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EXPO - Artistes et robots au Grand Palais, le robot peut-il être artiste ?

undefined undefined 3 avril 2018 undefined 18h08

undefined undefined 17 avril 2018 undefined 15h08

Olivia

Impossible de nos jours d’échapper aux robots ou aux intelligence artificielles, notamment dans l’entertainment. Quid du monde de l’art ? C’est ce qu’à voulu explorer le Grand Palais avec sa nouvelle exposition Artistes et robots. À travers une quarantaine d’œuvres dont certaines réalisées spécialement pour l’occasion, le musée examine l’évolution du robot et son rapport au monde de l’art. Une expo entre passé, présent et futur qui donne à réfléchir sur notre monde bousculé par la technologie. 


Le robot : une machine à créer

Dans sa première partie, l'exposition s'intéresse d'abord au robot élémentaire, « celui qui n’a aucune imagination, et qui agit selon la volonté de l’artiste qui les actionne », explique la commissaire Laurence Bertrand Dorléac. Le public est ainsi invité à découvrir le tout premier robot artistique créé par Nicolas Schöffer en 1956. « Ce robot est inventé au moment même où les scientifiques commencent à parler d’intelligence artificielle, soit l'ensemble des théories et des techniques visant à réaliser des processus qui simulent l’intelligence humaine », ajoute Laurence Bertrand Dorléac. 

Nicolas Schöffer, considéré comme l'un des pionniers de l’art robotique, pose les bases de cette nouvelle ère en déclarant : « Désormais l’artiste ne crée plus une œuvre, il crée la création ». Les différentes œuvres exposées nous donnent ainsi à contempler le mécanisme de la créativité des robots.

Nicolas Schöffer, CYSP 1, 1956 © Photo Aldo Paredes pour la Rmn-Grand Palais, 2018 © Adagp, Paris 2018 

On découvre ainsi le fameux robot de Nicolas Schöffer, CYSP 1, « la première sculpture cybernétique de l’histoire de l’art ». Cette sculpture contient un cerveau électronique qui réagit aux variations de son, d’intensité lumineuse et de couleur notamment.

Quant à Robot Art réalisé en 2017 par Leonel Moura, elle nous donne à voir un ensemble de robots réalisant de grands tableaux. Ils sont dotés d’un "petit" cerveau qui exécute des algorithmes en fonctionnant à partir de règles simples copiées des modèles comportementaux observés dans une colonie de fourmis.

Robot Art © Leonel Moura / photo Rmn-GP - Thomas Granovsky


Le robot : une œuvre programmée

Petit à petit le robot disparaît et laisse place à des formes générées par de nouvelles techniques. L’ordinateur donne naissance à des formes, à des images, qui se métamorphosent selon leur gré – remettant ainsi en question l’autorité de l’artiste qui délègue à la machine une partie de son pouvoir.  

L’œuvre immersive Reflexão #2 de Raquel Kogan s'avère déstabilisante. Des lignes lumineuses parallèles faites de chiffres se déplacent lentement sur le sol de l’espace. Chacun peut entrer dans cet espace digital, et ainsi devenir partie intégrante de l’œuvre d’art.

Reflexão #2 de Raquel Kogan © Photo Aldo Paredes pour la Rmn-Grand Palais, 2018 

Une autre œuvre se veut particulièrement intrigante. Pour l’exposition, l’artiste Jacopo Baboni Schilingi a réalisé Argo, une composition musicale générative et interactive. L’installation réagit à la respiration en temps réel du compositeur qui porte depuis le juin 2017, 24h24 et 7j sur 7, un capteur de respiration. Sa respiration est basée sur des trajectoires musicales écrites par la composition et vient les perturber. Chaque jour la musique est différente et se recompose à l’infini.

© Untitled, 2018, Peter Kloger, © Photo Aldo Paredes pour la Rmn-Grand Palais, 2018 

Sollicité tout au long de l'exposition, le visiteur est aussi invité à traverser un labyrinthe généré par ordinateur. Cette installation créée par Peter Kloger pour le Grand Palais nous donne ainsi à réfléchir aux « illusions optiques et aux qualités hypnotiques et manipulatrices des nouvelles technologies hypercomplexes ».


Le robot : à l'heure de l'émancipation

« Aujourd’hui on se demande si une intelligence artificielle peut créer de toute pièce et même si elle peut avoir une conscience, voire si elle peut donner la vie éternelle. Ce rêve de voir des créatures artificielles capables de nous dépasser, voire de nous remplacer est vieux comme le monde. (…) Est-ce que l’artiste pourrait se faire doubler par la machine ? », questionne Laurence Bertrand Dorléac dans cette troisième partie.

L’installation vidéo interactive, Portrait on the fly de Christa Sommerer et Laurent Mignonneau montre par exemple un essaim de mouches virtuelles bourdonnant sur un écran et formant la silhouette des regardeuses et des regardeurs en temps réel, mais le portrait n’atteint jamais un état stable. Les artistes interrogent ici le culte du selfie notamment.

Autre œuvre surprenante : un court-métrage de science fiction imaginé par Oscar Scharp mais écrit entièrement par l’intelligence artificielle d’un robot nommé Benjamin – qui s’est nourri et qui a décortiqué une dizaine de scénarios de science-fiction pour créer une histoire complètement surréaliste.

Le robot peut-il supplanter l'artiste ? « Jusqu’à preuve du contraire, non », choisit de répondre Laurence Bertrand Dorléac. « L’artiste est toujours maître à bord et ne délègue à son robot qu’une partie de son pouvoir. Autrement dit son robot reste son esclave ».

Une immersion qui donne à voir l'importance du robot en tant que co-auteur de l'œuvre. Pour autant, « Nous rendra-t-il plus humain, plus artiste ou plus robot ? ». La question reste ouverte. 


Exposition Artistes & Robots

Grand Palais
Du 5 avril au 9 juillet 2018
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