nhjhf0k4cq

5 raisons de (re)voir Freaks de Tod Browning

undefined undefined 28 septembre 2018 undefined 17h12

undefined undefined 1 octobre 2018 undefined 10h50

Inès Agblo

Aujourd’hui, nous nous attaquons à un classique du cinoche avec Freaks de Tod Browning. Le film de 1932 met en lumière le quotidien d’un cirque et ses protagonistes hors normes. Si vous n’avez pas encore vu ce bijou du cinéma d’horreur, nous vous donnons 5 bonnes raisons de le (re)voir sur le champ.

Saw, Ça, Scream… On n’est pas contre. Toutefois, il est bon de temps à autres de revenir sur les papas du cinéma d’horreur. Se remémorer cette époque où les réalisateurs faisaient flipper les masses sans avoir à découper quiconque, mais simplement avec deux-trois bricoles bien mises en scène.

Ici, nous mettrons donc en vedette un des graals du genre : Freaks.

Un film dont ne serait-ce que l’appartenance au genre peut être questionnée. Parce qu’en soi, ces personnages dits freaks sont de bons vieux bonhommes comme vous et nous. C’est uniquement leur malformation physique qui suscite la peur chez les spectateurs. En effet, usuellement, le public peut se consoler derrière l’idée d’une illusion créée par le cinéma. Or, ici, rien n’est illusoire : il s’agit de vraies personnes.

Retour sur une institution du cinéma d’horreur.


Pour sa place dans l’histoire du cinéma d’horreur

Si Freaks est un classique du cinéma d’horreur, c’est avant tout parce qu’il s’inscrit dans son émergence. Le cinéma muet s’était déjà prêté au jeu de l’horreur, mais ce sont notamment les studios Universal et MGM qui misèrent gros sur le genre au cours des années 30.

Et c'est grâce à son réalisme que Freaks parvient tout particulièrement à sortir son épingle du jeu.

Les premières projections du film effraient les spectateurs, apeurés par la bande de freaks. Un phénomène tout à fait singulier puisque les vedettes de l’horreur de l’époque étaient principalement de célèbres créatures littéraires : Dracula, Frankenstein, Docteur Jekyll et M. Hyde…

5-raison-de-re-voir-freaks-de-tod-browningFrankenstein (1931), de James Whale

Or, nous avons ici affaire à de vraies personnes : une proposition qui bouscule les codes. D’autant plus que la véritable monstruosité dénoncée dans le film n’est pas la leur, mais celle du personnage de Cléopatre, la trapéziste, dont la laideur est morale. Une vision des choses tout à fait inédite. 

5-raison-de-re-voir-freaks-de-tod-browningCléopatre, Freaks

Ce n’est qu’avec le temps que le film se fit une place au panthéon de l’horror movie. Lors de sa sortie, Freaks avait initialement scandalisé. Cela dit, le scandale est parfois préférable à l’indifférence.


Pour le maestro Tod Browning

Tod Browning fait donc partie de ces big boss des 30’s qui ont donné leurs lettres de noblesse au cinéma d’horreur et fantastique. À ses côtés, on retrouve notamment James Whale (Frankenstein, 1931) ou Ernest B. Schoedsack (King Kong, 1933).

5-raison-de-re-voir-freaks-de-tod-browning-draculaDracula (1931), de Tod Browning

Toutefois, Mister Browning reste l'un des grands maîtres, avec une panoplie de films devenus incontournables. On pense notamment à Dracula (1931) mettant en scène le mythique Bela Lugosi dans la peau du Comte.


Pour sa diversité de tonalités

Si Freaks est considéré comme un film d’horreur, il faut savoir que l’une des prouesses du film est de sillonner entre différents tons. La trame parvient même à prendre des nuances plus légères et humoristiques avec les deux sœurs siamoises par exemple (contraintes d’être tiraillées entre leurs compagnons respectifs).

5-raison-de-re-voir-freaks-de-tod-browning

En outre, une dimension plus sombre est insufflée par la noirceur de Cléopâtre, manipulatrice moqueuse. Puis, pour finir, Freaks met un pied dans le fantastique avec une scène de clôture marquant une rupture avec le réel.


Pour son casting de freaks

Ce sont donc de braves gens qui ont été castés pour former cette joyeuse troupe de freaks. Bien que brave, le groupe effraie. Ainsi, le plateau de tournage du film est déserté par des employés trop peureux pour travailler à proximité du casting.

5-raison-de-re-voir-freaks-de-tod-browning

Une bien triste anecdote face à des personnalités – certes, spéciales – mais dont la différence bâtit toute la grandeur.

Femme à barbe, lilliputiens, sœurs siamoises, pinheads, homme-tronc… La plupart des freaks choisis pour le film participaient déjà à des représentations, notamment au sein de cirques. Plutôt que la dissimuler, ils faisaient la lumière sur leur différence.

5-raison-de-re-voir-freaks-de-tod-browning


Pour la reprise de Scorsese dans Le Loup de Wall Street

Bien que critiqué à sa sortie, Freaks a – avec le temps – eu une importante influence culturelle. Parmi les reprises, on peut notamment citer la saison 4 d’American Horror Story, intitulée "Freak Show" et ouvertement inspirée du film.

5-raison-de-re-voir-freaks-de-tod-browning-american-horror-storyAmerican Horror Story

On retient également la reprise d'une chanson par les personnages du Loup de Wall Street. Dans le film de Browning, les freaks chantent ensemble « we accept you one of us » (on t’accepte parmi nous) en s’adressant à Cléopâtre. Elle, qui n’affiche pourtant aucune anormalité physique, les amène à chanter ces paroles face à sa monstruosité interne.

Dans le film de Scorsese, c’est la monstruosité des hommes d’affaires qui est soulignée. Alors qu’ils débattent d'initier des lancés de nains (jeu qu’ils pratiqueront au bureau), ils reprennent la chanson issue de Freaks. Une manière ironique et cruelle de dire que ce n’est pas un jeu si odieux, et que les nains sont des leurs. De cette façon, l’emprunt de la chanson les transforme, eux, en monstres immoraux.

Car, le monstre n’est pas nécessairement celui qui y ressemble.