Il y a certaines choses qu’on préfère ne pas voir, comme il y a certains phénomènes dont on préfère ignorer l’existence. Trop tard les bonbecs, j’ai vu donc vous verrez aussi : voici l’histoire du "syndrome de la langue poilue", un cas médical exceptionnel mais malheureusement réel, récemment diagnostiqué chez un citoyen américain de 64 ans vivant dans l’Ohio et expliqué dans un rapport publié par le New England Journal of Medicine début juillet 2023.
Smoker’s tongue sprouts green hair after years of cigarette use https://t.co/eN0m51fg8I pic.twitter.com/yfrKhWHF5a
— New York Post (@nypost) July 11, 2023Abonne-toi à la newsletter pour rester connecté !
Des langues poilues dès le XVIe siècle
Le premier cas de que la médecine nomme "syndrome de la langue poilue" remonte officiellement à 1557. Bien que ses causes ne soient toujours pas formellement identifiées aujourd’hui, les médecins supposent que ces poils résultent d’une combinaison de micro-perturbations qui empêchent la couche supérieure de la langue de renouveler ses cellules. Incapable de muer, l’organe va voir s’accumuler sur sa surface des déchets épidermiques formant des structures aux allures de poils, pouvant aller jusqu’à 18 millimètres. Âmes sensibles s’abstenir.
Pourquoi cette couleur verdâtre ?
La plupart du temps, le tapis en question est de couleur noire, mais parfois, comme chez ce patient de l’Ohio, il se teinte de vert. Les poils peuvent également devenir jaunes ou bleus : un véritable arc-en-ciel bucal, pour le plus grand malheur de leurs hôtes et de ceux qui les observent. Leur couleur pourrait être influencée par l’alimentation de la personne touchée par le syndrome, ainsi que la présence de certains micro-organismes non-identifiés.
Ces poils de bouche (excusez l’expression) font fuir quiconque les aperçoit, mais n’indiquent pas pour autant une santé désastreuse. Cet habitant de l'Ohio, par exemple, s’est vu prescrire des médicaments antifongiques (utiles en cas de mycose), et six mois après les faits, ce petit tapis n’avait jamais repointé le bout de son nez. Dieu soit loué.
Alcool, peu d’hygiène buccale, antibiotiques : le cocktail parfait
Pas de panique : les probabilités pour que cela vous arrive sont presque nulles. Les patients touchés présentent plusieurs points communs : il s'agit majoritairement d'hommes d'un certain âge, consommant à outrance du tabac, de l’alcool, du thé noir ou du café, se souciant peu de leur hygiène buccale et ayant régulièrement pris des antibiotiques. Voilà une morale que l’on pourrait enseigner aux enfants : buvez de l’eau, ne fumez pas, lavez-vous les dents et vous n’aurez pas de poils qui vous pousseront sur la langue.
