D’un côté, des créations inédites et monumentales qui investissent (littéralement) tous les espaces du musée. De l’autre, une déambulation intime et sensible parmi des objets et des œuvres issus des trois fonds du musée : art contemporain, histoire, et témoignages et société. Voilà le programme que vous propose en ce moment le Palais de la Porte Dorée, une double exposition extrêmement complète, qui nous offre une ouverture exceptionnelle sur le monde, à découvrir au plus vite. Et, à bon entendeur, c’est gratuit pour les moins de 26 ans !
De l’art, partout et par tous
À peine la lourde porte du Palais de la Porte Dorée passée, nous voici plongés au cœur de cette exposition majestueuse. Dans le hall, les immenses "oiseaux poètes" en pleine migration imaginés par Claude Closky côtoient le mobile de Katinka Bock. Un étrange assemblage d’anciens tuyaux du musée, mais aussi d’objets récupérés auprès du personnel de l’institution, soigneusement emprisonnés à jamais dans la céramique.
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Car pour imaginer cette carte blanche pas comme les autres, chacun des 13 artistes internationaux est entré en dialogue avec les commissaires de l'exposition, avant d'échanger plus en profondeur avec les habitants du musée, que ce soient les visiteurs, les agents d’entretien, les animaux, ou les figures du Palais. En résultent des œuvres qui, chacune à leur manière, évoquent des questions de déplacement, de réseaux, de mouvements et d’héritages.
On aime particulièrement l'œuvre de Juliette Green qui, au cœur de l’aquarium tropical, évoque le rapport entre les poissons qui peuplent le lieu et les frontières, pour comparer leur expérience de migration à celle des humains. Ou bien la Myanmar House de Aung Ko, une création inspirée par les maisons traditionnelles de Birmanie, d’où est originaire l’artiste, conçue avec des tissus récoltés pour l’occasion auprès du personnel du musée, et cousus avec des visiteurs !
Laetitia Tura, Je suis pas mort, je suis là (titre de la série). Disparitions - Bateau échoué. Zarzis, Tunisie, 2012 © Laetitia Tura
Regards croisés sur l’immigration
Après cette introduction tout en poésie, l'institution nous propose d’ouvrir notre vision sur le monde et l’immigration à travers le prisme de l’invisibilité. Art contemporain, histoire et témoignages cohabitent et dialoguent ici pour lever le voile sur les récits de l’immigration, qu’ils soient collectifs ou personnels. L’occasion pour le musée de revenir sur 20 ans d'acquisitions.
Au fil des trois étapes de l’exposition, on découvre avec émotion des témoignages, des œuvres et des objets d’archives qui nous plongent dans la réalité des flux migratoires et des conditions de vie des migrants en France. Portraits, cartes de téléphone, créations artistiques fascinantes (comme l'oeuvre en savons de Marseille de Taysir Batniji, qui porte haut et fort les valeurs de liberté et l'échange) ou encore un véritable kwassa-kwassa, embarcation utilisée par les migrants de Mayotte, se succèdent pour rendre visibles ceux qui, trop souvent encore aujourd’hui, sont voués à l’invisibilité.
Taysir Batniji, L’Homme ne vit pas seulement de pain #2, 2012 © Adagp, Paris, 2024
Portée par les textes poétiques et puissants de Nathacha Appanah, chaque partie révèle l’un des aspects de la migration : le départ, qui implique généralement de laisser une vie entière derrière soi, l’arrivée, et la reconstruction personnelle qu’elle implique, et enfin l’après, en liant histoires personnelles et universelles, ou en retraçant le parcours entier de familles pas comme les autres.
C’est donc un dialogue entre les œuvres, les témoignages et les âmes que nous livre le Palais de la Porte Dorée, dans une double exposition aussi juste que forte. En mêlant histoires passées et art contemporain, l’institution nous livre un regard neuf, complet et pertinent sur l’immigration, à travers une exposition humaine et symbolique dans laquelle chacun trouvera son compte.
Diane Grimonet, Les sans-papiers en France. Manifestation à Paris pour demander la régularisation de tous les sans-papiers, l’arrêt des expulsions, la fermeture des centres de rétention et la libération de tous les sans-papiers emprisonnés pour défaut de papiers, 2000 © Diane Grimonet
Chaque vie est une histoire
Palais de la Porte Dorée
293, avenue Daumesnil – 12e
Jusqu’au 9 février 2025
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