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L’incendie de Notre-Dame déjà au centre des théories du complot

Publié le 16 avril 2019 à 12h24

Modifié le 16 avril 2019 à 12h45

par Jeanne Gourdon

Une nuit seulement nous sépare de l’incendie qui a ravagé la cathédrale de Notre-Dame de Paris, et déjà les théories du complot fusent sur le net.


Le version officielle ne leur convient pas
et ils ont leurs propres explications des faits, plus farfelues les unes que les autres. Philippe Karsenty, élu de l’opposition à Neuilly, était invité sur le plateau de Fox News hier soir et a été coupé par le présentateur. Pourquoi ? Il a déclaré : « Même si personne n’est mort, c’est un peu le 11 septembre français ». Tout en laissant planer le doute sur une éventuelle piste terroriste. Rappelons que les attentats du 11 Septembre ont fait plus de 3000 morts, le rapprochement était donc un peu malvenu. Le présentateur de Fox News, Shephard Smith l’a interrompu rapidement : « Monsieur, Monsieur, Monsieur. Nous n’allons pas spéculer ici sur les causes que nous ne connaissons pas ». Mais l’élu ne doute pas et poursuit avec un tweet absurde : « Truth will come out » ("la vérité sortira"). Ok.


Ça ne peut qu’être un attentat terroriste, non ?

Les États-Unis ont vite crié à l’attentat islamique. Notamment le polémiste américain Alex Jones, fervent défenseur de l’extrême droite. Il pose la question qui brule les lèvres : « L’incendie de Notre-Dame de Paris est-il un signal de l’emprise du terrorisme islamique en France ? » Oui, mais non. Il est vrai que certains djihadistes se sont réjoui sur les réseaux sociaux, une manne pour les aficionados des théories du complot. Un secrétaire d’État belge à l’Asile et Migrations a déclaré : « Après la destruction par l’État islamique des plus anciens monastères et sanctuaires du christianisme en Syrie, nous risquons de perdre le monument le plus beau et le plus impressionnant d’Europe. Quelle journée noire ! ». YouTube n’a pas aidé puisqu’en première suggestion après les vidéos de l’incendie se trouvait une vidéo des attentat de 2001. Coïncidence ? Je ne crois pas !

Des médias indépendants s’en sont aussi donné à cœur joie, comme le site Riposte Laïque, qui titre carrément "Notre-Dame de Paris en feu : pourquoi un attentat musulman est fort possible" puis continue : « et si c’est un attentat, c’est forcément un attentat musulman. Depuis des mois, chaque jour nos églises sont vandalisées, en toute impunité ou presque ; des Femen qui s’attaquent à Notre-Dame en toute impunité ; tous les politiques se moquent complètement de notre héritage chrétien, de notre patrimoine. Ah ! Ils surveillent les mosquées qui ne risquent rien, mais ils laissent détruire nos monuments les plus chers, quels salauds ! ». On adore. Voici une petite vidéo explicative pour mieux comprendre !


Certains Gilets jaunes se sont un peu égarés

Certains Gilets jaunes ont fait le rapprochement entre l’allocution prévue du Président et l’incendie. Rien n’arrive au hasard. « Il n’y a pas de hasard » peut-on lire sur Facebook. Les administrateurs de pages Facebook dédiées aux Gilets jaunes ont dû bloquer les commentaires devant le flux de théories complotistes et d’insultes à Emmanuel Macron.

Rappelons que pour l'instant la piste criminelle n'est même pas envisagée... l'heure est plutôt à la reconstruction. 

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La série Adolescence sera diffusée dans les collèges et lycées britanniques

Publié hier à 20h00

par Flora Gendrault

Downing Street l’a officiellement annoncé en début de semaine : la mini-série Adolescence, sur toutes les lèvres depuis sa sortie, sera bel et bien diffusée gratuitement dans les collèges et lycées britanniques. Une mesure initiée par le Premier ministre Keir Starmer lui-même, qui avait publiquement pris la parole pour vanter les mérites d’un programme extrêmement bien mené et instructif, soulevant des questions sociétales cruellement d'actualité


Prouesses technique et scénaristique  

Adolescence a beau n’être sortie qu’à la mi-mars, c’est peut-être déjà la meilleure série de l’année. En débarquant sur Netflix, et sans avoir pourtant fait l’objet d’une campagne promotionnelle démesurée, elle a immédiatement reçu un accueil extrêmement favorable de la presse et des spectateur·rices, et ce aux quatre coins du globe. 

Un coup de maître des créateurs, Jack Thorne et Stephen Graham, lesquels sont parvenus à mettre en scène de manière magistrale les causes et conséquences du meurtre de Kathy, adolescente de 13 ans, poignardée à de multiples reprises par Jamie, un camarade de classe du même âge. Le tout en (seulement) quatre épisodes tournés intégralement en plan-séquence, renouvelant ainsi cette technique largement exploitée au cinéma, moins sur le petit écran, autour d’un récit nerveux traitant de thématiques liées à la jeunesse. 


Dénoncer la spirale du masculinisme
 

Ces thématiques, quelles sont-elles ? Le harcèlement scolaire, la construction de genre sur les réseaux sociaux, et notamment la culture "incel", ces hommes involontairement célibataires qui accusent les femmes de les rejeter. Dans Adolescence, en immersion au cœur d’un commissariat, puis d’une école, et enfin d’une maison de famille, on comprend que Jamie (époustouflant Owen Cooper, nouveau prodige du milieu), élevé à la dure, impopulaire, s’est peu à peu enfermé dans la spirale du masculinisme, jusqu’à commettre un féminicide. Une misogynie alimentée par son activité sur Internet, où se créent de nombreuses communautés réactionnaires, séduites par la théorie du 80/20 d’Andrew Tate, selon laquelle 80% des femmes ne seraient attirées que par 20% des hommes. 


De l’ordinateur au Parlement 

Au Royaume-Uni, terre de tournage mais aussi théâtre d’attaques de même nature ces dernières années, Adolescence a connu une résonnance toute particulièrement. Jusqu’à dépasser les frontières de l’écran : la série a ravivé le débat sur l’utilisation des téléphones, mais aussi sur l’éducation, levier essentiel pour déconstruire les idéologies véhiculées sans régulation sur le web. Diffuser Adolescence au palais de Westminster ainsi que dans les collèges et lycées depuis une plateforme partenaire à Netflix, comme l’avaient publiquement encouragé la députée travailliste Anneliese Midgley, puis Keir Starmer, en marque la première étape. 

« C'est une initiative importante pour encourager le plus grand nombre possible d'élèves à regarder le programme », a déclaré le Premier ministre, qui a lui-même vu la série avec ses enfants adolescents, comme 66 millions de personnes en deux semaines sur Netflix. Un record pour une mini-série britannique ! 


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