Les Éternels, fresque sociale et romantique de la Chine moyenne

undefined 6 mars 2019 undefined 12h11

Louis Haeffner

J’avais vu A Touch of Sin à sa sortie il y a un peu plus de 5 ans, et je me rappelle que j’avais trouvé ça vachement bien et surtout très très beau, sans pour autant pouvoir expliquer de façon rationnelle les raisons de mon admiration. Avec Les Éternels, on touche à quelque chose de plus substantiel, et en plus c’est toujours aussi canon.


Au début des années 2000, à Datong, ville minière chinoise sur le déclin, Qiao et Bin règnent sur la pègre locale. Pour avoir tiré plusieurs coups de feu dans le but de sauver son homme, pris dans une rixe avec une bande rivale, Qiao est condamnée à 5 ans de prison. Bin, lui, sort après seulement un an, et refait sa vie. À sa sortie, Qiao est seule, car Bin est avec une autre femme et a changé de mode de vie, délaissant la pègre. Il refuse de suivre Qiao qui veut retourner à Datong. Dix ans plus tard, c’est Bin qui, usé par la vie, revient vers Qiao…

Les Eternels film critique

L’affiche et le titre ne mentent pas, c’est bien d’amour que Jia Zhangke nous parle, et avec quelle virtuosité ! En situant ses personnages dans une Chine contemporaine et semi-rurale marquée par la pauvreté, il donne à son film les couleurs mornes du désarroi social dont émerge la pureté d’un amour qui, sur plus de quinze ans, s’impose à ce couple comme quelque chose d’inexorable et donc d'extrêmement puissant. Mais c’est surtout la performance sublime de Zhao Tao qui éclaire le métrage : elle donne à ce personnage de femme courage une liberté, une force et une maîtrise rarement entrevues dans le cinéma moderne, du moins pour un personnage féminin.

Les Eternels film critique


Avec Les Éternels, Jia Zhangke apporte une touche romantique à l’entreprise hautement sociale que représente son cinéma, sans toutefois se départir du réalisme étrangement poétique qui le caractérise. Un nouveau grand film, en somme.