10 expressions françaises originaires de Paris

undefined 10 août 2024 undefined 18h00

Auriane Camus

C'est bien connu, les Parisiens ont une façon de parler bien à eux. Entre le langage de startupper et celui du Titi parisien pas toujours simple de comprendre les habitants de la capitale quand ils s'y mettent. On vous a d'ailleurs déjà rassemblé une liste de mots et d'expressions qu'on entend qu'à Paris. Mais saviez-vous qu'il existe aussi tout un tas d'expressions courantes, utilisées partout en France et même parfois à l'étranger, qui tirent leur origine de la capitale ? On vous explique.


Métro, boulot, dodo

On commence forcément par la plus connue de toutes : Métro, boulot, dodo. Si Paris est loin d'être la seule ville (ni la première) à avoir son métro, l'origine de cette expression vient bien de la capitale française. Le jeu de mots utilisé pour parler du rythme un peu "rasoir" du train-train quotidien (vous l'avez ?) fut inventé par le créateur de la librairie du Zodiaque occupant la rue Monsieur-le-Prince dans les années 1950 et 1960.

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Ça se bouscule au portillon

Se bousculer au portillon signifie « avoir une forte affluence » (ou, pour les plus classes d'entre nous, qu'on a une envie urgente d'aller faire la grosse commission). L'expression prend tout son sens quand on en saisit l'origine : autrefois, les poinçonneurs qui validaient les titres de transport se trouvaient au niveau des portillons des quais du métro parisien, formant une file d’attente. Et on se doute qu'en cas de grosse affluence, ça devait bien se bousculer devant les portillons.


Midi pétante

Bon, vous n'avez probablement pas entendu ça depuis la dernière fois que vous avez vu votre grand-mère, la jeune génération préférant le "pile" au "pétante", mais elle a pourtant bien le mérite d'exister. Pourquoi on dit pétante ? Parce qu'en 1786, un petit canon solaire fut installé dans le ­jardin du Palais-Royal, en plein cœur de Paris. Pour indiquer la mi-journée, une loupe permettait de concentrer les rayons du soleil pour enflammer la poudre du canon et produire une détonation. 12h pétante. Plus tard, l'expression s’est étendue à toutes les heures de la journée.


On ne va pas attendre cent-sept ans

On a forcément tout dit ça une fois dans notre vie tellement l'expression est rentrée dans la language courant. Si on comprend facilement qu'elle exprime une impatience, pourquoi diable a-t-on choisit 107 ans exactement ? Son origine est en fait liée à la durée du chantier de Notre-Dame de Paris, qui aurait durée 107 ans selon la légende. En réalité, il aurait plutôt durée entre 130 et 180 ans, mais bon, on ne dira rien.


V'la par les poulets

On vous déconseille de prononcer cette expression face à un agent des forces de l'ordre, même s'il se doute bien que vous le direz une fois qu'il aura le dos tourné. Les policiers se sont vus atrriburer ce joli sobriquet à partir de 1871, lorsque la Préfecture de Police de Paris s’installe dans la caserne sur l’île de la Cité. Pourquoi ? Parce qu'il s'avère qu'elle a été construite sur l’emplacement de l’ancien marché aux volailles de la capitale... Forcément, ça a fait rire les Parisiens qui se sont empressés de désigner les agents de Police par le mot « poulet ».


Entrer à l’œil

On vous connaît, ceux qui n'ont jamais déboursé un sous pour entre en boîte après 2h passées et qui adoptent tout les stratagèmes possibles et inimaginables pour éviter de s'acquitter du moindre billet d'entrée. Vous aimez entrer à l'œil. L'origine de cette expression remonte au début du XXe siècle, quand la brigade de la Mondaine, c'est à dire la Brigade de répression du proxénétisme française, surveillait les maisons closes parisiennes. Ses inspecteurs portaient comme insigne un petit œil sur le revers de leur manteau qui leur permettait de rentrer sans payer. Malins les mecs...


Payer en monnaie de singe

Payer en monnaire de singe c'est payer dans une monnaie d'échange non convertible en argent, voire ne pas payer...  Bref si on vous dit ça, on vous traite de voleur en gros. L'expression remonte au Moyen-Age. À l'époque, les marchands qui souhaitaient se rendre sur l'Île de la Cité devaient payer quatre denier au douanier pour traverser le pont. Seuls les jongleurs, forains ou bateleurs qui possédaient un singe capable de faire un numéro devant la péager étaient exonérés de cette taxe. Ceux-ci payaient donc « en monnaie de singe ».

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Être charrette

Bien qu'on pourrait facilement croire qu'être charrette signifie « être ivre », cela veut dire en réalité « être en retard, très préssé ». Pour la petite anecdote, XIXe siècle, quand les architectes parisiens étudiant à l’École nationale supérieure d’architecture Paris-Malaquais avaient du retard dans leurs projets et devaient se déplacer, ils faisaient appel aux charrettes des vendeurs de rues de la gare Montparnasse pour gagner du temps. Aussi simple que ça.


Faire la tournée des Grands-Ducs

Bon pas sûr que vous utilisez beaucoup celle-là mais on va quand même vous donner sa signification. Si aujourd'hui on dirait plutôt « faire la tournée des bars » ou « faire un barathon », faire la tournée des Grands-Ducs signifie qu'on va bien se la coller et faire la fête. Et c'est exactement ce que faisaient les Grands-Ducs russes à la fin du XIXe siècle lorsqu’ils étaient de passage à Paris pour des voyages d’agréments, et visiblement, ils le faisaient tellement bien qu'on a repris l'expression jusqu'à aujourd'hui.


C’est la fête à Neu-Neu

Alors celle-là, on ne l'avait pas vue venir et pourtant, elle est bien parisienne. La Fête a Neu-Neu est le surnom un peu vulgaire donné à la fête foraine qui se tenait à Neuilly-sur-Seine autrefois, à partir de 1815. L’abréviation «Neu-Neu» fut sollicitée par l’abbé Delabordère, maire en fonction à l’époque. L’événement fut abandonné en 1925 pour de travaux de voirie, avant d’être de nouveau organisé en 2008 sous le nom de «Fête au Bois». En 2010, à la demande des citoyens, la fête reprit son ancien nom : « Fête à Neu-Neu».

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