Instagram, c'est un peu le réseau qui rend(ait) fou. Seules des photos ultra retouchées à vous filer des complexes y fleurissaient jusqu'à présent. Et puis, par le biais de différentes actrices, modèles ou instagrameuses, une mouvance positiviste naissait. Etablissant un contrepoint aux photos trafiquées, ces influenceuses (et influenceurs !) prônent l'authenticité à travers des photos représentatives. Bienvenue sur l'insta des vrais gens.
La pratique prend de l'ampleur. Peut-être parce que les instagramos en ont eu marre. Peut-être aussi qu'ils ont mis à jour le subterfuge : les fitness girl et autre poupées de cire du web ne sont pas fausses, elles sont simplement surréalistes. La mouvance, elle, est bien réelle. Elle fait la promotion de corps qui ne correspondent pas aux canons de beauté. Elle exprime aussi et surtout le désir d'aider chacun à s'accepter.
Le #celfie, une hastag plein de répartie
La pratique est de plus en plus répandue et prend forme sous le nom de #celfie. Comme son nom l'indique, elle consiste à capturer sa cellulite et l'afficher sur les réseaux. L'initiatrice du hastag a été Kenzie Brenna. Depuis, quelques 196 000 abonnés suivent ses actus (non trafiquées). Une bonne manière de rassurer la quasi-totalité de la gent féminine, dont 98% serait touchée par la cellulite.
Les mannequins plus size
La pratique s'inscrit dans le mouvement body positive actuel, dont plusieurs mannequins plus size sont les symboles. Tara Lynn en fait partie. La jeune femme est mannequin grande taille a avait créé le buzz après avoir fait la couverture de ELLE en 2013. Depuis, elle ne cesse d'arroser ses followers de photos d'elle, belle, ronde et sans complexe.
Dans la même lignée, l'actrice resplendissante Barbie Nox impose sur les réseaux sa beauté X size, naturellement, sereinement.
Les repenties
Megan Jayne Crabbe a vécu l'anorexie. Dernièrement, elle dénonçait le diktat implicite selon lequel une femme doit forcément être plus fine que son compagnon. Sur son compte, où elle se revendique "militante féministe" et "actrice du body postivism", elle lutte contre cela en affichant notamment des clichés de son couple.
Le réalisme pour dédramatiser
Pour mettre fin aux mensonges numériques sur le corps parfait, une prof de fitness et coach en nutrition a également décidé d'agir. Sur son compte, Sophie Allen évoque la façon dont une photo, en fonction du point de vue, de la pose ou même du moment de la journée, peut donner une (fausse) impression de perfection.
Emily Skye en est aussi. Radieuse et authentique, la prof de fitness et ambassadrice de Reebok s'adonne à des pauses dont seul le cadre (piscines et paysages), à la limite, pourrait faire complexer. Pour le reste, elle affiche une fraîcheure lumineuse et un corps naturel. Son ventre parfois rond ou ses cuisses avec de la cellulite existent dans la réalité, et donc, aussi, sur les photos non retouchées.
Celles qui parlent cheveux
Les diktats esthétiques touchent jusqu'à la chevelure, que l'on veut lisse, longue, soyeuse, symbole ultime de féminité. Pourtant, seulement une infime partie des filles peuvent se targuer d'avoir des cheveux naturellement de cet aspect. Shera Kerienski, comme des centaines de milliers de femmes, a une chevelure afro dont elle fait photographiquement l'éloge. On comprend.
Il y a quelque temps, on vous parlait aussi de Sophie Fontanel (ici). Cette journaliste et écrivaine disait assumer ses cheveux blancs. Elle tire un ouvrage (Une apparition), de ce symbole. Dans le même temps, sur Instagram, elle lance le hastag #uneapparitionsophiefontanel, défendant les femmes qui ont la volonté d'assumer leur chevelure naturelle.
La parodie pour dénoncer
Il y a aussi celles qui ne veulent pas dramatiser. Celeste Barber préfère l'humour, elle se met en scène en imitant des instagrameuses influentes. Les photos constituent une critique douce mais acerbe de la grande scène surfaite 2.0. Tout à fait objectivement, c'est très drôle.
Valoriser la différence
Jewell Jeffrey, lui, a choisi de valoriser la différence. Ses quelques 12 000 abonnés peuvent mater des photos du Dj, acteur et mannequin qui valorisent sa particularité, l'albinisme.
Montrer son adhésion
En réponse au mouvement de libération du corps, le site de prêt-à-porter Asos a également décidé de montrer ses mannequins sans retouche. Depuis quelques semaines, on peut donc voir des photos de ses dernières avec des vergetures sur les fesses, prouvant ainsi que la technlogie était parfois trompeuse. A la joie des internautes...
So nice to be online shopping and noticing @ASOS aren't photoshopping stretch marks/cellulite! pic.twitter.com/bpb1jcB6k1
— caits (@caitlinnaughts) 29 juin 2017
Et, si la démarche du site ne répond en fait qu'à un décret de santé respecté un peu à l'avance, on peut toutefois applaudir le gouvernement. C'est lui qui a pris la décision. A partir du 1er octobre 2017, la mention "photographie retouchée" sera obligatoire sur tous les clichés à usage commercial « lorsque l’apparence corporelle des mannequins a été modifiée par un logiciel de traitement d’image, pour affiner ou épaissir leur silhouette ». Le ministère de la Santé avait choisi d'adopter cette décision pour que les « hommes et les femmes fragiles ou facilement influençables n'essaient plus de se caler à des standards esthétiques inaccessibles ». Le début d'une revanche sur un culte qu'on pensait inébranlable ?