Je n'avais jamais revu Dumbo depuis la projection initiale et traumatisante de ma tendre enfance. C'est hyper triste, non, Dumbo ? Une histoire de bébé éléphant persécuté et séparé de sa maman... dur. La sortie de ce remake en live-action sous la houlette de Tim Burton allait en tout cas me permettre d'en avoir le cœur net.
En fait ça va, c'est pas si horrible. En tout cas cette version-là, car en relisant le résumé de la version de 1941 sur wikipédia, je me suis rendu compte que mon traumatisme n'était pas totalement injustifié... mais c'est une autre histoire. Dans celle de Tim Burton, les fondements restent les mêmes : Dumbo est raillé pour ses grandes oreilles, il est séparé de sa mère, il devient la star du cirque grâce à sa capacité à voler. Mais ce qui était la finalité de l'histoire originelle n'est ici qu'une sorte d'introduction à de nouvelles aventures, auxquelles la bêtise des hommes donne cette fois une nouvelle saveur.
Mais si ce Dumbo new generation est quelque peu upgradé par rapport au classique né sous la plume et les pinceaux de Walt Disney, les thèmes qui parcourent le métrage restent d'une contemporanéité surprenante. Le rejet de la différence, la cupidité des hommes et leur cruauté prennent ici les teintes sombres de l'univers burtonien, et sont bientôt rejoints par les prémices d'une satire du capitalisme galopant via le personnage incarné – avec brio – par Michael Keaton. En conclusion, le film nous offre un happy end à message très bien venu contre l'enfermement des animaux sauvages. Ça paraît niais dit comme ça, mais c'est très bien amené.
Si comme souvent chez Burton, la catharsis s'effectue grâce à des personnages marginaux et quelque peu monstrueux – ici le père de famille amputé d'un bras incarné par Colin Farrell et, dans une moindre mesure, ses enfants –, on note un changement de paradigme dans le traitement du personnage principal. Dumbo est certes moqué au début du récit, mais devient très vite une véritable star, adulée par le public et bichonnée par les artistes du cirque. C'est dès lors l'histoire d'une libération du monde des hommes et d'un retour à la nature qui nous est contée, bien différente des contes initiatiques que l'on connaît mieux au réalisateur d'Edward aux mains d'argent.
Avec Dumbo, Tim Burton opère donc un virage inattendu dans la nature même de son cinéma. Moins sombre, plus éclatant et avec une teneur politique et écologique inattendue, il livre un conte moderne réjouissant qui plaira autant aux petits qu'aux grands enfants.
