Longtemps, le cannabis a occupé la première place : présent dans les usages, dans les débats, dans les statistiques. Et puis, presque sans bruit, un autre produit a pris l’ascenseur. En 2023, la cocaïne a dépassé le cannabis et s’est imposée comme la drogue illicite la plus rentable en France. Un signal fort, qui dit beaucoup de la transformation du narcobusiness et de nos habitudes de consommation.
Plus de 6,8 milliards d'euros généré
Selon un rapport (2010-2023) publié par l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) ce lundi 8 décembre, les dépenses liées à la cocaïne atteignent désormais environ 3,1 milliards d’euros par an, contre 2,7 milliards pour le cannabis. Sur les 13 dernières années, le marché de la cocaïne aurait généré près de 6,8 milliards d’euros. Et la consommation suit la même courbe ascendante : d’environ 15 tonnes au début des années 2010, elle avoisine aujourd’hui les 47 tonnes.
Une drogue plus accessible et banalisée
Cette envolée ne concerne pas uniquement la cocaïne. Les drogues de synthèse progressent elles aussi fortement, dessinant un paysage toujours plus saturé. Mais en valeur, la poudre blanche écrase désormais la concurrence. Une offre abondante, une pureté en hausse et des prix relativement accessibles ont largement contribué à sa diffusion (le gramme est passé de 68€ à 56€ en un an). Longtemps cantonnée aux cercles festifs et nocturnes, la cocaïne s’est installée dans des usages beaucoup plus larges, parfois perçue, à tort, comme une drogue presque anodine.
Un narcobusiness qui change d’échelle
Derrière cette normalisation, les conséquences sont lourdes. Le trafic se structure, s’industrialise, gagne en efficacité comme en violence. La France est devenue une zone stratégique pour l’importation et la redistribution de la cocaïne en Europe, notamment via ses grands ports. Et avec cette montée en puissance, les risques explosent : dépendance rapide, troubles cardiovasculaires, violences liées au narcobusiness.
Quand la cocaïne dépasse le cannabis, ce n’est donc pas qu’une question de classement. C’est le signe d’un marché sous tension, d’usages qui se durcissent et d’un défi de plus en plus pressant pour la santé publique comme pour les politiques de prévention.


