Vous qui marchez gaiement dans les rues de Paris, vous ne vous doutez pas que notre chère capitale est quasiment à moitié étrangère ? Un peu comme au Monopoly, les investisseurs étrangers mais aussi français achètent les immeubles, rues et monuments de notre ville. Alors, qui a ou va gagner la partie ? A qui appartient Paris ?
Pour découvrir qui sont les propriétaires des grands bâtiments parisiens, cliquez sur la carte :
Avant de pouvoir être aux mains d’entreprises privées, le parc parisien était la propriété de l’Eglise (55% selon le livre "Que vaut Paris. Histoire de la propriété immobilière" de Patrice de Moncan et Gilles Ricour de Bourgies) et de la noblesse jusqu’à la Révolution de 1789. Depuis, les immeubles et autres monuments se sont vus confisqués, expropriés ou encore perdus par leurs différents propriétaires. L’Eglise, par exemple, vend son patrimoine (ils sont fous ces croyants) pour rénover d’autres locaux vétustes. L’hôtel de Bourbon-Condé a ainsi été cédé à la famille royale du Bahreïn pour 66 millions d’euros début 2011.
Mais ne succombons pas au classique « de toute façon Paris appartient aux Emirats Arabes Unis » puisque le Qatar, l’Arabie saoudite ou le Bahreïn donc, n’ont pas tant de pions que ça dans cette partie de Monopoly à ciel ouvert, même s’ils ont considérablement augmenté (+47% de 2014 à 2015 selon Saskia Sassen, sociologue et professeur à l'université de Columbia). Du coup, d’après le sociologue, les investissements non-européens ont largement pris le dessus sur ceux de leurs confrères européens depuis 2007. L’exemple le plus criant est celui des grands hôtels parisiens comme les Bristol, Crillon, Meurice, Ritz etc. détenus à 100% par des étrangers (voir carte ci-dessus), excepté notre Fouquet’s national encore bien frenchy ! Tout s’explique…

Mais alors qui possède Paris ? Vous allez être déçus mais en réalité, c’est assez compliqué de le savoir puisque beaucoup de transactions restent secrètes. Si les grands groupes immobiliers français ou anglo-saxons (3F, BNP Paribas Real Estate…) achètent des bâtiments à rénover pour investir dans la pierre, d’autres propriétaires chinois (entrepreneurs privés ou membres de familles politiques), russes ou moyen-orientaux lorgnent sur des appartements haussmanniens, notamment pour des résidences secondaires et/ou pour se la raconter devant leurs copains milliardaires. À noter aussi que les investisseurs européens misent pas mal sur Paris : le milliardaire belge Albert Frère, par exemple, a racheté la brasserie La Coupole.

Bien que, sans surprise, cet article soit non exhaustif, il nous éclaire pourtant un peu sur qui est en passe de gagner ce Monopoly IRL. La Ville de Paris et l’Etat sont quand même bien propriétaires de notre beau patrimoine (Palais Garnier, Comédie Française, Musée d’Orsay, Grand Palais…). Les petits et moyens propriétaires s’accrochent à leurs biens comme à la prunelle de leurs yeux, par sentimentalisme ou amour de l’argent, va savoir…
Photo de couverture : © Yann Arthus Bertrand