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Génération Q, cette génération qui parle plus de porno que d’amour

Publié le 26 juin 2018 à 17h18

Modifié le 13 août 2018 à 22h02

par La Rédac'

Depuis une vingtaine d’années, Dr Kapote sillonne les lycées d’Île-de-France pour parler de sexe aux jeunes. Consentement, sexisme, violences, coming-out, tous les thèmes autour de la sexualité sont abordés lors de ces rencontres. Des expériences qu’il raconte dans des chroniques publiées dans le magazine Causette et qui viennent d’être compilées dans le bouquin Génération Q. Un livre qui nous plonge dans l’univers de cette génération qui « parle plus de porno que d’amour ». Rencontre. 


« Nous parlions cul. Et surtout, nous parlions cru. L’Amour aurait pu nous attaquer pour homicide », écrivez-vous en préambule. Dans vos chroniques aussi vous parlez cru. Est-ce un passage obligé pour parler de sexualité ?

Il y a 20 ans, dans nos interventions de prévention, on rentrait tout de suite dans le vif du sujet (on parlait de sodomie etc.) car il y avait cette urgence de la maladie (le sida, ndlr). Aujourd’hui, dans ma manière d’aborder la sexualité, je passe plus de temps sur les normes, les stéréotypes, le consentement, et ensuite je parle de pratiques sexuelles. Dans mes chroniques, j’écris un peu crûment aussi, parce que je trouve que ça rend un peu plus vivant, c’est la réalité, c’est le vocabulaire, c’est ce qui se dit. En ce qui concerne les jeunes, ils parlent assez crûment de la sexualité, ça fait partie du vocabulaire souvent utilisé parce que c’est un moyen de générer le fantasme et en même temps de se protéger, c’est moins difficile d’être cru que d’employer des mots romantiques.


« D’un côté on vous met le feu, de l’autre on ferme le couvercle à grand renfort de morale et tabou », vous évoquez cette dualité dans laquelle se trouve les ados, c’est-à-dire ?

Je pense que c’est plus compliqué pour eux aujourd’hui que pour moi à l’époque. On leur met le feu entre les réseaux sociaux, l’accès au porno, la télé-réalité, les pubs, les clips, tout ça c’est assez chaud et en même temps il y a un retour au conservatisme, à la religion, les parents sont pudiques dans les discussions. Il y a un double langage difficile. Le grand écart est plus important aujourd’hui. À notre époque, on prenait moins la sexualité et le corps dans la gueule au quotidien. 


Après toutes ces rencontres (5000 jeunes rencontrés chaque année depuis 20 ans…), quel est votre constat sur les jeunes d'aujourd'hui et leur sexualité ?

C’est toujours difficile de les mettre dans le même sac. Certains s’éduquent au porno et ont donc une vision très segmentée de la sexualité, exactement comme les menus des sites porno (fellation, beurette, gang bang) comme si on ne pouvait pas associer les choses ensemble, avec des choses tout de suite très crues. Quant à ceux qui ne sont pas là-dedans, ils vont tomber sur des gens qui veulent leur proposer ça et du coup tomber de haut. Mais surtout, je trouve qu’on ne parle pas assez des dégâts causés par les réseaux sociaux avec les snap, les screen shot, la viralité des images qui mettent fin à toute vie intime. 


Aujourd’hui, c’est presque impossible pour les parents de contrôler ce que les jeunes voient, le porno est très accessible. Est-ce que ça a empiré la façon dont les ados considèrent la sexualité ?

Elle a changé, ça c’est certain, mais ce qui m’ennuie surtout c’est qu’on est resté sur quelque chose où ce sont toujours les filles et les minorités de genre qui prennent le plus cher, il y toujours cette vulnérabilité des filles dans la sexualité, avec les forceurs (les mecs qui veulent obtenir des photos, violences sexuelles), ça, ça n’a pas bougé. Par ailleurs il y a un engouement pour des pratiques qui sont plus osées, qui vont plus loin et qui sont donc gênantes pour la construction intime.


C'est quoi le plus gros tabou chez les jeunes selon vous ? 

L’homosexualité ça reste très tabou, très dérangeant, on n’a pas avancé là-dessus. Pareil pour le sexe et le plaisir féminin, quant à la masturbation féminine, c’est l’omerta totale ! Certaines ne savent pas qu’elles ont un clitoris. Même les filles ne s’en préoccupent pas. Lors des interventions, dès que l'on aborde des sujets autour du vagin, de la vulve, elles expriment souvent des mimiques de dégoût ; s’approprier son sexe et son corps, c’est un chantier énorme pour les filles.


On assiste depuis quelques mois à un regain de féminisme, vous voyez une évolution dans les mentalités des jeunes ?

Dans certains milieux éduqués, il y a des gamins qui parlent de non-binarité, de pansexualité, qui vont globalement être très au courant, mais c’est une minorité, il s’agit de CSP particulières, pour le reste c’est impensable.


Est-ce que vous avez l'impression par votre expérience que les filles ont plus de problèmes par rapport à la sexualité que les garçons ?

Pas forcément. Les mecs, il y a ce diktat de la "virilité", et ça fait des dégâts. Ils évoquent moins les problèmes car ils ont l’injonction de conduire les choses. Quant aux filles, elles parlent uniquement dans un environnement non mixte. Celle qui parlent directement de sexe ont une réputation de putes et salopes.


Parmi les différentes expériences relatées dans vos chroniques, est-ce qu'il y en a une qui vous a particulièrement marqué ?
 

La chronique "Sans voix" qui raconte l’histoire d’une fille qui a perdu sa voix, elle parlait tout doucement, tout le monde s’en foutait. Elle m’a raconté le viol qu’elle subissait par quelqu’un de sa famille, mais la manière dont ça a été géré, la rapidité de la procédure, j’ai trouvé ça violent. Ça m’a fermé par la suite, je me méfie beaucoup de l’administration, de l’école, maintenant. 


Est-ce que vous avez le sentiment que vous arrivez à changer les choses ? Est-ce que ça vous a changé ?

J’y crois sinon j’arrêterais, avec la prévention on révolutionne pas les choses, mais on arrive à bousculer, à ouvrir un espace de parole et c’est déjà énorme ! Ça m’a surtout donné envie de déconstruire sur les normes, les stéréotypes et les relations à d'autres et à me questionner sur mon rôle de mec dans la société et dans l’éducation que je vais donner à mes enfants.


Génération Q
, Dr Kpote, ed. La Ville Brûle

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