Va-t-on un jour pouvoir faire un plouf non pas dans le grand bleu, mais dans le cours d’eau marronnasse qui nous sert de fleuve ? En ce début de printemps, la Seine n’a pas fière allure : les pluies à répétition ont provoqué sa crue, lui laissant une bien pauvre apparence, défiant quiconque d’y tremper les pieds. Pourtant, les Jeux Olympiques débutent dans une centaine de jours, et avec eux le déroulement des épreuves de nage libre et de triathlon dans le bassin parisien. Un bassin bel et bien pollué, et pas qu’un peu, comme le révèle l’ONG Surfrider Foundation ce lundi, qui a mis en garde contre l’état « alarmant » des eaux.
🚨🇫🇷🦠 FLASH | À 108 jours des JO de #Paris2024, une nouvelle étude menée par l'ONG Surfrider Foundation a révélé que la Seine n'est toujours pas adaptée à la baignade. Plusieurs prélèvements réalisés ont indiqué la présence de plusieurs bactéries à des niveaux qui dépassent les…
— Cerfia (@CerfiaFR) April 8, 2024
13 mesures sur 14 relèvent des bactéries
Sur les 14 mesures effectuées par l’association au niveau des spots prévus pour les épreuves, 13 se révèlent « au-dessus voire très largement au-dessus » des seuils recommandés pour la baignade. Des résultats peu reluisants qui pourraient compromettre l’organisation des Jeux, au regard surtout du manque d’actions du comité. À la mi-mars déjà, plusieurs sportif·ves, à l’image de la championne brésilienne Ana Marcela Cunha, appelaient à la mise en place d’un plan B en cas d’imprévu. En guise de réponse, le comité avait seulement suggéré de déplacer les épreuves, pas de trouver un lieu alternatif.
La Brésilienne Ana Marcela Cunha, championne olympique en titre de natation en eau libre, a appelé les organisateurs des JO 2024 à élaborer un «plan B» au cas où les épreuves ne pourraient pas se dérouler dans la Seine
— Le Parisien (@le_Parisien) March 7, 2024
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Toutefois, les nouvelles analyses provoqueront peut-être plus de prévenance : réalisées en partenariat avec le laboratoire Eau de Paris, elles montrent des concentrations en E. coli régulièrement supérieures à 2 000 ufc/100 ml et à 500 ufc/100 ml pour les entérocoques, confirmant une contamination fécale. Au regard de la directive européenne "baignade" de 2006 et des barèmes des fédérations de natation et de triathlon, les concentrations de ces deux bactéries ne doivent pas dépasser les 1 000 unités formant colonie (ufc)/100 ml en E. coli et 400 ufc/100 ml en entérocoques.
Plus concrètement, les nageur·ses pourraient être exposé·es à « des pathologies comme la gastro-entérite, la conjonctivite, l’otite ou des problèmes cutanés », alerte auprès de franceinfo Marc Valmassoni, coordinateur de campagne chez l’ONG.
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— Agence de l'eau Adour-Garonne (@Adour_Garonne) July 11, 2022
Marc Valmassoni, Project Manager chez @surfridereurope nous présente le projet CURL, un projet d’évaluation de l’exposition des surfeurs aux#polluants chimiques présents dans l’Océan.#micropolluants pic.twitter.com/NdKHHX7y4w
Trois mois pour dépolluer la Seine
Afin d’empêcher le déversement des eaux usées dans le fleuve, nombre de chantiers sont en cours. Le premier consiste à récupérer les eaux de pluie, qui saturent d’ordinaire les égouts et stations d’épuration pour se retrouver dans la Seine. Ce phénomène avait empêché l’entraînement des épreuves olympiques à l’été 2023. Des bassins, dont le plus gros se situe à Austerliz, sont donc en cours de construction afin de récupérer ce surplus d’eau, ensuite pompé et reversé dans des stations d’épuration. Selon l’ONG toutefois, ce pourrait ne pas être suffisant. Les péniches devraient aussi être raccordées au réseau s’assainissement pour rendre la Seine baignable : sur les 250 à quai, 20 doivent encore s’y soumettre.
Ainsi, le plan baignade de la Ville avance, mais peut-être trop lentement. Reste à voir si la brochette de politiques ayant prévu de tremper l’orteil avant le début des JO 2024, guidée par Emmanuel Macron et Anne Hidalgo, virera de bord après cette nouvelle douche froide.