Se protéger du harcèlement de rue… dans les PMU. Hier, jeudi 7 mars, la FDJ a signé un partenariat étonnant avec l’application Umay, visant à transformer le réseau de bars-tabacs-presses en « lieux refuges » pour les femmes qui se sentent en danger. L'objectif affiché : celui de former et labelliser au moins 1 000 commerces sur les 29 000 présents en France d'ici fin 2024, « sur la base du volontariat ». Des expérimentations à succès auraient été menées à Nantes et Lille.
🇫🇷 FLASH | Pour les femmes victimes de harcèlement de rue, vous pourrez désormais vous réfugier chez votre buraliste. La Française des jeux (FDJ) annonce que ses 29 000 points de vente vont devenir des "safe places". (Le Parisien)
— Cerfia (@CerfiaFR) March 7, 2024
Les PMU, « lieux de vie essentiels »
Concrètement, Umay fonctionne comme un GPS et propose des itinéraires où sont listés les « lieux sûrs » et les commissariats. Elle donne la possibilité de désigner des personnes de confiance qui peuvent suivre le déplacement, et d’envoyer des alertes permettant de signaler un danger. L’application répertorie déjà, à ce jour, 6 000 safe places, des bars, restaurants et boîtes de nuit auxquels s’ajoutent 3 200 gendarmeries et 600 commissariats (l’application ayant signé une convention avec le ministère de l’Intérieur).
A quoi sert un signalement sur l'app ?
— UMAY (@Umay_app) January 6, 2023
Le flowchart pour expliquer ! pic.twitter.com/hnniZxzSZL
Pour défendre son précieux projet, la présidente de la FDJ, Stéphane Pallez, a défendu que les bars-tabacs « sont déjà des lieux de vie essentiels, avec des horaires d’ouverture étendus et des détaillants impliqués dans la vie locale ». Selon elle, « qu’ils deviennent des lieux sûrs est d’une logique et d’une utilité indéniables ».
Visite d'un point de vente #FDJ «Lieu refuge» avec Pauline Vanderquand, fondatrice @Umay_app, et @auroreberge, Ministre chargée de l' #égalitéFH
— Stéphane Pallez (@stephane_pallez) March 7, 2024
Merci aux 230 commerçants partenaires, qui ont fait du pilote de ce dispositif un succès. Objectif : 1 000 lieux refuge d'ici fin 2024. pic.twitter.com/xadecqjfwO
Les associations dénoncent un « féminisme washing »
Les associations féministes, toutefois, ne suivent pas la même logique et réagissent avec hostilité à cette annonce. Dans un communiqué publié ce vendredi 8 mars, en résonnance avec la journée internationale des droits des femmes, Women for Women France (WFWF) assène : « À la fois débits de boissons et fournisseurs de jeux d’argent, les bars-tabacs ne constituent en aucun cas des espaces refuges. Ils sont fréquentés majoritairement par des hommes et favorisent la consommation d’alcool et les jeux de hasard. Il s’agit là de conditions qui augmentent le risque de violences sexistes et sexuelles. »
Communiqué : Il est dangereux de promouvoir les bars-tabac comme « lieux refuge » pour les victimes de harcèlement sexuel lors des JO de Paris 2024 pic.twitter.com/sqfgLA4v3r
— Women for Women France (@WFWFrance) March 8, 2024
Chez #NousToutes, même constat. « C'est bien de faire des safe places partout mais il faut que ce soit bien fait », a réagi auprès de l'AFP Amy Bah, présidente de l’antenne à Lille. Avant d’ajouter : « On se demande s'il n'y a pas de "féminisme washing" [communication des entreprises qui récupèrent le combat des femmes pour mieux vendre leurs produits ou améliorer leur image, NDLR] derrière, de la part de la FDJ. Il faut prendre cette initiative avec beaucoup de précaution, on va voir comment se passe l’expérimentation. »
Pour @NousToutesOrg, je précise que cette initiative est à prendre avec précaution.
— Amy Bah (@amybah_) March 7, 2024
Formation, accueil de la victime, prise en charge, rien n’est précisé.
Le harcèlement de rue requiert une politique d’envergure. Si ces initiatives peuvent aider, elles ne sont pas suffisantes. https://t.co/KWk1E3a3mU
Se réfugier chez son buraliste, fausse bonne idée, poudre aux yeux et coup de com' ? De nombreux internautes semblent donner raison aux associations.
Ah bien sûr le bar tabac de ma rue repère de tous les pochetrons du quartier qui tourne à la binch dès 8h du matin et où il y a pas l’ombre d’une meuf jamais ça va devenir une sage place ptdr. https://t.co/MSAN0klVq1
— Madame Maïs (@MadameMais) March 7, 2024
La femme harcelée qui va finir au milieu des shlag du tabac qui encouragent « petit tonnerre » au tiercé pic.twitter.com/gY9acBmVbC https://t.co/R6UXoywlSp
— Baji 👺 (@si_nay92) March 7, 2024
Euh…
— Sully #TSD (@dodesoul) March 7, 2024
Le gérant du tabac d’à cote de chez moi me semble très safe et me tendrai la main sans aucun doute.
Maintenant les clients sur place et ça dans quasi tout les bureaux de tabac, me font pas ressentir du tout l’effet safe place hein https://t.co/oIiFZFmPMv