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Bagdad mon amour : un pont à travers l\'histoire de l\'Irak

undefined undefined 29 mars 2018 undefined 18h28

undefined undefined 6 avril 2018 undefined 16h21

Cyrielle

Bagdad mon amour résonne comme un cri du cœur, d'espoir et de chaleur, à l'attention de tous les artistes qui ont fait ou font encore triompher la culture dans cette région du monde. Un cri qui résonne fort. 


Bagdad fut l'un des berceaux de la spiritualité islamique. Les plus grands maîtres à penser y vécurent, et l'enseignement de la doctrine soufie de l'Ecole de Bagdad continue de se perpétuer dans le monde musulman. Mais l'Irak est aussi un pays de tragédies. En dehors des incommensurables pertes humaines de ces dernières décennies, les destructions de patrimoine, elles aussi, se poursuivent.

C'est face à cette volonté des obscurantistes de briser l'humain en brisant sa création, d'annihiler son passé et ses origines, que s'érige l'exposition Bagdad mon amour. En prêtant ses murs aux artistes d'hier ou d'aujourd'hui, qu'ils soient là-bas ou en exil, elle fait enfin – du moins ici, à Paris – triompher la culture.

Cloth Windows : For my mother, 1993 © Ali Assaf, crédit photo : Giampiero Ortenzi

À travers des archives inédites, des œuvres jamais exposées en France, mais aussi des spectacles, des films ou encore des conférences, l'ICI instruit autant qu'il interroge sur les multiples facettes d'une ville, tantôt cosmopolite et décomplexée, tantôt ravagée et étouffée. 

Retour sur trois moments-clés, qui en disent long sur la portée aussi artistique que politique de ce cycle.


Diversité architecturale et cosmopolitisme à Bagdad

Nous voilà plongés dans les années 50-60. Bagdad la belle est en plein boum économique. La ville se modernise et les constructions explosent. Tous les courants architecturaux y sont alors représentés et les plus grands noms de l'architecture d'Europe et des États-Unis y laissent leur empreinte. On découvre à Bagdad autant de visages que de styles architecturaux immortalisés par Latif Al Ani, l'un des tous premiers à photographier Bagdad avec un œil irakien. Un mur de photos en noir et blanc qui nous racontent l'effervescence et la diversité architecturale de la ville et surtout comment elle participait à une certaine idée du cosmopolitisme. 

Tahrir Square à Bagdad ©LATIF_AL_ANI - Courtesy Ruya Foundation

Entre patrimoine et vestiges, son œuvre documentaire se poursuivra jusqu'à l'arrivée de Sadam Hussein dans les années 1970. Pour Latif, la photo devait accompagner uniquement le progrès...


L'art occulté de Mossoul 

Dans la petite salle rectangulaire discrètement nichée au fond de l'antenne du 19, rue Léon, l'exposition rend hommage à la ville de Mossoul. Une ville ravagée par des années de combats, entre frappes aériennes de la coalition anti-djihadiste à la rescousse des troupes irakiennes dans la reconquête du territoire, et les pillages des combattants islamistes de l'État Islamique (accusés au passage d'utiliser la population locale comme bouclier humain). Au mur, quelques photos de la richesse du patrimoine et des œuvres, mais surtout des carrés blancs, cerclés de noir, dont le vide rappelle sobrement les œuvres aujourd'hui détruites ou manquantes. 

Hilal Annaz, La mosquée Al Safar, 2017 © Hilal Annaz, Mosul Eye Bureau


La mémoire retrouvée

Face à nous, cette toile, grande et colorée. Mystérieuse. Une œuvre d'art que l'on scrute avec attention comme pour en percer le mystère. Si la toile, abstraite, parle mais ne raconte pas, son histoire le fait pour elle. Car cette œuvre est celle de Lorna Selim, la femme du célèbre artiste irakien Jewad Selim, l'un des fers-de-lance du mouvement Bagdad Modern Art group, aujourd'hui décédé, et dont l'œuvre a été entièrement détruite. Soucieuse de conserver son héritage artistique, Lorna reproduira à l'identique l'œuvre de son défunt mari. Une histoire qui symbolise à elle seule l'engagement des artistes irakiens, qui œuvrent pour la sauvegarde et la réinvention d'un héritage culturel auquel le monde doit tant. Et force l'admiration. 


Danses, conférences et soirées

Vous en voulez encore ? En plus de l'expo, l'ICI proposera des conférences, pour se pencher sur divers aspect sociaux, culturels ou religieux de l'Irak, comme la sauvegarde du patrimoine en zones de conflits, la situation des journalistes en Irak, la bataille de Mossoul ou le modernisme architectural et littéraire irakien.

Le Voyage de Zyriab © Bab Assalam

Et à l’occasion du ramadan, on nous donne rendez-vous chaque samedi pour une soirée exceptionnelle avec Les Contes des Mille et Une Nuits, des iftars à partager en famille ou entre amis, des spectacles et autres projections en plein air !

A ne pas manquer !


Bagdad Mon Amour
à l'
Institut des Cultures d'Islam

56, rue Stephenson et 19, rue Léon - 18e
Jusqu'au 29 Juillet 2018