Les images sont insoutenables. Tournées sur trois jours entre juin et septembre, elles montrent des animaux dans des cages à peine plus grandes que leurs corps, des truies qui écrasent parfois leurs petits à cause du manque de place, qui fait qu'elles peinent à se lever. Dans cet élevage de Limoise, dans l'Allier, on semble bien loin des objectifs affichés par la marque française Herta, qui affiche fièrement ses engagements "responsables" sur son site, mettant à disposition son rapport RSE (responsabilité sociale et environnementale). "Pour garantir la qualité de nos produits, nos fournisseurs sont sélectionnés rigoureusement, et nous réalisons régulièrement des audits." promet la marque sur son site, qui a créé en 2013 sa propre filière "préférence", "une démarche plus respectueuse de l’environnement et du bien-être animal. assure Herta. Parmi les engagements pris par les éleveurs de cette filière, celui du bien-être animal : "Tous les éleveurs « filière Préférence » sont engagés à nos côtés pour faire évoluer les pratiques d’élevage." déclare la marque.
Dans la vidéo de l'association de L214, on est pourtant bien loin du bien-être animal promis par la marque qui promeut "le goût des choses simples" : "Les porcelets naissent dans un environnement de métal, de plastique et de béton. Dès leurs premiers pas, ils se coincent les pattes dans les fentes du sol ajouré. Sans soins et sans attention de leur mère, totalement bloquée, de nombreux porcelets meurent à la naissance. On voit sur les images l’éleveur assommer des porcelets jugés trop chétifs." décrit L214 sur son site dans son enquête "le (dé)goût des choses simples". Des truies qui ne voient pas la lumière du jour sauf pour aller à l'abattoir, des cochons qui vivent sans paille, sur un sol de caillebotis dur dans lequel certains cochons se coincent les pattes, d'autres avec des hernies de la taille "de ballons de foot", un cochon mort dont le cadavre commence à se faire manger par ses semblables - la loi oblige à isoler les cadavres... "Au lieu de donner plus de place et de la litière aux cochons, on leur coupe systématiquement la queue pour éviter qu’ils se mordent et se blessent", souligne l'association qui rappelle que "cette pratique d’élevage est interdite par la réglementation".
Alors que l'association L214 a annoncé porter plainte pour "maltraitance" et "tromperie du consommateur", Arnaud de Belloy, le directeur général d'Herta était invité sur France Info ce jeudi matin et assurait qu'un "audit récent" avait eu lieu sur l'élevage dont il est question. "Il y a un vrai besoin d'aider les éleveurs qui veulent franchement s'améliorer, il faut arrêter de les critiquer", s'est-il agacé, "On verra ce qui est conforme et ce qui est lié à des montages [de la vidéo de L214] et s'il y a des déviations on prendra des actions qui s'imposent." a-t-il poursuivi, décrivant les membres de L214 comme "des professionnels anti-élevage. Ils font leur propagande. On regardera ce qui se passe et on répondra à tous les éléments". Une pétition a également été mise en ligne par l'association pour "exiger que Herta améliore les conditions de vie des cochons".