Si vous suivez un petit peu les articles produits par vos chères rédactrices du Bonbon, vous le savez forcément, la place de la Concorde s’apprête à être transformée en profondeur. Mais avant qu’elle ne change complètement du tout au tout, on vous propose un petit retour en arrière sur l’histoire de cette place vraiment pas comme les autres. Et comme on est sympa, on vous a même mis des images pour illustrer tout ça.
Une place royale…
L’histoire de la place de la Concorde est riche. Très riche. Tout commence en 1748, alors qu’un concours est lancé pour créer une nouvelle place en hommage à Louis XV, qui accueillera en son sein une statue à l'effigie du monarque. Ange-Jacques Gabriel, l'architecte sélectionné pour le projet, propose alors d’investir une esplanade vierge entourée d’un fossé, ancien espace marécageux soumis aux aléas de la Seine situé au bout du jardin des Tuileries. L'architecte imagine une place très ouverte, véritable espace de parade, dont la gigantesque statue équestre centrale, qui représente Louis XV et donne son premier nom à la place, sera inaugurée en 1763.
Statue équestre de Louis XV sur la place de la Concorde inaugurée en 1763, René-Jacques Charpentier © Wikimedia Commons
...Au passé sanglant
Mais Louis XV n’est pas le seul roi qui donnera son nom à la place, ni même qui marquera son histoire, bien au contraire. Louis XVI marque la place une première fois, quand 136 personnes y perdent la vie suite à un mouvement de foule pendant la célébration de ses fiançailles avec Marie-Antoinette. Ils y seront d’ailleurs tous les deux décapités à la fin du 19e siècle, à une période pendant laquelle l’esplanade sera nommée « place de la Révolution ». Au total, ce sont 1 119 personnes qui y seront victimes de la guillotine… Suite à cette période noire, elle sera rebaptisée Concorde pendant un court laps de temps, avant de devenir place Louis XVI sous Charles X. Il faudra attendre la Révolution de Juillet 1830 pour qu'elle retrouve définitivement son nom actuel. Dernier roi à y jouer un rôle, Louis-Philippe Ier, qui décide d'y ériger l'Obélisque, afin de faire oublier le passé révolutionnaire de la place...
Exécution de Marie-Antoinette d'Autriche, reine de France, le 16 octobre 1793, musée de la révolution française - Vizille © Wikimedia Commons
Un passé antique...
Mais l’histoire de la place de la Concorde remonte pourtant à bien plus longtemps que ça. Bien avant la construction de la ville elle-même. En effet, depuis 1836, l’esplanade accueille le plus vieux monument de la capitale : l’obélisque de Louxor, commandé au 8e siècle avant J.-C. par Ramsès II pour décorer le temple d’Amon. En 1829, Méhémet Ali, vice-roi d’Égypte, fait cadeau à Charles X des deux obélisques qui ornent l’entrée du temple. Commence alors un périple de 7 ans, qui implique la construction d’un bateau sur mesure, pour rapatrier l’un des deux en France. Il sera érigé quelques mois avant la mort du roi, devenant le plus grand cadran solaire du monde. Ce n’est que 150 ans plus tard, en 1981, que le président François Mitterrand renonce officiellement au deuxième obélisque, qui demeure sur son lieu d’origine.
Érection de l'obélisque de Louxor sur la place de la Concorde, le 25 octobre 1836, François Dubois © Wikimedia Commons
...Et un futur épique
Dans les années qui suivent, la place connaîtra de petits changements, comme l’ajout des deux fontaines, l’ouverture de l’Hôtel de la Marine ou la disparition des fossés, pour répondre aux besoins de la circulation moderne. Mais en 2025, plus de 262 ans après son inauguration, elle s’apprête à connaître une nouvelle transformation massive, pour renouer d’ailleurs avec son aspect d'origine. Pour cela, et selon les plans imaginés par Philippe Prost et son équipe, les fossés devraient faire leur grand retour. De la même manière, la majeure partie de la place devrait être coupée à la circulation, et surtout recouverte d’herbe, dans le but de s’inscrire dans les nouvelles politiques de Paris, à savoir imaginer la ville de demain, en la rendant plus vivable et agréable. Autant vous dire qu’on préfère ça à un retour de la guillotine…
Future vue aérienne de la place de la Concorde après travaux, Philippe Prost, architecte/AAPP © Jeudi Wang © adagp,2025