Législatives : une enquête dévoile les dérapages de Cyril Hanouna

undefined 3 juillet 2024 undefined 19h30

Auriane Camus

Dans la course aux élections législatives, c’est à celui ou celle qui sera le plus fort pour convaincre les Français·es de voter pour son parti. Et si les candidat·es sont les premier·es concerné·es par la campagne électorale, les médias aussi ont leur mot à dire. C’est notamment le cas de Cyril Hanouna, animateur de radio et de télévision dont l’influence sur les électeur·rices, bien que souvent controversée, ne peut être ignorée.

Entre le lundi 17 et le vendredi 28 juin, l’homme de 49 ans a pris les commandes d’une nouvelle émission intitulée On marche sur la tête, diffusée sur Europe 1 toute la semaine de 16h à 18h. Dans une enquête publiée le 29 juin, Le Monde a analysé les quinze heures de direct de l’émission, et le résultat n’est pas très beau à voir. Surreprésentation de l’extrême droite, dizaines de minutes de direct supprimées des replays… Le quotidien accuse le programme de « propagande politique, en pleine période électorale ».


Un manque de « mesure » et « d’honnêteté »

Taillé sur-mesure pour les élections législatives, le rendez-vous quotidien de celui qui se fait appeler “Baba” a finalement baissé le rideau après 10 jours d’antenne, laissant place à Eliot Deval, second de Pascal Praud à l’antenne de CNews. Officiellement, l’objectif du programme de Cyril Hanouna est de « revenir sur l’actualité politique », sans plus de précisions. À une semaine du premier tour des législatives, il apparaît donc évident que le bras droit de Vincent Bolloré invite des candidat·es à débattre sur son plateau. Mais en l’espace de deux semaines, On marche sur la tête a été rappelée deux fois à l’ordre par l’Arcom.

Le 19 juin, il a d’abord été rappelé à la station son obligation « de traiter avec mesure et honnêteté l’actualité électorale » et d’« assurer une pluralité de points de vue ». Le 27 juin, l’Arcom a finalement mis en demeure Europe 1 pour son manque de « mesure » et « d’honnêteté ». En cause, le trop grand nombre d’invités issus de l’extrême droite et un traitement du Nouveau Front populaire fait « de manière systématiquement critique et virulente, en des termes souvent péjoratifs et outranciers ».


Une « émission de propagande politique »

Si l’aversion de Cyril Hanouna pour La France Insoumise et la gauche française n’est plus une surprise – rappelons qu’il avait déclaré vouloir « quitter la France si la France Insoumise arrive au pouvoir » sur le plateau de TPMP le 12 juin dernier –, on peut tout de même lui reprocher son manque d'impartialité dans la campagne électorale en cours.

L’analyse du Monde montre en effet que ce qui est « présenté par la station comme un programme de débat et de décryptage », s’est en fait « transformé en émission de propagande politique ». Selon le décompte du journal, un premier problème se pose, celui du temps de parole de l’animateur, qui occupe plus d’un tiers de l’antenne à lui seul, souvent pour critiquer le Nouveau Front populaire. Bien évidemment, aucune critique n’a été émise à l’encontre du Rassemblement National ou des Républicains.

Sur la question des invité·es, là aussi, ça pêche. Toujours selon l’analyse du Monde, sur les deux premières émissions, l’extrême droite aurait occupé plus de 75% du temps de parole des invité·es, le reste étant attribué à divers invités de droite et à la majorité présidentielle. Pour la gauche, rien du tout. Après le rappel à l’ordre du 19 juin, quelques personnalités de gauche sont passées à l’antenne, mais sur les 10 jours d’émission, ils ne représentent que 11% du temps de parole des invités. Sans compter le nombre ahurissant d'interruptions ou de contradictions dont ils sont la cible.


Des passages supprimés des replays

Mais ce n’est pas tout. Chaque émission est ensuite disponible en replay sur le site d’Europe 1. Sur ce point, Le Monde relève une nouvelle incohérence : plusieurs dizaines de minutes d’antenne ont été supprimées des replays aussitôt les directs terminés. Interrogé par le journal, un cabinet de conseil juridique affirme que ces passages contiennent « des accusations politiques et personnelles pouvant exposer Europe 1 et Cyril Hanouna à des poursuites judiciaires, sur la base de la diffamation et de l’atteinte à la présomption d’innocence », comme l'explique Le Monde.