 Auvergne-Rhône-Alpes : « Depuis cinq ans, c'est la catastrophe. La circulation est devenue un enfer, le stationnement impossible. Résultat, les clients venus de loin ne viennent plus, et nous, on trinque. » Comme lui, nombreux sont les commerçants à voir leur chiffre d’affaires fondre comme neige au soleil.
Un cercle vicieux qui s'auto-entretient
Moins de clients, moins de marchands. Moins de marchands, moins de clients. C’est l’effet domino pour de nombreux commerçants du marché pour qui venir s’installer en semaine ne vaut plus le coup. Les clients fidèles, eux aussi, constatent la chute devant les moins de dix étals désormais présents. Si le week-end permet encore de sauver les apparences, la tendance est inquiétante.
Une municipalité en retrait ?
Face à ce déclin, les forains espèrent un geste des pouvoirs publics. Anne-Sophie Condemine, élue du 2e arrondissement, déplore un manque de soutien de la mairie : « La Ville doit accompagner les commerçants, or aujourd’hui, elle ne fait rien. » De son côté, la municipalité rappelle l’existence d’un parking de 800 places à proximité. Un argument qui fait sourire (jaune) les habitués du marché, bien conscients que sortir du parking relève souvent du parcours du combattant, entre feux rouges et trafic saturé.
En attendant une issue, les commerçants continuent tant bien que mal à installer leurs étals, espérant que le marché retrouve un jour sa splendeur passée. Après tout, Saint Antoine est le patron des causes perdues. Peut-être pourra-t-il aussi aider les marchands à retrouver leurs clients.
Source : France 3 Auvergne-Rhône-Alpes