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Le documentaire sur Michael Jackson qui fait polémique

Publié le 30 janvier 2019 à 12h57

Modifié le 31 janvier 2019 à 11h26

par Jeanne Gourdon

Le documentaire Leaving Neverland a été présenté au festival du film de Sundance ce 24 janvier. Quelques jours après, il a déjà fait couler beaucoup d’encre.


Le film dont il est ici question a été réalisé par Dan Reed, qui avait fait The Paedophile Hunter et Three Days of Terror : The Charlie Hebdo Attack auparavant. Habitué aux œuvres "choc", il s’est ici plus intéressé aux accusations de pédophilie concernant la star qu’à sa carrière. Si vous ne vous rappelez pas, The King of Pop avait été visé par deux plaintes pour abus sexuels sur mineurs entre 1993 et 2003 qui n’ont abouti à aucune condamnation en justice.


Qu’est-ce qu’on voit vraiment dans ce documentaire ?

Déjà, il dure quatre heures, à visionner en deux temps, et donne la parole aux deux victimes présumées de MJ. James Seafechuck (chorégraphe australien) et Wade Robson (ancien acteur américain), qui avaient porté plainte en 2013 et 2014, livrent un témoignage glaçant et sans filtre. L’un parle de « jeux de sexe oral », l’autre d’une « tentative de sodomie dans un hôtel ». Notons qu'au moment où ils avaient porté plainte, il y avait de toute façon déjà prescription, et que la star a, aussi, toujours démenti les faits de son vivant. Dans le documentaire, ils racontent dans les moindres détails ce qu’ils auraient vécu à Neverland.

Neverland

Rappelons que Neverland est la propriété que Michael Jackson avait achetée en 1988 puis transformée en immense parc d’attraction. Les journalistes ayant déjà vu le documentaire préviennent qu’il faut avoir le cœur bien accroché pour le regarder entièrement.



La riposte

Fait plutôt incroyable, le Festival de Sundance a mis à disposition une cellule psychologique pour les spectateurs qui ont jugé le film brutal, perturbant, provoquant, très dur à regarder. D’un autre côté, la famille du chanteur a pris le réalisateur en grippe et a prié le festival de retirer le film des salles. En vain… Ils ont aussi publié un communiqué dans lequel ils reprochent au réalisateur de ne donner la parole qu’à deux personnes seulement, que le but du documentaire « n’est pas la recherche de la vérité » mais plutôt une accusation contre MJ. La famille accuse aussi les deux "acteurs" du documentaire de jouer un rôle « digne des Oscars » selon eux. Son neveu a notamment lancé un appel aux dons sur les réseaux sociaux pour financer une série documentaire en réponse à celui de Dan Reed. Pour l’instant, le cagnotte a récolté 34 000 dollars sur les 777 000 attendus.

Le Festival refusant de déprogrammer le film, on n'a pas fini d’en entendre parler. Mais la meilleure façon de se faire son avis, c’est de le regarder. Il sort aux États-Unis au mois de Mars sur HBO.

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La série Adolescence sera diffusée dans les collèges et lycées britanniques

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Flora Gendrault

Downing Street l’a officiellement annoncé en début de semaine : la mini-série Adolescence, sur toutes les lèvres depuis sa sortie, sera bel et bien diffusée gratuitement dans les collèges et lycées britanniques. Une mesure initiée par le Premier ministre Keir Starmer lui-même, qui avait publiquement pris la parole pour vanter les mérites d’un programme extrêmement bien mené et instructif, soulevant des questions sociétales cruellement d'actualité


Prouesses technique et scénaristique  

Adolescence a beau n’être sortie qu’à la mi-mars, c’est peut-être déjà la meilleure série de l’année. En débarquant sur Netflix, et sans avoir pourtant fait l’objet d’une campagne promotionnelle démesurée, elle a immédiatement reçu un accueil extrêmement favorable de la presse et des spectateur·rices, et ce aux quatre coins du globe. 

Un coup de maître des créateurs, Jack Thorne et Stephen Graham, lesquels sont parvenus à mettre en scène de manière magistrale les causes et conséquences du meurtre de Kathy, adolescente de 13 ans, poignardée à de multiples reprises par Jamie, un camarade de classe du même âge. Le tout en (seulement) quatre épisodes tournés intégralement en plan-séquence, renouvelant ainsi cette technique largement exploitée au cinéma, moins sur le petit écran, autour d’un récit nerveux traitant de thématiques liées à la jeunesse. 


Dénoncer la spirale du masculinisme
 

Ces thématiques, quelles sont-elles ? Le harcèlement scolaire, la construction de genre sur les réseaux sociaux, et notamment la culture "incel", ces hommes involontairement célibataires qui accusent les femmes de les rejeter. Dans Adolescence, en immersion au cœur d’un commissariat, puis d’une école, et enfin d’une maison de famille, on comprend que Jamie (époustouflant Owen Cooper, nouveau prodige du milieu), élevé à la dure, impopulaire, s’est peu à peu enfermé dans la spirale du masculinisme, jusqu’à commettre un féminicide. Une misogynie alimentée par son activité sur Internet, où se créent de nombreuses communautés réactionnaires, séduites par la théorie du 80/20 d’Andrew Tate, selon laquelle 80% des femmes ne seraient attirées que par 20% des hommes. 


De l’ordinateur au Parlement 

Au Royaume-Uni, terre de tournage mais aussi théâtre d’attaques de même nature ces dernières années, Adolescence a connu une résonnance toute particulièrement. Jusqu’à dépasser les frontières de l’écran : la série a ravivé le débat sur l’utilisation des téléphones, mais aussi sur l’éducation, levier essentiel pour déconstruire les idéologies véhiculées sans régulation sur le web. Diffuser Adolescence au palais de Westminster ainsi que dans les collèges et lycées depuis une plateforme partenaire à Netflix, comme l’avaient publiquement encouragé la députée travailliste Anneliese Midgley, puis Keir Starmer, en marque la première étape. 

« C'est une initiative importante pour encourager le plus grand nombre possible d'élèves à regarder le programme », a déclaré le Premier ministre, qui a lui-même vu la série avec ses enfants adolescents, comme 66 millions de personnes en deux semaines sur Netflix. Un record pour une mini-série britannique !