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La "dépeceuse du bois de Vincennes" remise en liberté, malgré les doutes

undefined undefined 7 mars 2023 undefined 14h49

undefined undefined 7 mars 2023 undefined 15h57

Louise Chenuet

Le service pénitentiaire d’insertion et de probation (Spip) a soutenu le placement sous surveillance électronique (bracelet) de Hui Zhang. Fin 2022, le parquet avait fait appel d'une première décision de ce ressort, suite à des doutes émis par des expertises réalisées en 2021 sur la quadragénaire décrite comme  « intelligente et raffinée, dotée d’une grande force de caractère et maîtrisant ses émotions ». Si les conditions du port du bracelet électronique sont respectées, la "dépeceuse du bois de Vincennes" obtiendra une libération conditionnelle en septembre 2024.


Une détenue « exemplaire »

En prison depuis le 19 juin 2012, Hui Zhang a suivi une incarcération « parfaite » pour la justice, ce qui lui a permis de bénéficier de toutes les remises de peine possibles. Depuis 2017, elle est sortie 21 fois pour des permissions lors desquelles elle a été hébergée dans les Yvelines, par une communauté religieuse à Poissy. Elle s’est aussi réinsérée en suivant des études et en obtenant un CAP boulangerie. Condamnée à 20 ans de réclusion, la ressortissante chinoise s’est tenue exemplaire, après s’être rendue coupable d’un double-meurtre de sang froid.


Un enfant décédé et un double-homicide

En parallèle de son activité d’esthéticienne, la femme faisait de la garde d’enfants au noir. Le 23 mai 2012, elle gardait le bébé de trois mois du couple de Ying Wang et Liangsi Xu à son domicile, où elle vivait avec son compagnon et son fils de 2 ans. Après avoir découvert l’enfant mort, elle a prévenu les parents avec qui elle déclare avoir trouvé un arrangement financier. D’après ses déclarations, le couple se serait rendu au domicile et se serait rué sur la nounou et son compagnon, en tentant de les blesser. Toujours selon sa version, la femme se serait défendue en blessant mortellement le couple à l’aide d’une hachette. Sans prévenir la police, Hui Zhang a ensuite couvert le double-meurtre, en découpant « avec rage » les cadavres, à l’aide de ciseaux, couteaux et scie électrique. Elle fera tourner une machine à laver toute la nuit pour couvrir les bruits sourds de l’acte.

Elle a ensuite enterré, aidée par son compagnon, certaines parties des corps, dans le bois de Vincennes. Une partie des restes à été jetée dans des poubelles. Son compagnon, Hui et son fils ont alors pris un vol pour la Chine. Si la coupable a déclaré par la suite qu’elle comptait revenir en France, elle n’avait pris qu’un aller simple et avait fermé son compte bancaire et mis en sous-location son appartement. Suite aux rumeurs autour de la disparition du couple chinois, le couple rentre en France et se présente à la brigade criminelle le 16 juin 2012 pour avouer le meurtre et la dissimulation des corps. En parallèle, des passants avaient découvert des parties de corps dans le bois. Le corps du bébé n’a quant à lui jamais été retrouvé et il n’a pas été possible d’établir les causes de son décès.


Des doutes qui subsistent 

Les experts du Centre national d’évaluation (CNE) ont émis des doutes quant à la libération de Hui Zhang. Selon le Spip, elle exprime de l’empathie pour l’enfant et ses parents, alors que pour le CNE, ce n’est pas le cas puisqu’elle affirmait avoir voulu protéger le bébé de ses parents dangereux, le père étant selon elle affilié à la mafia chinoise. Les experts avaient aussi relevé dans sa façon de s’exprimer une « inauthenticité », le « côté théâtral de son discours », « polie jusqu’à l’obséquiosité ou la condescendance ». La commission pluridisciplinaire avait même estimé, en octobre 2021, qu’un « risque de récidive même faible ne peut être exclu au regard du caractère préoccupant de la personnalité de la condamnée » parlant de « dangerosité », et de « grande immaturité ».