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[PORTRAIT] Allie Goodbun, la danseuse canadienne qui fait rayonner le Moulin Rouge

undefined undefined 15 mars 2024 undefined 15h45

undefined undefined 19 mars 2024 undefined 18h01

Lucie Guerra

Des yeux bleus aussi brillants que les diamants de ses costumes, une chevelure blonde qui resplendit sous les feux des projecteurs, un sourire qui illumine son visage… Lorsqu’elle danse au Moulin Rouge, Allie Goodbun inonde la scène de son énergie débordante et de sa joie de vivre. Une allégresse qui, semble-t-il, ne la quitte jamais, pas même lorsque les deux revues quotidiennes sont achevées, une fois minuit passé. Petite déjà, seules les musiques pop et enjouées étaient celles qu’elle aimait. « La danse classique, ça n’allait pas fonctionner pour moi et ma mère s’en est vite rendu compte, alors elle m’a fait commencer le modern-jazz », plaisante-t-elle. 


©Sandie Bertrand

Modern-jazz, claquettes, hip-hop, puis cabaret… À l’inverse de nombreux danseurs qui se conforment à un voire deux styles de danse, Allie a été incitée à multiplier les registres dès le plus jeune âge par les professeurs dans son village natal de Woodstock, au Canada. « Je suis heureuse d’avoir fait ça, parce que le show au Moulin Rouge est très versatile », confie-t-elle. De ce lieu de velours rouge et hors du temps où règne une forme de magie que l’on ne retrouve nulle part ailleurs, la Canadienne connaît désormais les moindres recoins.

Elle arpente, déterminée, les couloirs labyrinthiques des coulisses : le stress, très peu pour elle. « J’ai toujours des papillons dans le ventre avant chaque performance, mais j’ai atteint ce point où ça fait partie de mon quotidien. Si j’ai fait ma routine, que j’ai bien dormi, bien mangé, que je me suis échauffée, alors le spectacle est facile. C’est comme aller chercher un café », affirme la danseuse. Dans cet écrin de plumes et de paillettes, a-t-elle parfois l’impression de vivre dans un rêve ? Difficile de penser le contraire lorsqu’on la voit murmurer du bout des lèvres, « c’est féérique », paroles de la musique emblématique du music-hall.

©Philippe Wojazer


La danse comme mode de vie

Danser le même spectacle tous les jours, toute l’année, pour Allie, ça n’a rien de lassant. Au contraire. Arrivée au Moulin Rouge après la pandémie, elle a débuté comme danseuse remplaçante dans la ligne de cancan, avant de gravir les échelons et d’apprendre les rôles de la ligne topless, des solistes et des chanteuses. 10 danses, 10 changements, 10 costumes différents pour chacun des rôles, se succédant dans les quatre tableaux de la revue. « En fait, c’est comme si je performais un autre show chaque soir », précise-t-elle.


©Lucie Guerra

Et passer ses journées à danser, elle le fait depuis l’âge de 5 ans. Si au départ, elle perçoit sa grande taille comme un frein, elle la tourne vite à son avantage. « Je faisais une tête de plus que toutes les autres ce qui m’a permis d’accéder aux classes des niveaux supérieurs », se remémore-t-elle. École puis danse, le quotidien est rythmé par un tempo précis. « S’il n’y avait pas de danse à la fin de la journée, ce n’était pas une journée complète ». Adolescente déjà, elle a ce « besoin irrépressible » de s’emparer de chacune des opportunités liées à sa discipline. Mais celle qui affirme « avoir la tête sur les épaules » n’en délaisse pour autant pas les études.

Fille d’une mère enseignante qui la soutient dans chacune des étapes de son parcours, elle comprend très tôt l’importance de l’école et de l’éducation. Avoir une carrière artistique est une chose, mais avoir un métier sur lequel se reposer le jour où son corps ne lui permettrait plus de performer ou qu’elle se blesserait, en est une autre. Après le lycée, c’est donc dans la grande ville de Toronto qu’elle poursuit ses études de kinésiologie : « J’étudiais le jour, je pouvais danser le soir, c’était gagnant-gagnant pour moi. » 


©Lucie Guerra


Danseuse et entrepreneuse 

Apprêtée d’un costume de plumes, les lèvres teintées de rouge, comme vêtue d’une tenue de tous les jours, au Moulin Rouge comme à la terrasse d'un café, elle laisse transparaître une simplicité entremêlée d’une maturité et d’une ambition presque déconcertantes. Du haut de ses 24 ans, il serait aisé de croire qu’avoir intégré le Moulin Rouge était l’objectif ultime de la Canadienne. Pourtant, la jeune femme n’en a pas fini d’explorer de nouveaux terrains. « Maintenant que je maîtrise le spectacle, c’est le moment d’avancer et de m’essayer à d’autres choses », déclare-t-elle. Depuis moins d’un an, la danseuse s’est improvisée créatrice de contenu. Sur ses comptes TikTok et Instagram qui comptent plus de 550 000 abonnés réunis, elle partage de courtes vidéos sur le Moulin et sur le quotidien d’une jeune artiste expatriée à Paris. 

Et parce que rien ne l’arrête, elle s’est récemment lancée dans l’aventure de l’entreprenariat avec l’une de ses meilleures amies. Ensemble, elles ont donné vie à Ready Freddie, une marque de combinaisons confortables à porter lorsque l’on se prépare. Danseuse, professionnelle de la santé, cheffe d’entreprise… À long terme, Allie s’imagine retourner au Canada aux côtés de sa famille et de l’homme à qui elle s’est tout récemment fiancée. Mais pour le moment, l’artiste n’est pas près de rendre le costume. « Performer devant un public, c’est ce que j’aime le plus. Je veux rester dans le monde du spectacle et au Moulin Rouge aussi longtemps que possible. Non seulement je vis à Paris, dans la culture française, mais j’ai aussi l’impression d’en faire partie et j’adore ça », termine-t-elle.

Moulin Rouge 
82, boulevard de Clichy – 18e
Dîner-spectacle tous les jours à 19h
Spectacle tous les jours à 21h et 23h
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