On vous l’accorde, se déplacer à Paris, c’est souvent un peu la guerre. Entre chauffards, cyclistes pressés et embouteillages à gogo, traverser la rue s’apparente parfois à un véritable sport de compétition. C’est dans ce contexte que la Ville de Paris a décidé de lancer en 2023 son Plan Piéton, projet visant à améliorer les déplacements à pied dans la capitale garantissant la sécurité de tous·tes.
Outre la piétonisation de certaines zones, la Ville cherche aussi à mettre en place de nouveaux dispositifs afin de repenser et clarifier les règles de partage de l’espace public. C’est le cas notamment de ces trois compteurs à rebours, installés début avril pour une phase de test, sur des passages piétons à Paris.
23 secondes top chrono
Vous les avez surement déjà aperçus dans d’autres villes, en France ou ailleurs : certains passages piétons peuvent être munis d’un compte à rebours, affichant les secondes restantes avant chaque changement de couleur d’un feu tricolore. Le minuteur est apposé à hauteur du regard, aux côtés des bonhommes rouge et vert que l’on connaît bien. L’idée ? Indiquer le temps qu’il vous reste pour traverser la chaussée ou à patienter avant de pouvoir s’élancer, afin de mieux appréhender sa traversée.
Après Strasbourg, Vannes ou encore Neuilly-sur-Seine, la Ville de Paris tente aussi le dispositif pour quelques semaines. Selon les informations du Parisien, deux compteurs ont été installés rue de Rennes dans le 6e. Le premier, situé au numéro 116, laisse aux piétons 23 secondes pour traverser au feu vert, et les fait patienter 55 secondes au feu rouge. Sur le deuxième, situé au numéro 112, le minuteur reste éteint lorsque le feu est vert. Une petite subtilité qui permettra à la Ville d’observer les comportements des piétons face aux différentes installations. Un troisième compteur a été installé dans le 19e, devant l’école élémentaire Général-Brunet, afin d’évaluer le dispositif dans une toute autre configuration urbaine.
© Hugo Dominguez, le Bonbon.
Un accueil sceptique à Paris
En phase de test pour quelques semaines seulement, ce nouveau dispositif permettrait, selon la mairie de Paris, d’« améliorer le taux de respect des feux » et ainsi de « réduire la prise de risque des piétons ». Et alors que le taux de non-respect s'élève aujourd’hui à 40%, certain·e·s restent dubitatifs sur l’impact réel du mécanisme. Interrogé par le Parisien, Christian Machu, expert dans le domaine de la sécurité et de la circulation routière, mais aussi directeur général de l’association 60 millions de piétons, parle d’une « petite dissuasion de 5% des infractionnistes », ce qui effectivement ne semble pas beaucoup.
Mais pour l’heure, difficile d’évaluer le réel impact du compteur à rebours, tant que la phase de test n’est pas terminée. La Ville de Paris prévoit de communiquer les résultats de cette expérimentation d’ici l’été, indiquant ainsi si les observations ont été concluantes et si elles influencent un déploiement du dispositif dans l’ensemble de la ville.