Toutes les palettes d’Auguste Herbin au Musée de Montmartre

undefined 18 juin 2024 undefined 16h00

Clémence Varène

Nombreux sont ceux qui ignorent sans doute le nom d’Auguste Herbin. Pourtant, cet artiste peintre unique, qui passa la majeure partie de sa vie à travailler dans Paris, fait partie de ceux qui méritent d'être davantage mis en lumière. Et pour cause, Herbin, c’est un génie créateur sans fin, une capacité à l’innovation et à la rupture jamais égalée, et des œuvres tout simplement bluffantes.


Une multiplicité de styles

Il serait sans doute impossible de résumer le travail d’Auguste Herbin en quelques mots. Il faut dire que celui qui fut tour à tour adepte de l’impressionnisme, du fauvisme, du cubisme ou encore de l’art abstrait se présente aujourd’hui au Musée de Montmartre comme un peintre multiple, aussi complexe qu’intéressant. Van Gogh, Cézanne, Gauguin, Picasso, ses influences et amis se suivent et ne se ressemblent pas, et une chose est sûre, ça se voit.

Ce peintre précoce, qui a réalisé ses premières toiles à 14 ans à peine, et créa sans cesse jusqu'à sa mort 64 ans plus tard, a eu le temps d’emprunter divers chemins, d’évoluer pour ainsi dire dans le domaine de la création. Il n'hésite d'ailleurs pas à pousser celle-ci à l’extrême en allant jusqu’à inventer son propre alphabet, composé uniquement de formes et de couleurs. Un procédé assez fascinant, qui est avant tout un moyen pour l’artiste de se détacher de toute contrainte, et d'ainsi atteindre une liberté totale.

Une volonté qui se retrouve tout au long du parcours de l’exposition, à travers chacune des toiles qui, si elles ont longtemps suscité une certaine incompréhension – quand ce n’est pas une certaine indignation –, ne peuvent aujourd’hui que nous bluffer. Mais au milieu de cette profusion de styles, de ces mélanges de formes, de courbes, de paysages abstraits et de portraits au réalisme troublant, un facteur commun traverse l'œuvre du peintre.


Une apologie de la couleur

Avant même d’avoir franchi les portes de l’exposition, il suffit d’en regarder la magnifique affiche pour savoir où l’on va mettre les pieds. Au fil des salles, il n’y aura qu’un seul mot d’ordre : la couleur avant tout. Tout au long de sa carrière, Auguste Herbin n’a eu d’autre but que de s’affranchir de la forme pour libérer la couleur, et mettre celle-ci au centre de son art.

À travers une centaine de tableaux, parfois à l’encontre de ses contemporains, Herbin ne déroge jamais à cet amour de la teinte et de la nuance, comme on peut le constater avec ses objets monumentaux sur bois, des œuvres en trois dimensions absolument fascinantes, qu’on ne se lasse pas d’observer sous tous les angles. Il en est de même face à ses travaux abstraits aux contrastes saisissants, inspirés par les théories de Goethe sur la couleur.

Articulée autour de sept périodes de création bien distinctes, extrêmement complémentaires, l’exposition met en avant chacune des facettes de cet ancien résident du célèbre Bateau-lavoir (fréquenté entre autres par Picasso ou Braque), où il créa pendant 18 ans. Un portrait parfait, qui redonne toutes ses lettres de noblesse à l’un des artistes les plus méconnus de l’art moderne, et dont on ressort les yeux pleins de couleurs, et le cœur un peu plus léger !


Auguste Herbin, le maître révélé

Musée de Montmartre
12, rue Cortot – 18e

Du 15 mars au 15 septembre 2024
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