Un ensemble d’œuvres et de documents d’artistes, de journalistes, d’amateurs mais aussi d’ingénieurs, d’architectes, d’entrepreneurs réunis pour une exposition. Saisir la complexité du chantier, d’un point de vue de l’urbanisme mais également socio-culturel, voilà ce que propose L'art du chantier à la Cité de l'architecture.
Née d’une collaboration entre spécialistes de l’art et spécialistes de la technique, cette exposition recense des œuvres autour du chantier depuis la Renaissance. Elle propose une lecture technique mais aussi sociale, politique et artistique du chantier. Un théâtre pour les politiques qui aiment y défiler ou pour les ouvriers représentés comme héros ou opprimés. Au XXe siècle, il inspire les artistes par son caractère transitoire et évolutif et contribue à transformer l’art et l’architecture.
©Percement de l’avenue Junot à Montmartre (1910), par Maximilien Luce. Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis/J.-L. Cormier
Le parcours de l’exposition
Trois thématiques sont abordées tout au long de cette exposition : les travaux grandioses qui dépassent les limites communes, la mécanisation et l’automatisation des chantiers et enfin la démolition, qui précède très souvent les travaux. Les grands chantiers dans une ville ou un pays peuvent faire part du niveau de développement, peuvent servir de vitrine. C’est pourquoi les sociétés placent leurs espoirs dans les progrès techniques et l’acte de bâtir. Symbole de l’inventivité et de la puissance humaine, il permet de montrer sa force en s’élevant toujours plus haut, en soulevant plus lourd, en transformant la nature…
Le chantier est aussi le théâtre des hommes au travail ; personnages bien connus dans une société, ils peuvent être méprisés, fantasmés, ou admirés. Le bâtisseur héroïque est une figure qui traverse le XXe siècle. Il est revendiqué par les pouvoirs qui s’opposent dans les grands conflits idéologiques. Cette notion de vitrine est poussée jusqu’au bout puisque l’histoire nous montre que les politiques aiment à se faire voir dans les chantiers ; on se souvient de Louis XIV visitant Versailles, de Napoléon au Louvre ou plus récemment de Mitterrand sur le chantier du Grand Louvre.
©Lewis Wickes Hine, Icare, tout en haut de l'Empire State, 1931
Le chantier dans l’imaginaire collectif
Outre la figure de l’ouvrier viril perché en haut des bâtiments ou de l’ouvrière libre et volontaire, le chantier est un évènement autour duquel gravitent badauds, petits vendeurs, enfants de rue, promeneurs, vagabonds. Le chantier crée de la curiosité, fait parler les bavards, embarrasse certains pour l’espèce de chaos urbain qu’il crée. Pendant la trêve nocturne, les acteurs changent. Le chantier représente un endroit à l’abri des regards, écarté de la ville, attirant d’autres groupes sociaux à la recherche d’isolement et de tranquillité. Parfois le théâtre d’activités plus ou moins innocentes, trafics et luttes des populations vulnérables, le chantier est un microcosme.
Dans cette exposition, la limite entre art et chantier se fait mince. C’est tous les aspects de la construction urbaine qui sont démontrés. De sa technique à son impact culturel, de son utilisation alternative ou la création d’un lieu jamais vu auparavant. Présent au coin de notre rue, éparpillé dans la ville, vous ne le remarquez peut-être même pas mais le chantier recèle bien des trésors. Une exposition qui nous aide à comprendre un peu plus le monde qui nous entoure.
Cité de l'architecture et du patrimoine
1, place du Trocadéro et du 11 novembre – 16e
Métro Trocadéro
Ouvert tous les jours sauf le mardi
De 11h à 19h
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h
Plein tarif : 9€
Tarif réduit : 6€