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Révolutionner le célibat : rester seul, le nouveau cool ?

undefined undefined 9 février 2023 undefined 15h53

undefined undefined 13 février 2023 undefined 06h13

Sarah Leris

Et si la clé du bonheur résidait dans le célibat ? Ils et elles sont de plus en plus nombreux.ses à le penser. Selon l’INSEE, la France compterait au moins 18 millions de célibataires, mais plus question aujourd’hui de faire perdurer l’image de la vieille fille seule avec ses chats. Aller au resto seul.e n’est plus effrayant, l’indépendance n’a jamais eu autant le vent en poupe, être carriériste n’est plus une honte, on économise de l’énergie et de la charge mentale… Désormais, on apprend à se privilégier.

Rupture douloureuse, événement traumatique, dépendance affective ou simple besoin et envie, les raisons du célibat peuvent être nombreuses. Nina, 25 ans, chargée de communication, a arrêté de relationner il y a un an et demi après de trop nombreuses situations de dépendance affective. Elle a compris qu’elle devait sortir de ce schéma : aujourd’hui, dans un couple, on en demande trop à l’autre. Pour Marie Kock, autrice de Vieille Fille interviewée par Judith Duportail dans son podcast On peut plus rien dire, pour être heureux célibataire, « il faut accepter de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. On demande tellement de choses au couple, d’être le lieu de l’émerveillement, de l’amour, de la sécurité financière, de la construction du patrimoine… Personne ne peut faire ça ! Il faut accepter qu’on n’appartient pas à quelqu’un en particulier, que personne ne nous appartient, et qu’on ne peut pas tout demander aux gens. C’est le meilleur moyen d’être véritablement satisfait ».

Célibataire, libre et fier·e

Et si l’on sortait du schéma du dating tel qu’on le connaît ? « Rencontrer quelqu’un via une appli, puis autour d’un café, discuter quelques heures avant de repartir et se demander si on aura de ses nouvelles un jour, ça ne m’intéressait plus », analyse Lisa, qui a arrêté les relations avec les hommes depuis un an. Libérée de la pression sociale à se caser, elle part depuis seule en vacances ou invite ses copines. Et si elle veut des fleurs, comme Miley, elle se les offre. « Autour de moi, de plus en plus d’ami.e.s font des trucs considérés “de couple” simplement entre potes. Qui a dit qu’il fallait être amoureux pour passer un week-end à la campagne, se faire plaisir dans un resto étoilé ou pour bruncher en tête-à-tête ? » C’est le concept de la single revolution pensé par l’autrice américaine Shani Silver, qui milite pour se débarrasser des stigmates liés à notre situation amoureuse. Également invitée dans le podcast de Judith Duportail*, elle analyse le célibat des femmes comme quelque chose d’effrayant pour la société : « le patriarcat veut qu’on soit rangées dans des petites boîtes pas difficiles à comprendre et qu’on ne fasse pas de vagues ».

Grandir, finir ses études, trouver un job… Vous avez la suite ? Bingo : se marier. Pour Shani Silver, cette idée est rentrée dans les mentalités comme une case logique à cocher comme une autre. « On se dit qu’automatiquement après avoir coché ces cases il ne reste plus que le mariage et les enfants. Mais en fait non. Trouver des amis, tomber amoureux et tous ces cadeaux que nous fait la vie ne sont pas des étapes à enchaîner et on n’en a pas besoin pour se sentir accompli. Quand on arrive à se défaire du besoin constant d’approbation des autres, on se sent libre de vivre comme on le veut. Et ce sera toujours mieux que de vivre en attendant leur approbation. »

On peut être célibataire et comblé, et les Islandais ont un nom pour ça : Eingleði, « la joie d’être un », une invitation à profiter pleinement de sa tranquillité et de sa liberté. C’est le cas de Nina, qui n’a jamais eu autant de temps libre. « Cette décision impacte beaucoup ma vie, j’accorde plus de 75% de mon temps à ma personne et le reste à mes amis. Avoir le temps de lire mon livre, de prendre soin de mon appartement, de faire du sport, de prendre soin de moi… Je suis devenue ma priorité. » Apprendre une langue étrangère, de nouvelles compétences, passer du temps avec ses amis… Marie Kock s’est mise à apprendre le portugais et le nom des oiseaux ; Lisa, 28 ans, s’est mise au sport et à l’écriture ; chacune a retrouvé sa force vitale. Peu importe son âge, pour une durée déterminée ou non, faire vœu de célibat ne peut être que bénéfique. Pour se retrouver soi d’abord, et pour être déjà comblé si l’on vient à vouloir s’engager corps et âme avec une nouvelle personne. Au point que son temps devient tellement précieux… qu’on se demande parfois si un nouvel équilibre est possible avec une autre personne dans l’équation. « J’ai parfois du mal à partager mon temps avec quelqu’un, avoue Nina. On a beau dire tout ce qu’on veut, passer beaucoup de temps à deux c’est très bien, mais ça nous coupe un peu de tout et on va vite se demander : pourquoi faire ça alors que je pourrais être tranquille seule ? ».

Bye bye charge mentale !

Autre aspect non négligeable pour les célibataires, l’abandon d’une certaine charge mentale. Fini les disputes et fini la nécessité de faire bonne figure devant la belle famille ! « Quand j’avais quelqu’un dans ma vie je passais mon temps à m’inquiéter de savoir ce qui allait pouvoir se passer demain. Où est la personne ? Avec qui ? Qu’est-ce qu’elle fait ? Et si elle me mentait ? À attendre un message, à me poser 100 questions de pourquoi la personne m’a répondu ça et pas ça… », se remémore Nina. Même son de cloche pour Tamina, 24 ans, qui n’en pouvait plus de voir sa vie tourner autour de sa vie amoureuse et de dépenser toute son énergie. « J’ai recommencé à voir un mec récemment, il m’a proposé qu’on parte en week-end et j’ai trouvé ça chou. Au final c’est moi qui ai fini par lui prendre ses billets et m’occuper des dates, ça m’a gavé. » Une charge qui peut néanmoins se retrouver dans d’autres situations… Comme autour d’un repas de famille, où la pression sociale se fait ressentir avec notamment la traditionnelle question : « et les amours ? ».

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Mais elle ne peut le nier, Nina ressent parfois un besoin d’attention et d’affection. Les moments de solitude existent, il faut simplement apprendre à les gérer et à comprendre ses émotions. Tamina, elle, souffre parfois du regard des autres et d’amis un peu trop lourds qui voudraient la voir en couple et heureuse quand, elle, rêve de passer la soirée devant un film en mangeant une glace. Enfin, l’aspect financier entre souvent dans l’équation : combien de fois s’est-on surpris à penser qu’il serait plus facile d’acheter un appartement à deux ? Eva, 25 ans, avoue « qu’il est dur d’être seule financièrement. Pour l’instant je suis condamnée à vivre dans un studio, les loyers sont exorbitants et je n’ai pas envie de vivre à 1h de Paris », avant de conclure : « mais je ne me sens pas seule. Je vois du monde quand j’en ai envie, je fréquente qui je veux, je ne pense pas pour deux. En tout cas pour l’instant, je suis ma meilleure amie ».

Pour aller plus loin

Podcast A single serving par Shani Silver
L’art du célibat, Maïa Mazaurette, Jungle !, 2016
A Single Revolution : Don’t look for a match. Light one., Shani Silver, 2021
Vieille Fille, Marie Kock, Ed. La Découverte, 2022
Célibataire avec attitude, Bella DePaulo, Ph.D, 2020