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Focus sur… la beauté dans les séries

undefined undefined 25 octobre 2018 undefined 16h52

undefined undefined 25 octobre 2018 undefined 18h32

Inès Agblo

Bon… Pour commencer, on a une question toute simple à poser. Être beau, ça veut dire quoi ? Sortez vos stylos, vous avez 4 heures.

Depuis ses premiers pas, notre série de "Focus sur…" aime s’atteler aux thématiques clivantes. Ouais, ouais, une bad ass née on vous dit. Du coup, après avoir débattu de la nudité, du sexisme ou de la drogue, il était temps de se pencher sur la beauté dans les séries.

« La beauté ? Une thématique clivante ? », direz-vous. Hell, yeah ! La beauté est bel et bien une entité bien chiante que nul ne peut définir, tout simplement parce qu’elle est diverse pour tous. On valide donc qu’il s’agit d’un concept qui divise.

Cela dit, ne jouons pas aux ignorants… La société nous inculque bien évidemment des idéaux de beauté au quotidien (publicités, cinéma, télévision…). C’est pourquoi on devine sans grande difficulté que les Anges de Victoria’s Secret ne sont pas considérées comme les plus vilaines (même au-delà des goûts et des couleurs de tout un chacun).

Mais voilà… Le problème, c’est que Kim Kardashian est loin d’être représentative d’une norme, de même pour Gisele Bündchen. Malheureusement, ce sont bien des acteurs ou actrices typés comme des mannequins que nous retrouvons dans la plupart des séries. Allez, zoom sur cette tendance universelle de prôner un modèle de beauté unique sur les écrans.


Mannequins ou acteurs ?

C’est réellement une question que l’on peut se poser face à de nombreux shows.

En effet, il suffit d’aligner les affiches de bon nombre de séries assez mainstream pour constater de manière flagrante que les castings proposés sont le reflet de canons de beauté universels. Et pourtant, la fiction a souvent pour ambition d’être le reflet de la vie. Mais dans la vie, connaissez-vous un quartier où toutes les femmes ressemblent aux Desperate Housewives ? On ne dit pas que c’est impossible… Mais ma foi, ça n’est pas commun.

Le premier pas vers un réalisme plus authentique serait d’offrir un panel d’actrices avec une véritable diversité de morphologies. Ici, l’ensemble du casting peut aisément échanger de vêtements… Pas vraiment usuel au sein d’un groupe random.

television-focus-sur-la-beaute-dans-les-series-desperate-housewivesDesperate Housewives

D’autant plus que ces standards de beauté sont principalement adoptés pour les femmes. Dans le même show, les hommes, eux, affichent une pluralité de profils qui détonne avec leurs partenaires féminines. Et quand les personnages masculins sont dotés des traits conventionnels de beauté, ils écopent du statut de sex symbol à l’image de John le sexy jardinier qui tond la pelouse torse nu.

television-focus-sur-la-beaute-dans-les-series-desperate-housewivesDesperate Housewives

Pour faire la lumière sur ce mot d’ordre du beau à l’écran, il serait intéressant de mettre les shows en parallèle avec leur contexte dans la vie. Par exemple, est-ce qu’en composant au hasard une palette de chirurgiens hommes et femmes dans un hôpital américain, on obtiendrait un résultat semblable à celui de Grey’s Anatomy ? Honnêtement, on a de gros doutes.

television-focus-sur-la-beaute-dans-les-series-grey-s-anatomyGrey's Anatomy

Certes, l’idée est de vendre du rêve : on comprend que vous n’ayez pas nécessairement envie de voir votre simple médecin traitant au casting de votre série médicale préférée. Mais voilà, perpétuer une image surfaite n’est-il pas dangereux pour les spectateurs ? Au-delà du fantasme, cette tendance n’est-elle pas néfaste ?


Jeune audience : une superficialité dangereuse

Oui, il faut dire que cette tradition du beau est particulièrement adoptée au sein des teen series. Un fait on peut plus inquiétant, puisque le public concerné est jeune et au centre d’une période tendax : découverte de sa sexualité, de son corps, acceptation de celui-ci…

Du coup, on est clairement affolé face à ces nombreuses teen series qui choisissent des acteurs beaucoup plus âgés et calqués sur les codes de beauté de l’industrie pour jouer des lycéens lambda. À nouveau, on a envie de demander : si l’on choisissait un groupe de lycéennes par exemple, au hasard, dans un lycée… le résultat aurait-il la moindre chance d’aboutir au casting de Pretty Little Liars ?

television-focus-sur-la-beaute-dans-les-series-pretty-little-liarsAu lancement de la série, les "lycéennes" de Pretty Little Liars avaient entre 21 et 25 ans.

Non. Pour le coup, nous n’en avons pas le moindre doute. Tout simplement parce que ces actrices sont dans un âge plus avancé, où leur statut et leur corps de femme est déjà affirmé. Cela en plus de répondre à un schéma-type de beauté féminine. Ainsi, elles ne peuvent en aucun cas de près ou de loin prétendre être un groupe de lycéennes normales.

television-focus-sur-la-beaute-dans-les-series-riverdaleRiverdale

Il en est de même pour plusieurs teen shows tels que Les Frères Scott, Gossip Girl, ou plus récemment Riverdale.

television-focus-sur-la-beaute-dans-les-series-skamSkam

On entend bien que les networks ne veuillent pas prendre de risques en choisissant un cast’ trop jeune pour porter des rôles chargés de drama. Cela dit, certaines teen series réussissent très bien à bâtir une distribution crédible, alignée sur la tranche d’âge des personnages, et à laquelle il est aisé de s’identifier. Car oui, le crew de Skam est nettement plus crédible que celui d’Élite notamment. Nous avons simplement affaire à deux optiques : une beauté conventionnée et une beauté réaliste (exemptée de critères).

television-focus-sur-la-beaute-dans-les-series-eliteÉlite


Le vrai, c’est laid ?

Cette beauté exemptée de critères peut-elle être reléguée au rang de laideur ? Bien sûr, nous exagérons intentionnellement. Toutefois, à force de mettre en avant des vedettes stéréotypées, ces figures qui sont à l’image du plus grand nombre sont aussitôt qualifiées de militantes, différentes.

Quand Lena Dunham met en scène ses rondeurs dans Girls, elle brise les codes et assoit son féminisme. Alors qu’en soi… Il s’agit d’une belle femme, en formes, à la tête d’une série à succès. Devrions-nous applaudir ce qui devrait être une norme ?

television-focus-sur-la-beaute-dans-les-series-girlsLena Dunham dans Girls

Autre problème, cette tendance à mettre en scène des profils plus communs dans des contextes sociaux particuliers. Alors, oui, on est super contents de la diversité (à la fois physique et ethnique) offerte par Orange is the new black entre autres. Cependant, la série se déroule dans un cadre carcéral. Un milieu qui laisse socialement, dans l’idée, la place à une pluralité qu’on ne trouverait pas dans Dynastie logiquement… (bien qu’on devrait).

television-focus-sur-la-beaute-dans-les-series-orange-is-the-new-blackOrange is the new black

En principe pourtant, le milieu social ne devrait absolument pas être une excuse. Pour preuve, les femmes de ménage de Devious Maids nous évoquent étrangement une pub de grande marque de luxe. Étonnant et invraisemblable surtout.

television-focus-sur-la-beaute-dans-les-series-devious-maidsDevious Maids

Pour faire plus simple, toutes séries confondues (teen comme regular) devraient cesser de sélectionner leurs acteurs selon des diktats de beauté agaçants. D’autant plus qu’ils se glissent dans la peau de personnages qui devraient parler à tous (chirurgiens, adolescents, femmes au foyer…). Du coup, ne devraient-ils pas ressembler à Monsieur et Madame Tout-le-monde ? Bon, on dit ça, mais on ne se fait pas trop d’illusions. Le combat sera long…