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Pauvres Créatures, LE chef-d'œuvre de Yórgos Lánthimos ?

Publié le 15 janvier 2024 à 16h48

Modifié le 15 janvier 2024 à 17h08

par Louis Haeffner

En même temps, même le spectateur le moins avisé verrait un large sourire éclairer son visage bougon à la lecture d'un tel casting : Emma Stone, Willem Dafoe, Mark Ruffalo, pour ne citer qu'eux. Mais pour réunir une telle brochette de talents, il faut pouvoir compter sur le propre sien, ce que Yorgos Lanthimos semble s'être employé à faire, avec un style qui lui est très personnel, depuis quelques temps déjà.


Pauvres Créatures
, un 8e long-métrage pour Yorgos Lanthimos

Dans ses films, la comédie est presque toujours satirique (The Lobster), le burlesque confine à l'horreur (Mise à mort du cerf sacré) et l'image, surtout, a cette touche d'originalité et de personnalité qui fait la marque des grands (La Favorite). Dans Pauvres Créatures, le réalisateur combine à la perfection ces trois aspects de son cinéma pour offrir un conte à la puissante portée symbolique, dont on ressort tout simplement émerveillé, mais également avec la certitude d'avoir vu quelque chose de nouveau, d'important, et d'infiniment beau.


Un scénario fantastique captivant

Bella Baxter est le fruit de l'expérimentation scientifique de son “père”, le docteur Godwin Baxter, dont elle va vite abréger le prénom en « God » — vous sentez poindre la symbolique ? Dotée d'un corps de femme et d'un cerveau de bébé, sa personnalité comme sa sexualité vont se développer à une impressionnante vitesse, rendant rapidement la propriété du docteur Baxter trop étroite pour ses envies de découverte ; Bella est consciente d'elle-même, et dès lors, son appétit pour la vie et ses plaisirs ne saura être rassasié. Grâce au chaperonnage d'un avocat mal intentionné mais qui va vite se retrouver dépassé par sa fougue, elle va voyager à travers l'Europe à bord d'un magnifique bateau de croisière, où elle rencontrera des personnages tout aussi passionnants qu'elle, avant de rentrer à Londres pour accompagner le déclin de son “père”.

C'est donc une véritable odyssée, au sens premier du terme, que va vivre Bella, nous entraînant avec elle dans son étude du monde, des hommes, des femmes, des humains, mais surtout de la vie, du premier souffle aux pires vicissitudes de l'âme humaine. Englober tout ça en un film ressemble à s'y méprendre à une mission impossible, pourtant Yorgos Lanthimos s'y attèle avec une force narrative et esthétique hors du commun, ajoutant à toute cette profondeur une légèreté dans la forme qui séduirait le plus réticent des sceptiques. En un mot, c'est du pur génie, et déjà le film de l'année.


Pauvres Créatures
, de Yórgos Lánthimos

Avec Emma Stone, Willem Dafoe, Mark Ruffalo
En salles le 17 janvier

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Des soirées cinéma intimistes organisées à la Maison Gainsbourg en avril

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par Flora Gendrault

Tout le monde connaît Serge Gainsbourg, l’illustre interprète, mais beaucoup oublient la carrière cinématographique de l’artiste en parallèle de la chanson. Tantôt acteur, tantôt réalisateur et parfois compositeur, Gainsbourg est intervenu aussi bien au cinéma qu’à la télévision, dans des films au succès relatif, que son ancienne maison devenue musée propose de (re)découvrir du 14 au 28 avril, comme relayé par Vogue. Une manière de lui rendre un nouvel hommage, mais sous un angle inédit, alors qu'il aurait fêté ses 97 ans ce mois-ci. 


L’empreinte Gainsbourg au cinéma 

Avec le soutien de la maison Saint Laurent et en partenariat avec l’INA et le Centre national de la musique, cette première série de projections débutera en beauté avec deux films cultes : Anna (1967) de Pierre Koralnik et À bout portant (1973) de Roger Sciandra.

Dans Anna, Serge Gainsbourg joue les cupidons de service et aide son pote Serge (Jean-Claude Brialy) à retrouver une mystérieuse inconnue (Anna Karina) croisée dans une gare. Ajoutez à ça une apparition de Marianne Faithfull en tante entremetteuse, et vous obtenez un petit bijou pop et décalé.

À bout portant, quant à lui, plonge dans l’intimité de la vedette, chez lui, rue de Verneuil, entouré de Jane Birkin et de leur jeune enfant, Charlotte. Un documentaire qui sent bon la clope, le whisky et la poésie, entre objets fétiches, bibliothèque pleine à craquer et confidences, à regarder directement depuis l’institution, dans l’un des sièges feutrés de Gainsbarre. 


Associer la rencontre à l’image 

Afin d’éclairer ces œuvres au regard de la science, de la musique ou du cinéma, les quatre séances – organisées les lundis 14, 21 et 28 avril – seront suivies de discussions avec des invité·es passionnant·es : Pierre Koralnik (le réalisateur d’Anna), Sébastien Merlet (commissaire scientifique du musée et spécialiste de Gainsbourg), Stéphane Lerouge (grand manitou des bandes originales), ainsi que les journalistes Pauline Baduel et Gautier Roos (madelen, INA). Du beau monde pour déchiffrer le phénomène de scène et d’images, aussi populaire que controversé, que fut Gainsbourg. 

La Maison Gainsbourg fait son cinéma
Maison Gainsbourg 
Du 14 au 28 avril 2025
14, rue de Verneuil – 7e 
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