Dans ce deuxième épisode de notre série de focus, nous aborderons le sexisme (bouh bouh !) dans les séries. Nous parlons de ce fléau qu’hommes et femmes devraient éradiquer dans la vie comme à l’écran. Faisons le point.
Le sexisme c’est mal.
Voilà, maintenant que c’est dit, parlons plus sérieusement. On ne vous apprend rien en avançant que le sexisme est partout. Ce merveilleux concept à l’origine de discriminations basées sur le sexe nuit aux hommes comme aux femmes quotidiennement. C’est à travers ce démon idéologique qu’on peut dire à un homme considéré comme faible qu’il se comporte comme une femmelette, ou à une femme forte qu’elle en a des grosses. Mais des grosses quoi ? De gros ovaires vous voulez dire ?
Bref. Forcément, puisqu'il est partout, il n'y a pas de raison qu’il ne soit pas présent dans les fictions. Et face au sexisme, les séries adoptent divers positionnements. En gros, il y a celles qui le combattent, celles qui l’illustrent, celles qui en jouent et celles qui prennent parti sans même le savoir.
Abordons donc les multiples facettes du sexisme dans nos séries préférées.
Premier ou second degré : mince frontière
Commençons avec ces séries qui jouent de manière intentionnelle le jeu du sexisme. Il s’agit souvent d’un humour qui se veut grossier et clairement empreint de second degré. En tant qu’égérie de ces séries, on a envie de choisir Blue Mountain State.
Blue Mountain State
La série, qui s’adresse pourtant à un public masculin, n’a aucun mal à faire marrer les filles tellement le trait est gros. En effet, nul ne peut douter qu’il s’agit de blagues et non de véritables discours sur le rôle des femmes et des hommes. D’un côté, les femmes sont réduites à leur plastique et de l’autre, les hommes sont représentés comme des sportifs pas très futés et guidés par leur pénis. Donc oui, ça fait pas plaisir. Mais la série a concrètement vocation à n’être que drôle.
Dans des cas comme Californication ou Nip/Tuck, la frontière est plus mince. Face à ces personnages de queutards imbus de leur personne, les femmes sont souvent utilisées et manipulées. Certes, l’écriture des personnages se veut ainsi. Mais on a un peu de mal quand même… Nous avons affaire à un jeu d’équilibriste où il est très délicat de ne pas tomber dans le sexisme.
Californication
Ces séries qui le dénoncent
Si les séries citées précédemment jouent sur les codes du sexisme, les séries traitées ici le combattent. En plus de mettre en leur cœur des préoccupations liées au sexisme, elles tendent à amener une lecture progressiste.
La série Scandal en est la porte-parole idéale. Tout au long de la série, la place des femmes est questionnée au sein de la sphère politique de Washington, avec des personnages comme celui de Mellie Grant (d’abord Première Dame) ou l’héroïne, Olivia Pope. Bien qu’elles soient souvent ramenées à leur relation avec le même homme ou à des a prioris quant à leur statut de femme (la Première Dame chargée de choisir les fleurs pour les dîners organisés à la maison), elles surpassent ça et s’affirment en figures fortes en gravissant les échelons tout au long des saisons.
Scandal
Parmi ces séries qui se positionnent en tant que militantes, on peut également citer Top of the Lake. En effet, la série met un point d’honneur à faire la lumière sur le traitement subi par Robin en tant que femme flic. On peut également mentionner Big Little Lies, directement portée sur les violences faites aux femmes.
Top of the Lake
Celles qui le mettent intentionnellement en avant
Dans les séries dont nous allons parler, le sexisme est carrément une norme puisqu’elles se déroulent à des époques où il était bel et bien monnaie courante. On ne dit pas que nous vivons dans le monde des bisounours aujourd’hui, mais là on parle d’un état d’esprit général beaucoup plus hardcore...
C’est notamment le cas avec Mad Men. La série est de toute évidence empreinte d’une aura sexiste. Toutefois, cela va de soi puisqu’elle prend pour cadre une agence publicitaire des années 60. Une époque où les femmes avaient, très clairement, moins de marge pour s’imposer et prendre le pouvoir qui leur était dû, particulièrement dans un business masculin. Ainsi, la série ne véhicule pas un message sexiste, mais se fait illustratrice d’un temps où la norme l’était.
Mad Men
Nous pourrions dire la même chose pour la première saison de True Detective par exemple. Dans la série, la palette de rôles féminins n’est pas glorieuse. Il est principalement question de la femme trompée de Martin, ainsi que de ses jeunes maîtresses… Youpi. Mais voilà, nous avons affaire à une série située en Louisiane dans les années 90, avec des personnages principaux travaillant pour la police : un milieu particulièrement masculin. Du coup, l’écriture de la série suit ledit contexte et n’insuffle pas un machisme infondé.
True Detective
C’est pas voulu, mais quand même…
Puis, nous nous dirigeons vers le côté obscur de la force… Ces séries qui n’ont rien de méchant, mais qui tombent par mégarde, de temps à autres, dans le sexisme.
Le parfait exemple n’est autre que Game of Thrones. En soi, la série pourrait même être considérée comme féministe ne serait-ce qu’à travers des archétypes de femmes fortes comme Khaleesi, Cersei ou Arya. Mais voilà… La série à une fâcheuse tendance à dénuder les femmes (why not ?). J’insiste… les femmes principalement. On a envie de demander : pourquoi ces messieurs ne tombent pas la chemise eux aussi ? La nudité n’est pas réservée aux personnages féminins, si ?
Game of Thrones
Si certaines séries – comme celle-ci – tombent dans des ressorts sexistes par inadvertance, d’autres tombent dedans les deux pieds joints. À leur image, la récente série Netflix, Insatiable.
Nous ne l’accablerons pas davantage, puisque la série reçoit déjà mille et une critiques pour homophobie et grossophobie. Ici, nous nous contenterons de parler de ses maladresses sexistes.
De manière générale, on est juste très inquiets de voir en 2018 une série dont l’héroïne a pour objectif majeur de gagner des concours de beauté. Oui, le show est carrément bourré de second degré et pourrait tout simplement être qualifié d’un peu WTF. Mais tout de même… Entre la mère au foyer qui veut absolument entrer dans les clubs privés de son quartier pavillonnaire, et la jolie fille qui – pour revanche sur la vie – veut sortir avec de beaux garçons et être miss, on a du mal. On saisit le côté teenage et drôle, mais bon… Ah. Ah. Ah.
Insatiable