J'ai toujours trouvé facile et peu fair-play de déboiter un film, aussi mauvais soit-il. D'abord parce que faire un film doit être extrêmement difficile, et qui suis-je pour en juger, moi qui ne suis qu'un simple gratte-papier. Ensuite parce qu'il est plus difficile de modérer ses propos que de se laisser aller à un déferlement de formules haineuses et donc drôles – oui, plus on est méchant, plus on est marrant, c'est bien connu. Je choisis donc la difficulté, et m'en vais vous expliquer sans haine ni violence pourquoi Premières vacances, c'est vraiment pas terrible.
Deux jeunes Parisiens se rencontrent via Tinder, un soir sur le canal de l'Ourcq. Marion est hyper funky, vit en coloc' avec ses potes arty, boit de l'alcool et fume des cigarettes. Ben quant à lui sort d'école de commerce, a une lourde tendance à l'hypocondrie et se couche généralement vers 23h. Mais, et c'est absolument miraculeux, entre eux le courant passe grave et ils décident, sur un coup de folie et après une nuit sans sommeil, de partir en vacances ensemble. Ce sera donc la Bulgarie, à mi-chemin exacte entre la destination rêvée de Marion, Beyrouth, et celle de Ben, Biarritz.
Outre un postulat de départ assez bancal, c'est le récit des aventures de nos deux trentenaires qui pose problème. Comme on pouvait légitimement s'y attendre, le schéma scénaristique préétabli s'efface vite pour laisser place à une succession de saynètes propices à mettre nos héros en situations lolesques. De la découverte de leur "gîte" bulgare à la rencontre d'un couple de Français dont le mari était dans la même école de commerce que Ben, aucun cliché ne sera épargné au spectateur, qui ne s'étonnera pas non plus des réactions de nos deux héros dont les contours ont été semble-t-il dessinés au Crayola.
Pour faire court et sans trop en dévoiler, le film a clairement été écrit pour le couple vedette, qui le porte d'ailleurs avec bravoure sur ses épaules. Car il faut bien le dire, occuper un tel vide scénaristique par sa seule présence relève de l'exploit, et Jonathan Cohen et Camille Chamoux ne sont pas très loin de l'accomplir. On ne peut simplement pas tout baser là-dessus, le cinéma étant à la base un moyen de raconter des histoires, et non pas le média-témoin d'un couple factice qui ne cesse d'en faire.
Posez-vous simplement la question : aimez-vous Jonathan Cohen et Camille Chamoux ? Si la réponse est « oui, je les kiffe de ouf, tous les deux ! », foncez voir Premières vacances. Dans tous les autres cas, restez chez vous et gardez votre argent.