Paris plongée dans une brume ocre et mortelle ne laissant que les toits émerger, Romain Duris et Olga Kurylenko dans une course contre la montre pour sauver leur fille, voilà qui devait suffire à attirer le spectateur dans les salles. À raison ? Je vous le donne en mille, c'est un grand BOF.
Mathieu rentre du Canada avec des nouvelles intéressantes pour sa fille Sarah, atteinte d'une maladie rare et contrainte de vivre dans une "bulle" recréant une atmosphère qu'elle supporte. À peine le temps d'en parler vite fait avec Anna, son ex-femme, et de prendre une douche qu'un tremblement de terre survient. Avec lui, une brume remonte des entrailles de la Terre, tuant tout être vivant sur son passage. Vif d'esprit, Mathieu court se réfugier au dernier étage de l'immeuble avec Anna, chez une couple de personnes âgées. Là, ils sont en sécurité car, chance, la brume s'arrête au cinquième étage, mais Sarah est restée dans sa bulle trois étages plus bas, et ses batteries vont devoir être changées...

C'est donc un bon vieux survival movie auquel nous avons affaire, le but étant de trouver un moyen de quitter Paris pour mettre Sarah en sécurité. Mais attention, pas n'importe quel survival movie, un survival movie à la française, un "film de survie". Oui tout de suite ça le fait moins, on est d'accord. Chacun son style, je veux dire, on va pas demander à Dwayne Johnson de faire le père de famille divorcé coincé entre son ex-femme et sa nouvelle petite amie de vingt ans plus jeune au vernissage du mec de leur fille. Ben là pareil, on devrait pas demander à Romain Duris de jouer les héros en t-shirt déchiré et au front sanguinolant, aussi bon acteur soit-il.

Bon vous l'avez compris, y'a pas grand-chose qui marche dans le film de Daniel Roby. Normalement, on devrait être crispé sur notre siège, sursautant à chaque obstacle surmonté avec brio et courage par notre héros dans sa mission suicide pour sauver les siens – à défaut du monde, n'en demandons pas trop. Là bon, on se demande, certes, si notre petite famille va s'en sortir indemne, mais notre niveau de tension a quand même bien du mal à décoller, entre les coups du sort ultra-favorables (oh cool ! le voisin du dessous a un masque à oxygène) et le couple de vieux trop mignons. En fait, on n'y croit pas une seconde, et du coup, on s'ennuie ferme. Il semble d'ailleurs que notre duo d'acteurs soit du même avis, et ce n'est pas le twist final, aussi inattendu qu'un hipster dans une friperie, qui rehaussera le tout.

Symptomatique de ce désir, très contemporain et très vain, d'exporter le film de genre chez nous (TF1, entre autres, est à la production), Dans la brume manque de pas mal d'éléments constitutifs d'un bon film pour pouvoir prétendre en être un, en premier lieu desquels l'intérêt. Un jour peut-être ?
