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Cézanne et Kandinsky à l’Atelier des Lumières : l'art virtuel à son apothéose

Publié le 11 février 2022 à 17h10

Modifié le 17 février 2022 à 17h57

par Bérénice H

Ces derniers mois, les fauves de Dali se jetaient sur nous et nous plongeaient dans l’ambiance surréaliste du peintre. Ce sont maintenant les fleurs et les paysages champêtres de Cézanne qui s’approprient les parois de l’Atelier des Lumières.

Cézanne nous transporte dans sa Provence

Peintre postimpressionniste, Paul Cézanne envahit l’Atelier des Lumières. Son univers vacille entre sa forte influence impressionniste, ses démons intérieurs, et surtout, son attachement à la Provence. L’exposition retrace ces trois mouvements, tous indissociables de l’auteur. 

On est tout d'abord surpris par l’omniprésence des natures mortes, peu mises en avant dans les biographies de l’auteur. Pommes et fleurs viennent enrichir le décor en emportant le visiteur dans un tourbillon de couleurs.


Les pommes de Cézanne © Culturespaces / E. Spiller

Puis, on découvre une phase beaucoup plus sombre de ce peintre : ses autoportraits. Le tout premier autoportrait de Paul Cézanne est peint en 1862 à partir d'une photographie. Il a alors 23 ans. C'est un garçon torturé qui écrit des poèmes violents. Cette noirceur ne le quittera pas. Les violons de la musique d’Emmanuelle Haïm nous transportent dans les agitations de l'artiste. Dans Cézanne chapeau melon, il se dessine la tête redressée, comme prolongée vers le haut par son chapeau melon : le peintre nous défie du regard. L’art numérique prend tout son sens : c'est expérimenter l’art d’une manière émotionnelle. 


Cézanne nous défiant du regard © Culturespaces / E. Spiller

Dans la suite du parcours, la tension s’apaise et le visiteur se retrouve au cœur des villages de Provence. Cézanne apprend dès son adolescence à s'approprier la Provence lorsqu'il part, en compagnie de Zola, se promener des journées entières dans les garrigues qui entourent la montagne Sainte-Victoire. Celle-ci, qu'il peignit tant de fois, est comme le centre de gravité de son imaginaire personnel, que jalonnent aussi les noms de Château Noir, belle demeure au milieu des pins, de Bibémus, site des carrières de la ville d'Aix, ou de Bellevue. Les images mouvantes, flottantes, presque dansantes, retranscrivent à merveille l’ambiance du Sud de la France. Véritable apothéose, cette aller simple pour la Provence est une véritable réussite. On entendrait presque le son des cigales.


© Culturespaces / E. Spiller

Kandinsky nous éblouit avec son art abstrait 

Après « Cezanne, Lumières de Provence », l’Atelier des Lumières présente une création d’une dizaine de minutes, réalisée à partir des œuvres de l’artiste visionnaire, Vassily Kandinsky. L’exposition immersive se déroule en deux temps, scindée par l’avènement majeur de l’invention de l’abstraction. La première partie évoque les débuts figuratifs de l’artiste. À cette époque, bien que sa peinture soit très colorée, on reconnaît parfaitement le sujet de ses peintures. Le folklore, les légendes, les contes, la peinture traditionnelle et surtout Moscou, qui est pour lui l’origine de l’âme russe, vont profondément marquer son œuvre.


Kandinsky © Culturespaces / E. Spiller

La seconde partie est plus expérimentale, dévoilant la force de mouvement et de rythme des formes et de la couleur. Kandinsky découvre l’importance de la couleur car il voit son tableau posé à l’envers. Ainsi, il ne s’occupe plus du sujet mais se concentre sur la couleur et décide d’abandonner définitivement la représentation figurative. C’est ainsi que nait Jaune, rouge, bleu (1925). S’approchant de la musique, la peinture s’affranchit progressivement de la contrainte de la représentation et ne prend plus pour référence le monde réel mais l’intérieur de l’être.


Kandinsky © Culturespaces / E. Spiller

Atelier des Lumières
38, rue Saint-Maur – 11e
Du 18 février 2022 au 2 janvier 2023
Du lundi au jeudi de 10h à 18h. Nocturnes les vendredis et samedis jusqu'à 22h et les dimanches jusqu'à 19h.
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La série Adolescence sera diffusée dans les collèges et lycées britanniques

Publié hier à 20h00

par Flora Gendrault

Downing Street l’a officiellement annoncé en début de semaine : la mini-série Adolescence, sur toutes les lèvres depuis sa sortie, sera bel et bien diffusée gratuitement dans les collèges et lycées britanniques. Une mesure initiée par le Premier ministre Keir Starmer lui-même, qui avait publiquement pris la parole pour vanter les mérites d’un programme extrêmement bien mené et instructif, soulevant des questions sociétales cruellement d'actualité


Prouesses technique et scénaristique  

Adolescence a beau n’être sortie qu’à la mi-mars, c’est peut-être déjà la meilleure série de l’année. En débarquant sur Netflix, et sans avoir pourtant fait l’objet d’une campagne promotionnelle démesurée, elle a immédiatement reçu un accueil extrêmement favorable de la presse et des spectateur·rices, et ce aux quatre coins du globe. 

Un coup de maître des créateurs, Jack Thorne et Stephen Graham, lesquels sont parvenus à mettre en scène de manière magistrale les causes et conséquences du meurtre de Kathy, adolescente de 13 ans, poignardée à de multiples reprises par Jamie, un camarade de classe du même âge. Le tout en (seulement) quatre épisodes tournés intégralement en plan-séquence, renouvelant ainsi cette technique largement exploitée au cinéma, moins sur le petit écran, autour d’un récit nerveux traitant de thématiques liées à la jeunesse. 


Dénoncer la spirale du masculinisme
 

Ces thématiques, quelles sont-elles ? Le harcèlement scolaire, la construction de genre sur les réseaux sociaux, et notamment la culture "incel", ces hommes involontairement célibataires qui accusent les femmes de les rejeter. Dans Adolescence, en immersion au cœur d’un commissariat, puis d’une école, et enfin d’une maison de famille, on comprend que Jamie (époustouflant Owen Cooper, nouveau prodige du milieu), élevé à la dure, impopulaire, s’est peu à peu enfermé dans la spirale du masculinisme, jusqu’à commettre un féminicide. Une misogynie alimentée par son activité sur Internet, où se créent de nombreuses communautés réactionnaires, séduites par la théorie du 80/20 d’Andrew Tate, selon laquelle 80% des femmes ne seraient attirées que par 20% des hommes. 


De l’ordinateur au Parlement 

Au Royaume-Uni, terre de tournage mais aussi théâtre d’attaques de même nature ces dernières années, Adolescence a connu une résonnance toute particulièrement. Jusqu’à dépasser les frontières de l’écran : la série a ravivé le débat sur l’utilisation des téléphones, mais aussi sur l’éducation, levier essentiel pour déconstruire les idéologies véhiculées sans régulation sur le web. Diffuser Adolescence au palais de Westminster ainsi que dans les collèges et lycées depuis une plateforme partenaire à Netflix, comme l’avaient publiquement encouragé la députée travailliste Anneliese Midgley, puis Keir Starmer, en marque la première étape. 

« C'est une initiative importante pour encourager le plus grand nombre possible d'élèves à regarder le programme », a déclaré le Premier ministre, qui a lui-même vu la série avec ses enfants adolescents, comme 66 millions de personnes en deux semaines sur Netflix. Un record pour une mini-série britannique ! 


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