Paul Watson : un procès décisif pour l’avenir de l’activisme environnemental

undefined 27 septembre 2024 undefined 07h30

Auriane Camus

Son nom ne fait plus seulement écho dans les cercles activistes, il est désormais sur toutes les lèvres. Âgé de 73 ans, le capitaine Paul Watson a été arrêté le 21 juillet dernier à Nuuk, capitale du Groenland, à bord de son navire. Le défenseur des baleines et des océans était recherché par les autorités japonaises et Interpol pour des actions commises dans l’océan Antarctique en 2010.

Alors qu’il aurait dû être libéré au début du mois, mercredi 4 septembre, la justice danoise a finalement décidé de prolonger son incarcération jusqu'au 2 octobre, en vue de son procès, au cours duquel la Cour devra décider ou non de son extradition vers le Japon. Depuis sa prison, Paul Watson continue de défendre son engagement intransigeant pour la protection des océans. Une affaire qui dépasse largement sa propre existence et soulève des questions cruciales sur l’avenir de l'activisme environnemental.


Un procès très attendu pour la communauté militante

Dans quelques jours à peine, le procès de Paul Watson sera lancé. Accusé par le gouvernement japonais d’avoir endommagé un navire baleinier lors d'une opération dans l’océan Antarctique en 2010, le cofondateur de Sea Shepherd risque aujourd'hui de lourdes sanctions : jusqu’à 15 ans de prison si la Cour venait à accepter son extradition au Japon.

Mais plus que le procès d’un seul homme, cette affaire pourrait bien redéfinir les limites de l’activisme écologique, car au-delà de Watson, c’est l’ensemble des actions directes en faveur de l’environnement qui sont en jeu. Face à une figure de proue de l’activisme environnemental, ce procès pourrait bien influencer la manière dont les États traitent les militant·es, soit vers une répression plus sévère des actions radicales, soit vers une reconnaissance accrue de la nécessité d’agir en urgence pour préserver la biodiversité.


La prison, nouvelle étape de la lutte pour les océans

Pour Watson, cet affrontement avec la justice est loin d’être une surprise. Dans une interview accordée à Reporterre, le militant affirme que ce procès n’est rien de moins qu’une tentative de vengeance de la part du Japon : « Tout ceci est une parodie de justice, visant à satisfaire l’esprit vindicatif d’un gouvernement japonais qui s’est senti humilié par mes actions. »

Pour autant, son arrestation par les autorités danoises ne l’a pas affaibli : « La prison est devenue mon navire », a-t-il déclaré au micro du même média. À 73 ans, il continue de voir son arrestation comme une extension de son engagement pour la protection des océans, insistant sur le fait que cette nouvelle épreuve ne le détournera pas de ses objectifs : « Je ne crains pas la prison ; je crains la destruction de la vie sur Terre. » En transformant son emprisonnement en une nouvelle forme de combat, Watson réaffirme sa volonté inébranlable de défendre les océans, régulateurs climatiques et sources de biodiversité essentielles à l'équilibre de nos écosystèmes.


Sea Shepherd face aux pressions internationales

Fondée en 1977, l’organisation Sea Shepherd est aujourd'hui un acteur incontournable de la lutte pour la protection des océans. Ses interventions spectaculaires, visant à empêcher la chasse à la baleine ou la pêche illégale, ont souvent généré des tensions diplomatiques, notamment avec le Japon. Mais pour Watson, ces actions étaient non seulement nécessaires, mais légitimes : « ces milliers de baleines parcourent les océans et se reproduisent, alors qu’elles seraient mortes si nous n’étions pas intervenus », écrivait-il déjà en 2017(1).

Le procès de Watson pourrait bien mettre à l’épreuve la diplomatie internationale et les relations entre les États engagés dans la préservation de la biodiversité marine et l’ONG de défense des océans la plus combative au monde. La question fondamentale posée par ce procès est celle de la légitimité des actions directes en faveur de l’environnement, dans un contexte où les écosystèmes océaniques sont de plus en plus menacés par la surpêche, la pollution et les changements climatiques. Le Japon, en particulier, considère les actions de Sea Shepherd comme une violation du droit maritime international, entraînant l'émission de mandats d'arrêt via Interpol à l’encontre de Watson.

Pour ce dernier, il ne s'agit pas de questions juridiques, mais de sauver la planète. Il réaffirme que son organisation défend une cause juste, malgré les critiques : « Il n’y a pas de plus belle cause que celle de la défense du vivant »(2).

Si vous souhaitez soutenir la libération du capitaine Paul Watson, signez la pétition “Sauver des baleines n’est pas un crime : libérez Paul Watson !” sur seashepherd.fr.


(1) Source :
La guerre des baleines continue, le 28 août 2017 par le Capitaine Paul Watson
(2) Citation issue de l’interview de Reporterre du 10 septembre 2024