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Pourquoi Joker est un petit chef-d'œuvre

undefined undefined 9 octobre 2019 undefined 17h14

undefined undefined 14 octobre 2019 undefined 16h01

Louis Haeffner

Hyper attendu depuis que les premiers avis de la presse étaient tombés, le Joker de Todd Phillips est enfin là. Pensé comme une origin story sombre et réaliste, c'est Joaquin Phoenix qui hérite, après d'illustres prédécesseurs, de la tignasse verte du clown le plus dingue de la pop-culture, participant grandement au triomphe qu'il convient de faire à ce petit bijou de cinéma. 


Sans surprise donc, l'histoire est celle du personnage auquel le film donne son titre, et qu'on connaît tous comme la Némésis de Batman, son ennemi intime et juré. Mais avant d'être un dangereux criminel, qui était le Joker ? Il s'appelait Arthur Fleck, c'était un pauvre type qui vivait avec sa mère et qui rêvait de devenir une star du stand-up. Un handicapé inoffensif, un mec qui faisait pitié plus qu'il faisait peur, même si son rire intempestif glaçait pas mal le sang...

Joker film critique

Les images qui défilent devant nos yeux retracent ainsi le parcours qui mène Arthur Fleck à la démence et, finalement, au crime – ou inversement. Un processus de déviance classique me direz-vous, mais qui donne naissance à un monstre malgré lui, un sociopathe engendré par le rejet des autres, par le manque d'empathie pathologique qui caractérise la société de Gotham City et, par résonnance, la nôtre. Oui, Arthur Fleck, ça aurait pu être toi, jeune drogué désœuvré qui lit ce papier. Je plaisante. Je plaisante ? 

Joker film critique

Mais Joker, ce n'est pas que l'histoire dramatiquement moderne d'un quidam qui pète les plombs, et l'on se souvient, presque avec difficulté tant l'aspect réaliste du film domine, que le Joker est avant tout un personnage secondaire dans l'univers fantastique des comic books mettant en scène Batman. En un mot, Todd Phillips parvient, avec une admirable maestria, à faire un film d'auteur avec un personnage ultra grand public, en liant les deux univers à la perfection. Ainsi, de nombreux éléments de l'imagerie classique qu'on associe à l'homme chauve-souris se retrouvent dans le métrage sous la forme de clins d'œil, et c'est un véritable bonheur, pour les fans de l'univers DC notamment, de constater que les différents arcs narratifs développés depuis la création du personnage dans les années 40 se rejoignent ici de manière très cohérente. 

Joker film critique

Enfin Joker, c'est surtout un duo d'enfer, je parle bien sûr de celui formé par Joaquin Phoenix et Todd Phillips. Si le premier livre une performance stupéfiante que tout le monde s'empresse, à raison, de juger parfaitement oscarisable, le travail du second aura été, outre l'écriture du rôle, de fournir à l'acteur un écrin somptueux à son talent. Ainsi la photographie toute en clair-obscur, le rythme vertigineux – ménageant ça et là quelques instants de pure grâce –, le jeu de corps et de voix de Joaquin Phoenix contribuent-ils à instiller en nous une impression étrange mais jubilatoire, celle d'assister à la naissance de la beauté à partir du chaos. Tout cela est dur, effroyable et triste, mais, bordel, qu'est-ce que c'est beau !

Joker film critique


Todd Phillips, ancien prince de la comédie, réussit ici à faire le lien entre comique et tragique, entre blockbuster et film d'auteur, et, finalement, entre Batman et le Joker. En proposant une lecture réaliste et dramatique d'un personnage aux allures de bouffon, il lui donne une profondeur résolument sociétale, et propose ainsi une film flamboyant, moderne, et étonnamment humaniste. Un coup de maître, porté par la performance hallucinante de Joaquin Phoenix.