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On a trouvé ce qui nous attire chez l'autre

Publié le 20 juin 2017 à 11h53

Modifié le 4 mars 2019 à 07h11

par La Rédac'

Nicolas Guegen est professeur des universités en psychologie sociale et sciences cognitives à l'Université Bretagne Sud. Il a mené une analyse qui va mettre un pied dans la fourmilière idéaliste. L'amour n'est pas spontané. Tout se décode. Dans son étude concernant la psychologie de la séduction, il s'intéresse à ce qui nous pousse inexorablement dans les bras de l'autre. Et ce n'est définitivement pas un doux concours de circonstances romantiques et plaisant à raconter à vos amis. Décryptage. 


Convaincus que votre idylle est le fruit d'une magique source de hasards ? Ecoutez cela : vous vous fourvoyez grandement. En fait, vous vivez dans le mensonge, dans une espèce de mythe romantique has-been et infantile. L'amour, l'attirance et le désir ne sont qu'un ensemble terne et sans saveur de chiffres. Les premières secondes de la rencontre, déjà. Elles seraient déterminantes. Elles peuvent être répulsives comme haute source de désir. Pourquoi ? Parce qu'elles créent le rejet - un rejet mental qui s'appuie sur votre surmoi, l'ensemble de votre structure morale.

Vous n'aimez pas l'autre car c'est lui. Vous l'aimez car il correspond à votre listing inconscient personnel. Facteurs sociaux, physiques et projections aussi convenues que peu originales, voilà de quoi il est composé. 

Rares ne sont pas les niaises personnes à affirmer qu'elles ne sauraient définir ce qui leur a plu chez l'autre. Faux. Faux. Archi-faux. Tout a un sens. Même vos rollers ridicules aux pieds... Nicolas Guegen évoque une première étude. Elle montre que porter un objet différenciatif sur soi (rollers pour les filles, donc, par exemple) inspire plus le désir que si la personne était affublée d'une tenue totalement neutre. La guitare portée par un garçon, par exemple, est également une des premières sources inconscientes de fantasme. Premier coup de pied dans la fourmilière de la passion spontanée, donc.

Vous pensiez que l'amour dépassait les frontières et toutes sortes de critères ? Non. Encore non. Le professeur d'Université en psychologie sociale précise même qu'il est plus facile de prédire la formation d'un couple en fonction de sa classe sociale que d'anticiper la grippe de quelqu'un. Pire qu'une histoire de dispositions personnelles, votre relation est donc liée à des prédispositions qui ne dépendent pas de vous mais de votre condition - qui dépend donc même d'avant votre naissance

Rencontrer l'amour dépend aussi de votre désir de ne pas vous retrouver seul. Après minuit, oublié l'adage "mieux vaut être seul que mal accompagné". Des sociologues se sont rendus dans un bar. Ils ont demandé à des hommes, à 20h30, de mettre une note aux femmes qu'ils voyaient, de 1 à 10. La plupart donnait une note inférieure ou égale à 6. Après 23h, même question. La note avait considérablement augmenté : presque que des notes supérieures à 6/10. Enfin, après 00h30, la note donnée était largement supérieure à 7. Tristes méfaits de l'alcool, trouble inconsidéré de la vue et de la notion esthétique, nous contredirez-vous. Eh bien non. Le test a été effectué sur des hommes préalablement soumis à l'éthylotest. Tous étaient sobres. Tous étaient simplement appeurés de finir la soirée seuls. Tous avaient donc revu leurs exigences à la baisse

Concernant les exigences physiques, l'enquête n'est guère plus flatteuse. Elle prouve (encore une fois) que rien d'une parole dédounaée de toute intention superficielle et non-esthético-centrée n'est sincère. Une enquête américaine est effectuée tous les cinq ans depuis 1939. Elle s'applique à savoir si les critères amoureux changent au fil des années. Et, évidemment, c'est le cas. Par exemple, la santé était un critère primordial lors du siècle passé. Elle n'est maintenant que reléguée au rang de triste 5e. La chasteté, elle, était en 10e position en 1940. Elle est passée en dernière position en 1996 et est remontée quelque peu ces derniers temps. Enfin, sans surprise, l'apparence physique a pris une place primordiale dans le top 5 des critères alors qu'elle n'était que peu évoquée dans les années 40-50.

Les codes non-verbaux sont également loin d'être des élèments neutres. Pour preuve, une expérience réalisée dans un bar a mis en scène une jeune fille un peu gauche. Elle faisait en sorte de ne pas parvenir à remettre une de ses clefs sur l'anneau de son trousseau. Afin de quémander une précieuse aide, donc, elle se rendait vers des jeunes garçons succeptibles de l'aider. « Excusez-moi, pouvez-vous remettre cette clef sur son trousseau s'il vous plaît ? », demandait-elle. Lorsque le sauveur avait réalisé sa tâche, elle touchait ses doigts en récupérant le trousseau. L'étude prouvait que le garçon, quand il avait été touché, revenait presque automatiquement reparler à la fille. Le contact génère l'envie d'autre contact.

Et, puisque tout n'est que morose refrain de circonstances, même l'actualité nous influence. Nicolas Guegen explique que depuis les attentats de Paris, le choix du compagnon ou de la compagne est - aussi - influencé par les mauvaises nouvelles. Les choix intra-communautaires, sont, depuis, plus fréquents. Les critères selon les conditions religieuses avaient baissé mais se renforcent aujourd'hui.

Enfin, une étude (Shackelford, Schmitt et Buss) a été faite auprès de 4 449 hommes et 5 310 femmes de 17 à 30 ans sur plus de 37 cultures différentes, dont la France, la Turquie, les Etats-Unis et la Suède. Elle s'est appliquée à évaluer les caractéristiques que le compagnon devrait posséder. Le statut des ressources, la beauté, la santé, l'éducation et l'intelligence regroupent à eux seuls 80% des critères. Tous pays confondus. 

Non, l'attirance amoureuse n'est donc pas quelque chose de magique, d'insaisissable et d'instantané. La dopamine sécrétée par votre cerveau amouraché est la conséquences de tout un ensemble de codes dont vous n'êtes absolument pas maîtres. Loin d'être les codes du jeu de l'amour et du hasard, ils sont ceux du niveau social et de la tête du client - résultats de votre aliénation à la société occidentale contemporaine, de votre superficialité, aux normes et aux diktats que vous vous imposez et que vous imposez, de surcroît, à votre potentiel âme sœur.

Le quelque chose de magique, c'est ce que votre mère vous racontait. Votre mère aimait les Disney

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La majorité des Lyonnais favorable à la fermeture du zoo du parc de la Tête d'Or selon une étude

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par Antoine Lebrun

Pendant longtemps, le zoo du parc de la Tête d’Or a été considéré comme un incontournable du patrimoine lyonnais, un lieu où les familles viennent observer lions, girafes et singes au cœur de la ville. Mais à en croire une étude inédite réalisée par l’IFOP pour l'association de défense des animaux Paz, cette image est en train de vaciller. 56 % des habitants de Lyon se disent favorables à sa fermeture, estimant que les animaux y vivent dans des conditions inadaptées.

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Les résultats sont sans appel : 54 % des Lyonnais pensent que les animaux du zoo ne sont pas heureux. Un sentiment encore plus marqué chez les jeunes générations, avec 70 % des 18-24 ans et 66 % des 25-34 ans qui prônent une fermeture et un transfert des animaux vers des sanctuaires plus spacieux. Chez les électeurs de Grégory Doucet, 78 % soutiennent cette idée, preuve que la question animale devient un sujet politique majeur.

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L’attachement au zoo semble également s’effriter chez ceux qui le fréquentent. Parmi les visiteurs de l’année écoulée, 50 % estiment que les animaux ne s’y épanouissent pas et 53 % soutiennent la fermeture. Autre donnée intéressante : la parentalité n’influence pas significativement l’opinion, avec 53 % des parents d’enfants de moins de 15 ans favorables à une fermeture, contre 57 % chez les autres.

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La question pourrait bien peser dans les urnes en 2026. 58 % des sondés affirment que la condition animale influencera leur vote aux prochaines municipales, un chiffre qui grimpe à 71 % chez les électeurs de Grégory Doucet. La pression est donc plus forte que jamais pour la mairie de Lyon, qui ne pourra plus ignorer cette évolution des mentalités.


L'étude complète


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