L'eau des bouteilles en plastique serait encore plus contaminée qu'on ne le pensait

undefined 30 janvier 2024 undefined 14h26

Lucie Guerra

C’est la nouvelle qui a fait l’effet d’une bombe. Une enquête menée par Le Monde et Radio France et publiée ce mardi 30 janvier au matin a révélé que de nombreux industriels ont utilisé des techniques de purification interdites pour masquer la contamination de leurs eaux de source. Parmi les marques dénoncées, le géant Nestlé Waters, propriétaire de Perrier, Vittel ou encore Contrex.


Des informations dissimulées

Si l’enquête vient tout juste d’être publiée, les interrogations quant à la qualité des eaux en bouteille remontent à l’année dernière, en février 2023. Le compte rendu d’une réunion interministérielle auquel Le Monde et Radio France ont pu avoir accès, indiquait notamment la « surveillance renforcée bactériologique et virologique de la qualité de l’eau ». Le document précise également que le cabinet d’Élisabeth Borne, alors Première ministre, a laissé à Nestlé « la possibilité d’autoriser par modification des arrêtés préfectoraux la pratique de la microfiltration inférieure à 0,8 micron ». 

Les cachotteries sont pourtant bien antérieures. En 2020, un salarié du groupe Alma, producteur des eaux Cristaline et Saint-Yorre, émet un signalement qui permet l’ouverture d’une enquête. Les résultats sont affligeants : des traitements non conformes sont faits sur les eaux, tels que le mélange des eaux de source et minérales avec de l’eau du robinet ou encore l'injection de sulfate de fer et de CO2. Des informations qui ont été démenties par le groupe.

Et le révélations s’enchainent. En plus d’Alma, Nestlé Waters aurait aussi recours à des techniques interdites. Lors d’un rendez-vous confidentiel à Bercy en 2021, le groupe a reconnu ces pratiques, notamment car ses eaux sont régulièrement contaminées, alors qu’il les vantait d’être d’une « pureté originelle ». Si, depuis, les rapports se sont multipliés pour dénoncer la présence de polluants chimiques et les traitements non conformes utilisés pour les masquer, « aucun risque sanitaire lié à la qualité des eaux embouteillées n’a été identifié à ce stade », confirme le ministère de l’Économie.


L’eau en bouteille massivement polluée par le plastique

Mais ce n'est pas tout. Début janvier, une étude publiée par la revue Proceedings of the National Academy of Sciences avait déjà révélé une forte contamination de l'eau des bouteilles en plastique aux micro et nano-plastiques. Les chiffres avaient notamment montré qu’un litre d’eau de bouteille en plastique contenait en moyenne quelque 240 000 fragments de plastique, dont 90% sont des nano-fragments. Un nombre 10 à 100 fois supérieur que les précédentes estimations, qui prenaient en compte uniquement les 10% de particules de plus grandes tailles.