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Les Confins du monde, un grand film de guerre(s)

undefined undefined 19 novembre 2018 undefined 11h29

undefined undefined 4 décembre 2018 undefined 18h00

Louis Haeffner

Entre Aguirre, la colère de Dieu de Werner Herzog et Apocalypse Now de Francis Ford Coppola, il y a Les Confins du monde de Guillaume Nicloux. Oui bon, la comparaison avec ces deux maestro est peut-être un peu excessive, n'empêche qu'elle n'est pas si hors de propos, et que le film est excellent. 


Indochine, 1945. Alors que le monde sort progressivement de la Seconde Guerre mondiale, le jeune soldat Robert Tassen échappe lui miraculeusement à un massacre où il voit son frère cruellement assassiné sous ses yeux. Débute alors pour lui une inlassable quête de vengeance, à la poursuite de Vo Binh et ses hommes, à travers la jungle épaisse et humide. Cependant, la rencontre d'une belle Indochinoise, Maï, va mener Tassen à se poser beaucoup de questions, et transformera petit à petit sa quête de vengeance en quête existencielle...

Les Confins du monde film critique

Ça commence dans le sang et la mort, sous un tas de cadavres, au son du claquement sec des tirs de revolver qui achèvent les potentiels survivants. D'entrée les images sont sèches, brutales, dépouillées de ce vernis que leur applique généralement la post-production, pour nous plonger sans équivoque dans l'horreur physique d'une guerre à l'aveugle. Avec beaucoup de véracité, Guillaume Nicloux filme ainsi la peur, l'ennui, le désœuvrement de jeunes soldats qui ne trouvent un répis que dans l'opium, l'alcool et les prostituées. C'est donc un film de guerre qui nous est proposé, mais d'une guerre multiple, qui existe autant au-dehors qu'au-dedans.

Les Confins du monde film critique

Car plus que l'aspect très physique du métrage, essentiel et personnifié par une jungle détrempée qui met les corps à nu, c'est la dérive psychologique qui découle de cette guerre latente qui intéresse Nicloux. Le soldat Tassen, incarné avec brio par un Gaspard Ulliel tout à la fois sobre et intense, se perd progressivement dans les limbes de son combat intérieur, entre vengeance et jalousie pour Maï, à mesure que son expédition se perd dans la jungle. La folie, celle qui s'empare d'Aguirre, n'est pas loin, et les paysages humides et verdoyants sont là pour nous rappeler le chef-d'œuvre de Herzog. 

Les Confins du monde film critique


Avec Les Confins du monde, Guillaume Nicloux poursuit sa fascinante inspection de la psyché humaine. Il fournit par la même occasion un film brut, d'une grande sensualité et dont la grande force réside dans le souci de réalisme qui l'imprègne autant que dans la performance remarquable de ses acteurs. Un grand film de guerre, comme on n'en voit que très rarement.