Dans l’art de susciter la curiosité, de provoquer, d’interpeller et d’interloquer, Georges Mathieu fait mouche à chaque fois. Que ce soit à travers ses tableaux de bataille, ses médailles originales ou ses affiches publicitaires pour Air France, l’artiste n’a de cesse de vouloir se démarquer, s’imposer, et surtout donner à voir une toute nouvelle conception de l’art, comme expression immédiate de la subjectivité dans laquelle il évolue.
L’art comme champ de bataille
Cette coproduction Monnaie de Paris x Centre Pompidou, qui inaugure le programme Constallations hors les murs, rend hommage à l’un des artistes majeurs du XXe siècle, figure de l'expressionnisme abstrait à la française. Dès la première salle, on est frappé d’emblée par la dimension des toiles du peintre, mais aussi par la brutalité qui se dégage des œuvres de celui qui s'inspire de l’histoire de France pour créer un art vivant, plein de symboles et d’un chouïa de provocation.
Georges Mathieu, Hommage au maréchal de Turenne, 19 janvier 1952 - Collection Centre Pompidou, Paris Musée national d’art moderne, Centre de création industrielle © Centre Pompidou, MNAM-CCI/Audrey Laurans/Dist. Grand Palais RMN © Adagp, Paris, 2025
Au fil des espaces, la Monnaie de Paris décline toutes les facettes de la personnalité du peintre, dont les créations sont dictées seulement par une frénésie du geste et de l’instant présent. De chacune se dégage une abstraction et une ambivalence certaines, aussi bien quand Mathieu use et abuse de la couleur que quand il se lance le défi d’épurer ses œuvres, en sublimant le blanc ou en réduisant ses gestes au strict minimum.
Un artiste qui s’impose dans le paysage des Français
À travers cet événement inédit, la Monnaie de Paris revient également sur une collaboration du vivant de l'artiste, puisque Georges Mathieu est à l’origine du design de la pièce de 10 francs, mais aussi d’une série de 18 médailles, art très particulier dont il révolutionne les codes. Un moyen pour l’institution de mettre en avant la volonté du peintre de s'imposer dans l’espace public par tous les moyens et de casser les manières de l’art “traditionnel”.
Georges Mathieu, Piéfort 10 francs, 1979 - Collections historiques de la Monnaie de Paris © Monnaie de Paris © Adagp, Paris, 2025
Affiches de publicité, statuettes des 7 d'or (les César de la télévision), timbres, mobiliers, pièces et même logo de la chaîne Antenne 2, Mathieu n’aura de cesse d’investir tous les aspects de la vie des Français pour partager son art avec le plus grand nombre. Grâce à des vidéos d’archives et à plus de 125 œuvres et archives, le musée nous plonge dans le processus créatif fascinant de l'artiste.
Georges Mathieu, précurseur du street art ?
Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, en parallèle de la rétrospective, la Monnaie de Paris vous invite à découvrir l’exposition Graffiti X Georges Mathieu. Pour cela, l’institution a invité 6 grands noms du street art à dialoguer avec les œuvres du peintre, dont les techniques et la vitesse d'exécution sont très proches des pratiques de l’art urbain. En solo ou en duo, Lek & Sowat, Nassyo, Camille Gendron & Matt Zerfa, ou encore JonOne investissent (littéralement) les murs de l’institution pour tisser un parallèle absolument saisissant entre les époques, les générations et les formes de l’art.
Vue de l'exposition Graffiti x Georges Mathieu © Didier Plowy
Georges Mathieu. Geste, vitesse, mouvement
Monnaie de Paris
11, quai de Conti – 6e
Jusqu’au 7 septembre 2025
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