Les Combattants (2014), 120 battements par minute (2017), Portrait de la jeune fille en feu (2019)… Nombreux sont les films où Adèle Haenel nous a fait vibrer, avec un jeu puissant et une force de caractère qui traversent l’écran. On apprend toutefois aujourd’hui dans Télérama qu’on ne la reverra pas de sitôt sur grand écran : si elle en était absente depuis 2019, l’ancienne comédienne vient d’officialiser l’arrêt de sa carrière dans une tribune, expliquant les raisons qui l’ont poussée à claquer la porte.
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Une industrie traversée par les scandales
Depuis 2017, le mouvement #MeToo a permis de mettre en lumière l'ampleur des violences sexistes et sexuelles au sein de plusieurs industries. Sans surprise, le septième art n’a pas été épargné. Pourtant, 6 ans après, le milieu semble encore gangrené par les délits et crimes de ceux qui le peuplent : scandale du film Les Amandiers fin 2022, avec les plaintes pour viol et violences physiques contre son étoile montante Sofiane Bennacer, révélations récentes de Médiapart sur les agressions sexuelles et le harcèlement de la part de Gérard Depardieu sur les tournages… Des actes d’une extrême gravité, qui font pourtant bien trop peu de bruit dans l’industrie. S’il y en a une qui a su prendre position dès le début, c’est bien Adèle Haenel.
Quiconque s’intéresse au cinéma se souvient des Césars 2020. Dans un contexte extrêmement tendu, Florence Foresti, maîtresse de cérémonie, multiplie les pics avec désinvolture sur le scandale qui traverse le milieu à l’époque : l’affaire Polanski. Le réalisateur, accusé à onze reprises de viol ou d’agression sexuelle sur des femmes pour la plupart mineures, gagne finalement le César du Meilleur réalisateur pour J’accuse. Florence Foresti ne reviendra pas sur scène, Adèle Haenel non plus : cette dernière quitte la salle en criant « La honte ! ».
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Elle est depuis progressivement devenue l’un des visages de la lutte féministe, mais aussi antiraciste, écologique et sociale. Pour répondre à une enquête de Télérama sur ses engagements, Adèle Haenel a formulé dans une lettre pourquoi elle souhaitait poursuivre ces luttes plutôt que de poursuivre sa carrière d’actrice.
« Une complaisance vis-à-vis des agresseurs sexuels »
« J’ai décidé de politiser mon arrêt du cinéma pour dénoncer la complaisance généralisée du métier vis-à-vis des agresseurs sexuels, et plus généralement, la manière dont ce milieu collabore avec l’ordre mortifère écocide et raciste du monde tel qu’il est », fustige-t-elle.
« Elles et eux toustes ensemble pendant ce temps se donnent la main pour sauver la face des Depardieu, des Polanski, des Boutonnat. Ça les incommode, ça les dérange que les victimes fassent trop de bruit, ils préféreraient qu’on continue à disparaître et crever en silence », continue-t-elle. Adèle Haenel est aussi une victime : en 2019, Médiapart révélait ses accusations envers le réalisateur Christophe Ruggia, qui l’aurait agressée et harcelée sexuellement de ses 12 à ses 15 ans.
« Face au monopole de la parole et des finances de la bourgeoisie, je n’ai pas d’autres armes que mon corps et mon intégrité. De la cancel culture au sens premier : vous avez l’argent, la force et toute la gloire, vous vous en gargarisez, mais vous ne m’aurez pas comme spectatrice. Je vous annule de mon monde. »
Adèle Haenel explore désormais la chorégraphie et le théâtre, et continue de collaborer avec la metteuse en scène Gisèle Vienne. Ses prises de position contre le gouvernement, le capitalisme et le sexisme devraient elles aussi perdurer : elle fait d'ailleurs partie de celles et ceux qui ont appelé à se mobiliser contre la réforme des retraites en janvier dans le magazine Politis.
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