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L’impressionnante rétrospective de David Hockney au Centre Pompidou

undefined undefined 29 juin 2017 undefined 09h31

undefined undefined 3 juillet 2017 undefined 11h03

Olivia

Vous connaissez probablement David Hockney sous le prisme de ses peintures hédonistes et colorées de la Californie des années 60. Mais ces toiles qui ont fait sa notoriété ne sont qu’un aperçu de son œuvre protéiforme. A l’occasion des 80 ans de l’artiste, le Centre Pompidou en collaboration avec la Tate Britain à Londres lui consacre une rétrospective sensationnelle rassemblant plus de cent soixante peintures, photographies, gravures, installation vidéo, dessins, ouvrages... L’occasion de découvrir l’œuvre complexe d’un artiste qui tout au long de sa vie n’aura jamais cessé de remettre en cause sa façon de créer.  


Un artiste versatile

L’exposition organisée de manière chronologique retrace l’évolution de David Hockney. De l’école d’art de Bradford (1953) au Royal College of Art de Londres (1959), Hockney s’inspire de l’expressionisme abstrait du peintre anglais Alan Davie – le premier à s’imprégner des leçons des expressionnistes abstraits américains (Jackson Pollock, Willem de Kooning…). Artiste engagé et avide de s’exprimer, ses Propaganda Paintings promeuvent le végétarisme puis l’homosexualité.

Hockney puise ses inspirations chez Jean Dubuffet dont il retient la stylistique du graffiti, et chez Francis Bacon, artiste audacieux qui parle explicitement de l’homosexualité. L’œuvre de Picasso le marque durablement et le convainc qu’un artiste peut avoir différents styles. « Il [Picasso] pouvait maîtriser tous les styles. La leçon que j’en tire c’est que l’on doit les utiliser tous », a-t-il confié. Ses peintures sont alors une démonstration d’un réel éclectisme stylistique. Il nomme une de ses premières expositions Démonstration de versatilité, qui rassemble une série de tableaux, prenant la forme de collages.

 David-Hockney David Hockney Self Portrait 1954 Collage sur papier journal ∏ David Hockney photo Richard Schmidt


Un artiste fasciné par la Californie

Hockney s’envole pour la première fois à Los Angeles en 1964, temple selon lui de l’hédonisme et d’une société tolérante envers l’homosexualité. Il commence la peinture acrylique et produit ainsi des tableaux colorés, intenses et précis. Il transpose d’une part les images des magazines gay et d'autre part réalise des peintures où il laisse une marge blanche comme celle des photos polaroïds ou des cartes postales.

S’il y a bien une chose à laquelle il revient sans cesse, c’est le portrait qu'il produira à n’importe quelle période de son art, et qui montre sa « nature profondément empathique ». « Il n’a jamais peint ou dessiné que ses proches, ceux qu’il veut séduire ou qui exercent sur lui un pouvoir de séduction », nous explique-t-on. En 1968, il réalise une série de grands doubles-portraits. On ne peut s'empêcher d'y voir les influences d'Edward Hopper, Balthus ou Vermeer. David Hockney ne cessera de changer de style. Au milieu des années 1960, l'artiste établit une distinction entre les deux tendances stylistiques de ses peintures récentes : celle marquée par un souci d’expérimentation formelle (Technical Pictures), celle attachée au contenu narratif (Extremely Dramatic Pictures). 

 hockney David Hockney A Bigger Splash 1967 Acrylique sur toile ∏ David Hockney Collection Tate, London


Un artiste adeptes des polaroïds

Depuis les années 60, Hockney réalise des photos. Mais au début des années 80, il se munit d’un polaroïd et révolutionne son usage qu'il considère obsolète. Il se place en tant que regardeur et projette ses impressions dans l’espace et le temps, nous explique-t-on. Une fois encore il s’inspire de Picasso et du cubisme, et choisit de juxtaposer les clichés comme autant de points de vue différents.

hockney David Hockney Looking at Pictures on a Screen 1977 Huile sur toile ∏ David Hockney.

Plus tard, Hockney effectue des peintures dans lesquelles il s’éloigne de la « perspective classique ». Pour cela, il s’inspire des rouleaux de la peinture chinoise pour créer des œuvres dans lesquelles il enregistre et dépeint les impressions d’un spectateur en mouvement. On assiste alors à une multiplication des points de vue dans ses tableaux montrant ainsi la foule de sensations que l’on peut éprouver dans le temps.


Un artiste en constante évolution

Preuve de sa constante évolution, la série Quatre Saisons est absolument bluffante. Il réalise ainsi une monumentale installation des Quatre Saisons composée d’images multi-écrans (dix-huit par image) qu'il a obtenues en enregistrant simultanément avec 18 micro-caméras haute définition. Hockney qui n’avait plus connu qu’une seule saison en Californie, renoue ici avec le cycle de la nature, et livre une pièce absolument hypnotisante.

hockney David Hockney The Four Seasons Woldgate Woods 2010-2011

En avril 2010, David Hockney choisira l’iPad pour produire plusieurs centaines d’images. « [...] j’ai rejoué l’exécution de mes dessins sur iPad [...]. Dans Le Mystère Picasso, on voit Picasso peindre sur du verre. Il a vite compris que ce n’était pas l’œuvre finale qui comptait, mais plutôt tout ce qui la précédait. On le voit donc changer de direction et de sujet à une vitesse hallucinante. Avec un iPad, on peut faire exactement la même chose. », a-t-il expliqué. 

Outre son adaptation à l'évolution du temps, la pertinence de l'art de Hockney réside peut-être avant tout dans sa vision des choses : « Je crois au pouvoir de l'art. [...] Je crois également que l'art peut changer le monde »  (Ma Façon de voir, ed. Thames & Hudson, 1995). 


David Hockney

Rétrospective au Centre Pompidou
Jusqu’au 23 octobre 2017